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Sécurité

Pour une Via Sicura moins sévère

L’association Stop aux abus de Via Sicura a lancé la collecte de signatures. Bien ancrée en Romandie, elle peine à recruter outre-Sarine.

L’objectif du comité d’initiative est de donner plus de latitude à la justice dans l’application de la loi. Keystone

Pierre-André Sieber

Le comité de l’association Stop aux abus de Via Sicura (Asavs) passe la vitesse supérieure. Fondée en 2014 à Monthey, elle annonçait la mise en route d’une initiative depuis un certain temps. C’est désormais chose faite. Le lancement de l’opération de collecte de signatures, effectué hier à Savigny (VD), a eu lieu en terre romande mais le principal souci des initiants sera de fédérer à leur cause les Alémaniques.

Présidée par Steve Peter, l’Asavs veut rétablir une proportionnalité entre l’infraction commise par un automobiliste et la peine encourue. Des arguments qui portent surtout en Suisse romande dans les milieux proches des automobilistes et des deux-roues. «Nous avons des relais en Suisse alémanique», assure Jean-Luc Addor, conseiller national UDC et membre du comité de l’Asavs. «J’en ai quelques-uns à Berne, auprès de l’Association suisse des motards ainsi que des transporteurs.»

Différence de culture
En matière de répression des infractions touchant la circulation routière, le Valaisan concède qu’il y a une différence de culture avec le voisin alémanique. «Outre-Sarine, plus il y a d’entraves pour les automobilistes et les motards, plus l’on considère que la sécurité est améliorée sur les routes», ajoute Jean-Luc Addor. «Nous avons une certaine peine à y élargir la base de notre comité mais nous y travaillons.»

En Suisse romande, les sanctions sévères engendrées par Via Sicura ont suscité moult réactions. Depuis le 1er  janvier 2013, si un conducteur dépasse de manière importante la vitesse autorisée (au moins 60 km/h sur un tronçon limité à 80, entre autres), il tombe dans la catégorie des «délits de chauffard». Il est alors passible d’un an de prison ferme et de deux ans de suspension de permis au minimum.

Des peines planchers que les défenseurs de l’initiative «Stop aux abus de Via Sicura» veulent revoir: la peine de prison ferme d’un an minimum serait remplacée par une peine de quatre ans au maximum et la suspension de permis serait ramenée de deux ans au minimum à six mois. Ils entendent aussi biffer l’obligation pour l’assureur de se retourner contre le conducteur sanctionné.

«Nous ne voulons pas diminuer les peines plafond mais bien diminuer les peines plancher», explique Gilles-Antoine Hofstetter, avocat du comité d’initiative. «L’objectif est de redonner une marge d’appréciation aux tribunaux et autorités administratives.»

Appréciation réduite
Pour les initiants, on ne sanctionne pas un rodéo routier comme un excès de vitesse sur un bout droit le dimanche après-midi, sur un tronçon où il n’y a pas un chat. «Via Sicura a réduit la marge d’appréciation de manière disproportionnée», s’insurge Jean-Luc Addor. «Le but était à l’origine de sanctionner les chauffards mais, en fin de compte, on voit que c’est Monsieur et Madame Tout-le-monde qui peuvent être visés.»

Et pourquoi l’UDC suisse n’a-t-elle pas fait sien ce cheval de bataille? «Parce que l’initiative concerne trop de monde pour être politisée», affirme le conseiller national. «On ne l’a pas fait approuver par l’UDC Suisse, mais le parti national a au programme la lutte contre Via Sicura. L’UDC Valais est derrière l’initiative. Mes collègues Jean-François Rime et Céline Amaudruz y sont favorables. Nous allons faire en sorte que les sections UDC s’impliquent dans la collecte de paraphes.»

Une fois parue dans la «Feuille fédérale», l’initiative «Stop aux abus de Via Sicura» aura 18 mois pour récolter 100 000 signatures.

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