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hockey sur glace

Robbie Earl, l’enfant du business

Le nouvel atout du HC Bienne est un 100% pur Yankee

Un choix de carrière? Un changement de club? «C’est le business», répond inlassablement l’avenant attaquant américain. Sarah Bittel
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Laurent Kleisl

Un coupé Volvo attend patiemment sa cargaison. Un homme, la soixantaine, sort de l’immeuble adjacent. Il s’apprête à charger un équipement de golf rutilant dans le véhicule immatriculé en Suède. Dans l’appartement plein pied, une dame, même âge, s’affaire avec vigueur. La porte est ouverte. Ding dong. Bonjour, Pär Arlbrandt est-il là? «Non, Monsieur, désolé, il est déjà reparti en Suède. Je peux vous aider?» Souhaitez-lui bonne chance. «Je transmettrai.»

Une expression très chère à Robbie Earl (30 ans) décrit cette scène à la perfection: «C’est le business». Dès que les proches du désormais ancien attaquant scandinave du HC Bienne auront terminé leur labeur, le nouveau renfort américain emménagera. «Pour le moment, avec ma femme et Carter, mon fils de 17 mois, nous logeons dans un bel hôtel au-dessus d’un restaurant.»

L’Hôtel Elite? «Je crois. Nous allons reprendre l’appartement d’Arlbrandt. Il est bien situé?» Le Petit-Marais, quartier résidentiel, verdure, forêt, calme, plein de gamins. «Ça me plaît déjà!»

Amoureux de la Suisse

Arrivé à Bienne tard mercredi soir, Earl a participé hier matin à son premier entraînement à la Tissot Arena. Samedi contre les ZSC Lions, l’ancien attaquant de Färjestad BK est appelé à former un trio nord-américain avec David Moss et Maxime Macenauer. Trois points de suture accrochés à sa joue gauche trahissent sa dernière sortie, samedi passé, en première division suédoise.

«Un cadeau de départ!», sourit-il. «Avec Bienne, on s’est vite mis d’accord sur un contrat d’une saison et demie. L’affaire s’est conclue mardi. Je n’ai finalement pas joué dans la soirée avec Färjestad pour éviter de me blesser. J’étais heureux en Suède, une bonne expérience dans de superbes infrastructures.»  Une séparation à l’amiable? «C’est mon business, je ne préfère pas en parler.»

Cet environnement semble-t-il apprécié ne l’a pourtant pas empêché de partir. «C’est le business. Avec ma femme, nous avons adoré nos trois premières années en Suisse. Nous avons conservé beaucoup d’amis à Rapperswil et à Zoug. Nous nous étions dit que si une opportunité de retourner en LNA m’était offerte, nous la saisirions.»

Trois semaines que le HC Bienne draguait l’affable Earl. En fait, un peu plus. «Nous avions déjà discuté au terme de la saison passée», admet-il. Malgré 47 points en 54 matches, Zoug n’avait pas souhaité le conserver. «J’ai pris beaucoup de plaisir à Zoug, mais c’est le business. Je me suis alors dit qu’il était peut-être temps pour moi de découvrir quelque chose de nouveau.»

Earl est un habitué des changements d’adresse en milieu d’exercice. Zoug et sa Bossard Arena, ils les avaient découverts en novembre 2013, alors qu’il avait lancé sa saison à Rapperswil. Un «Rappi» de LNA dirigé par le Suédois Anders Eldebrink, adepte d’un hockey défensif pas forcément en adéquation avec les qualités du Yankee – vitesse et offensive. «Le coach préférait d’autres gars, c’est le business.» Surprenant.

Enfant de Los Angeles

Le business, l’élément naturel de tout pro états-unien. Ce n’est pourtant pas le business qui l’a amené au hockey, mais son grand-père. «Il est canadien. J’ai grandi avec le hockey, c’est une question de culture», confie Earl.

Un père absent, une mère décédée alors que le petit Robbie n’avait que deux ans, le papy émigré de Toronto dans les années 1950 et son épouse l’ont élevé avec ses deux sœurs aînées à Westchester, un quartier de Los Angeles. «Je suis né à Chicago, mais j’ai pratiquement passé toute ma jeunesse en Californie.»

La suite, un classique américain. D’abord un passage obligé dans l’US National Team Development Program à Ann Arbor (Michigan) avant d’entrer à l’université, celle du Wisconsin en l’occurrence. «J’ai étudié la sociologie», note-t-il. La «socio» et pas le business? «Simplement parce que cela m’intéressait.» Pierre Bourdieu? «Je ne connais pas les sociologues français. Vous avez un bouquin à me prêter?» Par chance, aucun.

Petite parenthèse en NHL

En parallèle à son cursus en sociologie, Earl a remporté le championnat universitaire, le fameux NCAA. Avec lui, l’ex-Biennois Ryan MacMurchy et un certain Joe Pavelski, devenu attaquant vedette des San Jose Sharks.

Le brave Joe, partenaire de ligne d’Earl dans le Wisconsin, se tape aujourd’hui 6 millions de dollars saisonniers. Autre coéquipier, dans le programme de développement américain cette fois, Ryan Suter pointe à 9 millions pour son job de star de la défense du Minnesota Wild.

Robbie, lui, s’est contenté de 47 matches en NHL. «C’est le business, il faut l’accepter», coupe-t-il. «Je suis content de ma carrière, je n’ai pas de regrets. J’ai profité de chaque instant en NHL, c’est un rêve qui se réalisait.»

Rapidement lassé des renvois en ligues mineures, Earl n’a que 26 ans quand il traverse l’Atlantique. En août 2011, il tente sa chance au Dinamo Riga (KHL). Après une semaine de test non-concluant, il s’engage à Salzbourg, en première division autrichienne.

Fin 2011, Arno Del Curto – «Quelqu’un de grand!», dit-il – le convie à la Coupe Spengler. «Cela m’a permis de me faire remarquer en Suisse.» Rapperswil l’enrôle. Puis Zoug. Et maintenant Bienne, avec un contrat portant jusqu’en 2017. «C’est le business.»

 
Entraînement de Robbie Earl avec le HC Bienne

EHC Biel/Bienne: Robbie Earl veut apporter sa puissance et sa vitesse afin d'aider l'équipe à bien finir sa saison.

Posté par Le Journal du Jura sur jeudi 28 janvier 2016

 

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