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Reconvilier

Une tradition bouillonnante

Reconvilier frétille à l’idée de vivre une nouvelle édition de la Foire de Chaindon. Vouée au cheval et au monde paysan, la manifestation n’a rien perdu de son pouvoir de fascination. Mieux, elle a pris de l’envergure et du prestige au fil des ans

La Foire de Chaindon continue de fasciner.

Rose-Mary Voiblet

Incrusté depuis 884 (première référence écrite) au cœur de la luxuriante verdure de la Vallée de l’or, «…si apaisante à l’âme…» comme l’écrivait Goethe en 1779, Reconvilier s’apprête à lever son rideau de délires sur une nouvelle Foire de Chaindon. Ainsi, d’un bout à l’autre du village, côté cour et côté jardin, l’espace scénique sera comme d’habitude bouillonnant d’agitation ce 1er lundi de septembre. Jouée en ces lieux depuis la nuit des temps, et toujours dans son essence traditionnelle vouée au cheval et au monde paysan, au fil des siècles et des ans, la pièce aura pris de l’envergure et du prestige. Avec le dimanche, maintenant ce sont deux jours de liesse, de rencontres et de retrouvailles, deux jours de business, de découvertes et d’ivresse populaire à partager avec un public de quelque 50000 personnes. Dans les coulisses de la tradition, tous les acteurs de la troupe des «Travailleurs de l’ombre» sont prêts. Car ils le savent, sur ce plateau-là, aucun filage ne leur sera accordé.

«Nous déménagerons avant la foire de Chaindon!» «Il prendra ses vacances après la foire de Chaindon…» Lorsque le ciel se barbouille de grisaille et que les brumes s’accrochent aux montagnes, on dira: «Il fait un temps de Foire de Chaindon!» Jour de référence dans le village et la Vallée, bien avant son arrivée, la vénérable sait se faire ressentir. Ainsi, dans l’ombre et le silence gentiment ses bâtisseurs entrent en scène. En régisseur éclairé et perspicace depuis 25 ans cette année, l’agent de police Bernard Fueg connaît toutes les finesses et les tuyaux de ce scénario bien rodé. Une logistique et un bagage solides qu’il aura partagés et transmis à une dizaine de présidents au cours de son ministère. Conseiller municipal fraîchement élu, Alain Lambiel en sera cette année le nouveau. Au côté du maire Fritz Burger, il portera le titre de metteur en scène. Numérotation sur les trottoirs de l’emplacement individuel des 550 forains, mise en place des premières barrières de sécurité et panneaux de signalisation, ce seront, dès la rentrée d’août, les signes avant-coureurs de la manifestation.

Tandis que de leur côté les paysans faucheront les champs destinés aux parkings, en tondeurs écolos, les moutons brouteront l’herbe du champ de foire. Le décor planté, la semaine précédant la foire, tout s’emballe. Une fois que les BKW ont prélevé le jus sous haute tension, les électriciens de la place le relient aux coffrets principaux qui alimenteront cantines, stands et autres illuminations. Le long des rues, les bancs de bois sont installés. Les manèges débarquent. Chacune et chacun dans son rôle et à sa place, restaurateurs, commerçants et sociétés montent leur toile de paradis. Près de l’école, la sono balbutie ses premières notes. Les trois coups peuvent être frappés! Sous les feux de la rampe demain et lundi, ils seront encore des centaines de stars: cavaliers, débardeurs, speakers, secouristes, pompiers, policiers, contrôleurs, restaurateurs, cuistots, serveurs et serveuses à donner le meilleur d’eux-mêmes. En guise d’applaudissements ce sera, dans le secret des cœurs de tous ces artisans, le sentiment du devoir bien accompli.

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