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Pékin en état de siège avant le congrès du PC

Tout se passe comme si les autorités chinoises voulaient mettre un temps Pékin sous cloche, y geler toute vie pendant la durée du XVIIIe congrès du Parti communiste, qui s'ouvre jeudi.

Lors de ce grand rendez-vous, qui n'arrive qu'une fois par décennie, seront désignés les futurs dirigeants qui régneront sur la Chine jusqu'en 2022. Le moment est hautement sensible, et les mesures de sécurité sont drastiques.

Le développement policier dans la capitale est impressionnant. Le journal Beijing News parle de 1,4 million de personnes déployées dans la métropole de 20 millions d'habitants pour renforcer la sécurité. Internet a été considérablement ralenti, tant les filtres des censeurs doivent se superposer en couches épaisses, ce qui irrite fortement les internautes. Des mots «porte-malheur» - comme «mort» ou «triste» - auraient aussi été bannis des émissions de télévision. Nombre d'opposants ont été «invités» plus ou moins fermement à aller se promener en province pendant quelque temps.

Dans la capitale chinoise, ces mesures de sécurité prennent aussi parfois de baroques et inattendus développements. Les pigeons, que les Pékinois aiment élever sur leurs toits, dans les hutongs des vieux quartiers, doivent impérativement rester dans leurs cages. L'Association pékinoise de colombophilie a annoncé sur internet le report à décembre de deux courses automnales coïncidant avec la tenue du congrès. Est-ce en souvenir de ce moment à la fin des années 1990, quand, dans le sud du pays, des opposants avaient lâché de tels oiseaux avec des slogans inscrits sur des rubans attachés à leurs pattes- Ou a-t-on peur que les volatiles ne soient transformés en bombes ailées- C'est en tout cas cette menace qui vaut à une espèce volante plus mécanisée, les modèles réduits d'hélicoptères ou d'avions, d'être interdite durant toute la période du congrès. Dans les boutiques, les menaçants couteaux de cuisine et même les stylos insolemment pointus doivent être retirés des rayons.

Fenêtres des bus et des taxis condamnées

Le serrage de vis touche aussi les taxis. Des chauffeurs sont contraints de retirer les poignées des fenêtres arrière des véhicules, afin qu'un passager mal intentionné ne puisse lancer des tracts. Quand le dispositif est électrique, il doit être désactivé, même si cela reste très théorique. Dans le même souci, les vitres des autobus dont les lignes passent près de «lieux politiques» doivent elles aussi rester fermées. Les taxis, qui prendraient en charge des gens suspects d'être des pétitionnaires - les citoyens mécontents portant leurs doléances à Pékin -, doivent les conduire directement dans un commissariat. On leur recommande aussi d'éviter les passagers munis de gros sacs. Certains chauffeurs ont reçu l'ordre d'exiger un document signé des passagers qui veulent se rendre dans les parages de la place Tiananmen. Et dans certains quartiers, les commerçants doivent signaler les «étrangers».

Hu Jia, célèbre dissident qui a dû quitter la capitale sous la contrainte, a confié qu'il n'avait jamais vu des mesures de sécurité aussi excessives. A ses yeux, les autorités ont «atteint un nouveau degré de psychose». Le Figaro

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