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Champoz

A voir, à boire et à manger

Elles et ils sont environ 150, exposantes et exposants, à tenir un stand au Marché d’automne, ce samedi. Parmi ces gens, quelques-uns se distinguent avec une offre originale. Le JdJ en a rencontrés quatre.

Sally Schwab, de Cormoret, sera à Champoz avec ses pyrogravures. Photo MBA

Par Michael Bassin et Dan Steiner

Un marché, d’autant plus annuel qu’hebdomadaire, propose toujours aux visiteurs nombre de produits qui sortent du cadre de l’offre banale des grandes enseignes, dont la production est souvent délocalisée à l’autre bout du monde. Point de transport en cargo de Chine pour les assortiments exposés chaque automne àChampoz. Ou si peu. André Mercerat, le président de la manifestation, ne l’admettrait d’ailleurs pas, lui qui notait la semaine passée (LeJdJ de samedi) qu’il a, cette année, refusé 15 à 20personnes qui ne «correspondaient pas à la philosophie» de son rendez-vous artisanal. Du coup, on est bien certains que chaque stand met à disposition du chaland des objets, des services ou des consommables de nos terroirs. Et comme ces dernières années, LeJdJ est allé à la rencontre des créations qui sortaient le plus de l’ordinaire, sans faire offense à celles et ceux qui distillent de la gentiane, confectionnent des bricelets, sculptent des cuillères en bois ou des bijoux en pierre. Du coup, cette année, place à la gravure sur bois, aux sacs en bâches, aux élixirs au gingembre ou aux objets réalisés grâce à nos anciens... couverts en argent.

Jocelyne et Pascal Froidevaux, objets en couverts d’argent, les Bois

Si vous ne savez pas quoi faire de votre vieille argenterie, mais que celle-ci conserve une valeur sentimentale trop forte pour que vous vous en sépariez, pourquoi ne pas la confier au couple Froidevaux? En plus de lui donner une deuxième jeunesse, les habitants des Bois pourront confectionner, à l’envi, un mobile pour l’extérieur, toute sorte de bougeoirs, un porte-cure-dents, des bijoux ou encore différentes décorations. «Tout le monde nous dit qu’on est trop bon marché, mais il faut qu’une grand-maman puisse acheter des cadeaux à ses petits-enfants, non?» sourit Pascal Froidevaux, ancien artisan dans... le chauffage et les sanitaires. «On fait surtout cela pour notre plaisir et celui des gens», ajoute sa dame, Jocelyne. Les recettes engrangées lors des marchés – surtout de Noël, à LaChaux-de-Fonds ou Saignelégier, par exemple – qu’ils écument depuis quelques années leur permettent de couvrir les frais d’essence ou de repas.

Champoz sera une première pour eux. Si la taille de leur emplacement le permet, ils feront quelques démonstrations. «Car la question classique, c’est: ‹C’est vous qui faites ça?» soupire Jocelyne Froidevaux, ancienne vendeuse, dans le domaine de la vaisselle, justement. Eh bien oui: lui empoigne généralement son marteau en nylon et sa perceuse à colonne, elle insère la fine lame de sa scie à main dans le cuilleron désormais plat et «dessine» un crâne, un animal ou tout autre motif. «Pour plaire, il faut sortir de l’ordinaire.» DSH

Sally Schwab, pyrogravure, Cormoret

Tout a commencé au Noël de ses 10 ans, lorsqu’elle a reçu son premier fer à pyrograver. Cette passion ne l’a plus quittée et la qualité de ses créations illustre de longues années de pratique. L’histoire aurait pu commencer ainsi. Mais, en fait, Sally Schwab s’est mise à la pyrogravure… au printemps dernier seulement. «J’ai toujours beaucoup aimé dessiner et bricoler. J’ai aussi réalisé des sculptures en argile, mais j’ai ensuite mis ça de côté», explique-t-elle. Et puis, un jour, son mari, qui est menuisier, lui propose de réaliser une pyrogravure sur un bahut destiné à la Fête de lutte. C’est la révélation. Un bouquetin, un cerf et un logo plus tard, Sally Schwab avait trouvé sa nouvelle passion. «C’était comme inné», sourit cette maman de deux garçons. Sally Schwab réalise essentiellement des pièces pour décorer les murs, avec un penchant pour illustrer des animaux. «Je suis très attentive à leur expression, à leur regard; je recherche des images qui éveillent en moi des émotions», confie-t-elle. Elle pyrograve aussi sur commande, à partir d’une photo. Son répertoire est vaste, puisqu’elle a aussi déjà exécuté le portrait d’un couple ou un lieu dans la nature. Peu importe le sujet, elle nourrit le même souci du détail en jouant sur le bois avec la chaleur et les embouts de son fer. «J’ai travaillé dans l’horlogerie, ça aide», reconnaît celle qui dit apprécier les défis. «J’ai plein d’idées. J’aimerais notamment réaliser des très grandes pièces, qui habillent tout un mur.» Mais avant cela il y aura Champoz. MBA

Marlène Dominé-Bron, sacs en bâches recyclées, Courchapoix

Evidemment, quand on s’intéresse à l’artisanat de Marlène Dominé-Bron, le concurrent qui vient en tête porte le nom du cinquième jour de la semaine, en allemand. Comme ces deux frères zurichois, désormais mondialement connus, la Jurassienne confectionne portemonnaie, étuis à cigarettes mais surtout sacs en toile de bâche recyclée. Pas forcément de camion, surtout d’anciennes pubs ou banderoles que des copines ou copains lui fournissent. Comme ordre de grandeur, elle estime qu’un grand sac nécessite 1m² de ce matériau. «Les sacs auxquels vous faites référence sont bons, mais tout le monde ne peut pas y mettre leur prix», estime l’habitante du val Terbi. Si un sac lui prend environ quatre heures, entre la découpe, la couture et les finitions, elle le veut accessible à toutes et tous. «Sauf si j’en récupère, que je couds ensuite à l’intérieur, je n’utilise par exemple pas de fermeture éclair.»

Cette passion, elle l’étrenne depuis une quinzaine d’années, dont cinq à Champoz. «J’aime les bâches car j’aime travailler cette matière, la matière en général», avoue celle qui était employée dans le monde du décolletage. Poterie, puzzles en bois ou poupées en... feuilles d’épis de maïs séchées, elle touche à tout, mais ne proposera «que» des sacs, samedi. «Auparavant, je me rendais plutôt sur les marchés de Noël. Mais c’est une course aux cadeaux. Ici, les gens ont davantage le temps de discuter, de s’intéresser.» Elle a le bon sens en bandoulière, Marlène. DSH

Liliane Ballaman, élixir gingembre-citron, La Heutte

Panoramix ne renierait pas l’élixir de Liliane Ballaman. Bon, la citoyenne de La Heutte ne concocte pas son breuvage pour envoyer les Romains au tapis, mais parce que le gingembre regorge de vertus. En dresser la liste serait fastidieux, mais la racine semble fournir de l’énergie, combattre les soucis digestifs ou aider aux problèmes de cholestérol. «Mais chacun est différent», observe notre interlocutrice. On le dit aphrodisiaque? Chacun testera. Férue de produits naturels, Liliane Ballaman connaît bien les propriétés du fameux rhizome. C’est en voyant le prix et en testant les petits shots vendus dans le commerce que lui est venue l’idée de fabriquer sa propre recette. «Ça me donnait de l’énergie. Et, à la gym, des gens ont voulu goûter. Puis une connaissance m’a encouragé à en vendre sur demande», raconte-t-elle. Les époux Ballaman – Monsieur est préposé au pressage des citrons – ont ensuite acquis du matériel permettant d’extraire le jus du gingembre et de presser les fruits sans se faire un claquage. Mais cela reste du boulot artisanal, élaboré dans la cuisine. «Pour 14 litres, il faut compter entre six à huit heures de travail, à deux», estime Madame. Aux deux ingrédients principaux, la cuisinière ajoute une pincée de sucre. «Mais de bouleau ou de la stevia.» Ce concentré se boit de préférence le matin, à jeun, dans un verre d’eau. «Après un repas copieux, on peut aussi en prendre une à deux cuillères, pur.» Se délecter de mille gourmandises à Champoz puis boire un schlouk d’élixir, en voilà un programme tout trouvé! MBA

Mots clés: Champoz, Marché, artisanal

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