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Médecins soulagés

Vite, un petit vaccin chez le pharmacien

Le parlement a accepté à une écrasante majorité d’autoriser les apothicaires à y aller d’une piqûre ordinaire

La vaccination dans les pharmacies permettra de soulager les médecins. LDD

Pierre-Alain Brenzikofer

Il arrive parfois que les députés aient l’esprit vif. Hier, ils ont en effet presque tous compris que l’assouplissement des conditions de vaccination était dans l’intérêt de la santé publique. Et qu’une libéralisation permettrait de soulager les médecins de premier recours.

Forts de ce qui précède, ils ont joyeusement accepté par 130 voix contre 4 et 7 abstentions une motion de l’agrarien Mathias Müller (Orvin), épaulé dans la circonstance par un flanc-garde des Verts libéraux, le Biennois Nathan Güntensperger. Le Conseil exécutif sera ainsi chargé d’adapter les bases légales pour que les pharmaciens spécialement formés aient l’autorisation de vacciner des adultes en bonne santé sans ordonnance du médecin.

Remarque importante, cette possibilité existe déjà dans divers cantons.

Avec la bénédiction de l’Ours

Le gouvernement, d’ailleurs, proposait d’accepter l’intervention. Il faut ici révéler que la Direction de Philippe Perrenoud prévoit de mener un projet pilote en 2015-2016. Pourront y participer les pharmaciens titulaires d’une autorisation d’exercer du canton, ayant de surcroît effectué la formation complémentaire voulue et travaillent dans une officine dotée de l’infrastructure exigée.

Le projet se limitera à la vaccination contre la grippe saisonnière des personnes de plus de 16 ans en bonne santé. Les expériences récoltées, enfin, permettront de statuer sur l’opportunité d’une adaptation de l’ordonnance sur la santé publique.

Hier, le sujet a visiblement passionné les différents groupes politiques. Comme les radicaux, notamment, qui ont qualifié d’excellent le projet-pilote concernant la grippe. Avec plus de vaccinés, on a moins de malades au boulot, forcément. Les Verts, eux, ont parlé de soulagement pour les médecins tout en s’avouant avides de pouvoir se faire vacciner sans prendre rendez-vous.

«Les enfants ont peur du médecin et de la piqûre, alors que chez le pharmacien, ils reçoivent des Sugus, a essayé de tempérer l’UDF. Nous militons pour un postulat, moins contraignant. Faisons d’abord des expériences! Car une réaction d’allergie à un vaccin est l’affaire de toute une équipe médicale!»

Au nom du PS, la Biennoise Samantha Dunning a relevé qu’avant de modifier les bases légales, il conviendrait déjà d’étudier l’impact d’une telle évolution sur la santé et les coûts: «Surtout, il s’agira de bien former les pharmaciens et de repérer les patients à risques.»
Du côté du Parti bourgeois-démocratique, on ne craint ni l’évolution ni les piqûres: «Il n’y a pas de danger majeur. C’est un peu comme les conducteurs qui doivent suivre un cours de sauvetage.»

Injectionn’est pas vaccination

«On peut s’injecter des anticoagulants à la maison, a renchéri un agrarien. Dans ce contexte, pourquoi un pharmacien ne pourrait-il pas nous vacciner contre les tiques?»

Et toc? Et bien, un prudent lui a rétorqué que le fait de pouvoir se faire soi-même des injections n’était pas un argument: «Un vaccin n’a strictement rien à voir avec une piqûre», a-t-il glissé fissa à l’UDC précité. Ce qui s’appelle une piqûre de rappel, finalement.

Face à une telle déferlante d’enthousiasme, le ministre de la Santé n’a pas eu grand-chose à ajouter. Selon lui, cependant, pareille évolution permettra à la Suisse de combler son retard au niveau de certains vaccins: «Pour la rougeole, nous faisons pale figure. Et je vous dis merci pour la grippe.»

Bon, c’est pas une raison pour tomber malade, hein?

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