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Bienne

Une plongée dans la tourmente

La Biennoise d’origine Anna Yva présente son nouveau spectacle dès demain soir au Rennweg 26. Moins humoristique, il aborde, cette fois, la violence conjugale.

«Chaque fois il disait pardon», le nouveau spectacle d’Anna Yva est un crescendo sur le thème de la violence conjugale. Daniela Panozzo

Par Jérôme Burgener

Anna Yva, Annie De Falcis dans le civil, annonce la couleur au spectateur rien qu’avec le titre de son nouveau spectacle, «Chaque fois il disait pardon». «Cela fait plus d’un an et demi que je cogite autour de ce projet. Il est plus lourd et contient bien moins d’humour que mes autres productions», avoue la comédienne.
Anna Yva présente donc sa quatrième production. Les trois premières abordaient déjà les relations et les situations de couples, avec une certaine légèreté et de l’humour.
 
Cette fois-ci, l’auteure prend en main le thème, plus sombre, du pervers narcissique. «Un jour de novembre, une amie, assistante au théâtre du Pommier à Neuchâtel, me propose d’écrire un spectacle et d’aller le proposer au Festival d’Avignon sur la thématique des violences conjugales», explique la Biennoise, désormais établie à Neuchâtel. Sa première réaction fut l’incompréhension:«Je ne vais pas écrire là-dessus, ce n’est pas drôle.»
 
Puis l’idée a fait son chemin. «Je ne sais pas pourquoi, mais dès le lendemain, au réveil, je me suis mise à écrire. Le début de l’histoire reste assez sympathique et drôle. Cela aide à rentrer dans le récit, avant d’aborder les phases plus dures qui surviennent lorsque quelqu’un se comporte de manière abusive», raconte Anna Yva, en insistant sur le fait que son spectacle est éducatif et préventif. 
 
Montée en puissance
Cette nouvelle pièce raconte l’histoire de Lisa, interprétée par Anna Yva, qui n’a d’autre choix que de fuir sa relation toxique. Durant ses aventures, Lisa rencontre une autre femme qui n’a pas forcément eu la bonne réaction. «Je ne veux pas trop en dévoiler sur la trame mais le ton monte crescendo et va jusqu’à aborder le thème du féminicide», raconte l’artiste. Elle complète: «Avec ce spectacle j’espère pouvoir éviter aux femmes de tomber dans des relations violentes. En même temps, je veux parler au nom de toutes celles qui en ont vécu une.»
 
La pièce, loin d’être entièrement autobiographique, reste inspirée par la vie d’Anna Yva: «J’ai vécu une relation toxique qui est allée suffisamment loin pour causer des dégâts, notamment sur l’estime de soi.» En parallèle à sa carrière de comédienne, Anna Yva est coach, spécialiste en amour de soi. Soit l’équilibre entre le narcissisme et la dévalorisation totale, selon la définition de la spécialiste. Les expériences professionnelles d’Anna Yva servent également de matière première pour ses productions artistiques puisque certaines anecdotes qu’elle récolte viennent s’intégrer dans ses spectacles: «On vient généralement me voir pour me parler des trahisons vécues», confie la comédienne.
 
Processus douloureux
L’auteure avoue que le retour sur certains événements s’est avéré douloureux durant le processus créatif:«Mais en même temps, cela a aussi eu un effet thérapeutique. Plus je joue cette pièce et plus j’arrive à prendre mon histoire avec légèreté.» Bien que le thème soit dur, Anna Yva préfère mettre en avant une anecdote positive: «Le plus beau compliment que j’ai reçu vient de l’auteure de ‹Drôle d’oiseau›, Christine Grobéty, présente lors d’une précédente représentation à Pully. Elle m’a dit que j’avais réussi à tout dire, en moins d’une heure, sur le comportement des pervers narcissiques.»
 
Le spectacle «Chaque fois il disait pardon» est présenté demain, jeudi et vendredi, à 20h, au Rennweg 26 de Bienne. La capacité de la salle est limitée à 50 places par soirée.

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