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Bienne

Une sorcière 2.0 explore ses pouvoirs

Deborah Friedli gère «Witch Saloon», une boutique en ligne sur le thème de la magie. La Biennoise, qui propose aussi des «guidances», s’incrit dans une nouvelle tendance.

Deborah Friedli concilie un côté terre-à-terre dans son métier et une approche spirituelle en parallèle. Fred Jorand

Par Maeva Pleines

Les yeux en amande et la voix posée, Deborah Friedli est bien loin de la sorcière traditionnelle au nez crochu et à l’air menaçant. De jour, la Biennoise travaille dans l’informatique au sein d’une entreprise horlogère. Parallèlement, elle explore le monde de l’ésotérisme. «D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai été sensible aux énergies, aux émotions et au monde de l’invisible. J’ai pris un certain temps pour apprivoiser cette sensibilité hors du commun, mais j’accepte désormais que mon côté terre à terre et ma spiritualité cohabitent», profère celle qui est devenue Maître reiki en 2017.
La jeune femme a commencé par proposer ses services de soins énergétiques et de formations en reiki. Puis, souhaitant élargir sa pratique, elle a lancé une boutique en ligne cette année, où elle propose des accessoires en tous genres liés à l’ésotérisme. Sur sa plateforme «Witch saloon», encens, pendules, oracles et calices côtoient une annonce pour des séances de «guidance».
Il s’agit là d’un accompagnement individuel que Deborah Friedli décrit en ces termes: «Je me connecte à une personne pour comprendre ses blocages et ses besoins. Grâce à ce ressenti médiumnique, je recherche des clés pour aider la personne à avancer, tout en gardant son libre arbitre.»
La praticienne tient à cette dernière notion, car elle reconnaît qu’il existe des arnaques dans les domaines touchant aux émotions. «Il est facile de manipuler les gens en jouant sur leurs faiblesses. Malheureusement, ces travers salissent notre image. Personnellement, je souligne que ce n’est pas moi qui guéris: je soutiens simplement la personne sur son chemin de guérison», résume-t-elle, précisant qu’il lui est arrivé de refuser des clients devenant trop dépendant de ses conseils. 
La majorité de ses guidances concernent des questions émotionnelles. D’autres touchent des problèmes physiques ayant parfois une origine psychique. «Dans tous les cas, je ne recommande pas d’abandonner la médecine traditionnelle. J’estime que les approches holistiques peuvent la compléter», assure-t-elle.
Affirmation féministe
Selon Deborah Friedli, le grand public s’intéresse de plus en plus au développement personnel car «les consciences s’éveillent et les gens essaient toujours plus de se comprendre, à l’aide de différentes techniques». La sorcière 2.0 n’a jamais été critiquée par des sceptiques. De fait, les adeptes de l’ésotérisme se multiplient si l’on en croit la vague du hashtag #witch qui cumule quelque 7,6 milliards de vues sur le réseau social Tiktok. 
La Biennoise confirme qu’internet permet de fédérer et d’exporter ces univers. «Le phénomène est déjà très développé en France et en Allemagne. La Suisse s’y met, avec un peu de retard», commente-t-elle. Par ailleurs, le mouvement féministe accompagne la quête spirituelle, puisque le terme «sorcière» y est lié. En effet, se revendiquer en ces termes représente une réaffirmation du pouvoir féminin. «A l’époque les sorcières étaient des guérisseuses. Aujourd’hui, il s’agit de femmes libres et émancipées des diktats sociétaux», conclut Deborah Friedli.

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