Une virulence qui dérange

Julie Gaudio

Né à la suite du groupe de dialogue sur la branche Ouest, le groupe de réflexion de l’organisation faîtière de projet Espace Biel/Bienne.Nidau (EBBN) s’est réuni lundi soir pour la troisième fois de son existence (voir ci-dessous). Comme le groupe de dialogue avant lui, celui-ci est constitué d’associations défendant tous les intérêts: la mobilité douce, le trafic motorisé individuel, la protection du climat, etc. Parmi elles, Axe Ouest – pas comme ça! représente la majorité des personnes qui ont combattu le projet initial du contournement autoroutier de Bienne. L’association réunit diverses autres organisations, partageant les mêmes desseins.

Le projet de la branche Ouest, tel que proposé par la Confédération, ayant été annulé, les objectifs ne sont désormais plus les mêmes. «Nous voulions à tout prix empêcher la réalisation du contournement autoroutier avec des jonctions en centre-ville, et étions prêts à la combattre jusqu’au Tribunal fédéral», se souvient Urs Scheuss, membre de la direction de l’Association Transports et Environnement (ATE) du canton de Berne. «Nous avons rejoint Axe Ouest – pas comme ça! pour nous coordonner au niveau stratégique. Le but étant réalisé, nous avons décidé de nous retirer», poursuit-il. L’ATE participe désormais activement dans le nouveau groupe de réflexion d’EBBN, mais indépendamment de l’association des opposants. 

Si l’ATE a bel et bien quitté Axe Ouest – pas comme ça! pour raisons stratégiques, Urs Scheuss confie qu’entre-temps, d’autres motifs sont venus s’ajouter à celles-ci. «Nous trouvons intolérable la manière dont les membres du comité directeur d’Axe Ouest – pas comme ça! s’adressent à la délégation des autorités, qui coordonne le groupe de réflexion, en particulier envers le maire de Bienne, Erich Fehr, et la mairesse de Nidau, Sandra Hess», déclare le représentant de l’ATE du canton de Berne.

Attaques déplaisantes

L’association d’opposants a notamment pris part à la conférence de presse du 1er novembre dernier sans y être invitée, pour demander plus de transparence de la part des autorités. Hervé Roquet et Catherine Duttweiler, membres du comité directeur d’Axe Ouest – pas comme ça!, en avaient profité pour poser des questions à Erich Fehr, Sandra Hess et Christoph Neuhaus, le directeur des Travaux publics et des transports du canton de Berne, venus présenter l’exposition d’EBBN se tenant à la Maison du Peuple à Bienne durant trois jours.

Dans une prise de position commune des associations ATE, Patrimoine suisse, Pro Velo, Mobilité piétonne et Réseau lac de Bienne, celles-ci affirment leur volonté «de participer au groupe de réflexion de manière constructive et critique, sur la base de la confiance et du respect mutuel». Or, «cela est rendu de plus en plus difficile en raison des attaques constantes du comité directeur d’Axe Ouest – pas comme ça! envers les autorités», déclarent-elles.

Du côté de Pro Velo, la décision de quitter l’association d’opposants n’est pas actée, mais elle est sur la table. «Nous en discuterons sûrement début janvier en assemblée générale», glisse Matthias Rutishauser, directeur de Pro Velo Bienne – Seeland – Jura bernois. «Sur le fond, nous sommes d’accord avec Axe Ouest – pas comme ça!, et nous nous battons, comme eux, pour que les mesures à court et moyen termes soient appliquées rapidement. Mais nous ne soutenons pas l’agressivité employée par les membres du comité directeur», complète Matthias Rutishauser.

Pour la bonne cause

Hervé Roquet ne cache pas que lui et ses collègues d’Axe Ouest – pas comme ça! emploient un ton direct et parfois virulent. «Nous l’assumons, car les autorités ne nous disent pas tout et il faut que cela change rapidement», affirme-t-il. «Nous avons eu accès à des documents officiels qui montrent que les autorités semblent avoir déjà pris la décision de réaliser le tunnel du Jura avec un raccordement en zone urbaine comme seule variante possible à long terme. Pour nous, cela va clairement à l’encontre du consensus trouvé à l’issue du processus de dialogue», cite-t-il comme exemple. Dans une interview parue dans le Bieler Tagblatt du 26 novembre, Erich Fehr a démenti ces informations, et assuré qu’un tel projet n’était pas envisagé. «Nous avons osé la confrontation, afin d’être entendus et de pouvoir être constructifs», se félicite Hervé Roquet. 

Avant de prendre toute décision, Pro Velo va demander des précisions à Axe Ouest – pas comme ça!. «Nous attendons du comité directeur la définition d’une position claire et réalisable. Que veulent-ils faire, et surtout, comment?», déclare Matthias Rutishauser. Pour Urs Scheuss, il semblerait qu’Axe Ouest – pas comme ça! «n’ait pas compris que le nouveau groupe de réflexion d’EBBN n’a plus tout à fait les mêmes objectifs que le groupe de dialogue. Il s’agit désormais d’accompagner les décisions politiques, pas de les prendre. Et L’ATE s’y opposera lorsque nécessaire, mais cela n’est pas envisagé pour l’instant», estime-t-il.

De l’avis d’Axe Ouest – pas comme ça!, le groupe de réflexion constitue «le lieu privilégié de la participation de la société civile», déclare Hervé Roquet. «Or, pour participer de manière efficace, il faut que les informations soient transmises de manière transparente et indépendante des autorités», conclut-il. 

Les mesures à court et moyen termes ont été présentées au groupe de réflexion

Lancé au début de cette année, le groupe de réflexion de l’organisation faîtière de projet Espace Biel/Bienne.Nidau (EBBN) s’est réuni lundi soir pour la troisième fois. A cette occasion, la délégation des autorités, présidée par Erich Fehr, le maire de Bienne, et Sandra Hess, la mairesse de Nidau, a présenté les mesures à court et moyen termes visant à améliorer le trafic dans la région. «Durant 80 minutes environ, sous forme de workshop, les associations du groupe de réflexion ont discuté de ces mesures», a expliqué Erich Fehr. «Ils avaient reçu le document avant, et avaient pu l’étudier et préparer leurs questions.»

Sous forme d’un tableau, les autorités ont repris les recommandations de planification formulées par le groupe de dialogue l’an dernier. Celles-ci concernent les modes de transport et d’urbanisme, la mobilité douce et le trafic individuel motorisé à Bienne, et dans les environs. 

A ce propos, Erich Fehr a tenu à rappeler «qu’une recommandation ne donne pas lieu à une mesure, mais à plusieurs». Et celles-ci relèvent de différentes autorités: les programmes d’agglomération, les communes concernées ou le canton de Berne. «EBBN ne donne aucun ordre, mais peut seulement suggérer aux autorités compétentes de réaliser les mesures le plus rapidement possible», a précisé Erich Fehr. Le chargé de communication d’EBBN, Hansjörg Ryser, a également soutenu que «les projets ne se concrétisent pas en un jour, mais que cela prend du temps».

Une exposition réussie

Hansjörg Ryser a en outre profité de la séance d’hier soir pour dresser le bilan de l’exposition «Rendez-vous Espace Biel/Bienne.Nidau». Organisée du lundi 1er au mercredi 3novembre dernier à la Maison du Peuple, à Bienne, celle-ci a enregistré plus de 350entrées. «Notre objectif était de faire connaître davantage les idées développées par EBBN à la population. Et nous estimons que celui-ci a été atteint», s’est félicité Hansjörg Ryser. «Pour le peu de publicité que nous avons eu, et les jours mis à disposition, nous pouvons être satisfaits.»

Encouragés à déposer leurs idées, les citoyens ont réagi positivement à cette sollicitation. «Nous avons reçu beaucoup d’idées, de questions et de remarques», s’est réjoui Hansjörg Ryser. «Celles-ci vont être rassemblées par les experts Han van de Wetering et Fritz Kobi, et listées dans un rapport qui sera fourni à la délégation des autorités et au groupe de réflexion», a-t-il promis.

Pour davantage d’informations: www.espace-bbn.ch/fr