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Hockey sur glace

Il a le hockey chevillé au corps

Freddy Reinhard entend revenir un jour à la bande

Freddy Reinhard s’accorde une année sabbatique qui lui fait du bien après six saisons trépidantes passées à la tête de la premiére équipe de Saint-Imier. archives Photo ©: Stéphane Gerber

Julien Boegli

Sept mois après qu’un mal sournois l’a considérablement affaibli, Freddy Reinhard (41 ans) va mieux. Depuis cinq semaines, l’ancien entraîneur de Saint-Imier a même retrouvé la pleine possession de ses moyens. «Les médecins m’avaient prévenu qu’il me faudrait entre quatre et six mois pour être complètement remis. Aujourd’hui, je me sens bien», rassure le citoyen de Loveresse.
Freddy Reinhard se réjouit à présent de terminer sereinement une année 2014 qui fut pour lui un vrai calvaire. Sur la glace, d’abord, où il a fallu s’extirper d’une situation très compromise en championnat. Après que son collectif eut sauvé sa peau en play-out, Reinhard a lâché prise physiquement. «J’ai ressenti les premiers signes fin avril», se souvient-il. De violentes poussées de fièvre, de fortes migraines accompagnées de toux: une pneumonie virale aigüe avec des symptômes de méningo-encéphalite lui a alors été diagnostiqué. «Cela m’a mis K.O., j’étais vraiment à plat et mon corps terriblement affaibli. Quand j’ai repris le travail, après quelques temps, c’est mieux allé. Mais j’avais toujours de la fièvre et des pertes de mémoire le soir en rentrant chez moi.»

Un quotidien sans répit

Début juin, et malgré la reconduction, quelques semaines plus tôt, de son contrat à la tête des Bats, l’ancien défenseur du HC Bienne et d’Ajoie devait se rendre à l’évidence: «J’ai décidé de mettre mon entente avec ‹Sainti› entre parenthèses. Cela ne servait à rien de me retaper pendant deux mois et de repartir au ‹taquet› avec la préparation estivale.» Il faut dire que, depuis des années, il vivait à 100 à l’heure. Il est comme ça, Freddy. Sincère et dévoué. Entre son emploi d’inspecteur à la police judiciaire fédérale à Berne et sa passion du hockey dans l’Erguël, il a connu, parfois subi, une cadence infernale. Un quotidien sans répit: diane à 5h, au lit à minuit, au mieux, de septembre à avril. Alors, quand son corps lui a lancé un signal d’alarme, il a logiquement fait le choix de la sagesse.
«Bien sûr, lorsque les entraînements puis la compétition ont repris, ça m’a fait drôle. J’ai toujours vécu au rythme du hockey.» De sa passion, il ne s’en est pas pour autant éloigné. Pas totalement du moins. Il suit assidûment son fils Mattheo (10 ans), qui vient d’intégrer les moskitos top de Bienne. «Ce sont deux sorties par week-end. La glace, je la côtoie donc toujours.» De manière différente, plus détendue. Il s’est même remis à la pratique du hockey. Une pratique ludique, le vendredi soir à Lyss, avec plusieurs anciens partenaires qui ont croisé sa route il y a une vingtaine d’années dans le club seelandais. «On touche quelques pucks. Le niveau est bon et ça me fait du bien», précise-t-il.
S’il vit et voit les choses différemment à présent, Freddy Reinhard n’en a pas pour autant tiré un trait sur sa fonction d’entraîneur. «Je reviendrai à la bande!», clame-t-il d’ailleurs. Car il a le hockey chevillé au corps. «Mes week-ends sont occupés par des sorties ou des soupers entre amis. Avant, je ne connaissais pas ça. Mais à choisir entre un repas convivial ou un match de hockey, je prends le second...»

«Je me laisse du temps»

Freddy Reinhard a toujours des picotements dans le ventre à l’idée de s’imaginer à nouveau coacher. Mais il ne veut rien précipiter. Son retour, il ne l’a pas encore établi précisément. «Je me laisse du temps. Différents arguments devront être pesés. Il y a mes prétentions personnelles et familiales et, de l’autre côté, ma passion du hockey. Je sais aujourd’hui que cette dernière est trop forte pour tirer un trait dessus. Je me lancerai quand ce sera le bon endroit, qu’il y aura une opportunité adéquate. Je me suis toujours vu coacher des adultes, mais je n’exclus pas non plus l’idée de diriger des juniors une année ou deux.»
Et un retour à Saint-Imier, ce club pour qui il a tant donné? Sans exclure totalement cette hypothèse, son discours trahit tout de même une volonté de passer à autre chose, comme si une page importante de son histoire s’était tournée pour de bon. «J’y ai vécu six années exceptionnelles, riches en émotions diverses, avec des hauts et des bas. Il ne faut jamais avoir le moindre regret.» Carpe diem!

«Il y a eu une déconnexion, c’est logique»

Manque de temps

Le HC Saint-Imier connaît un championnat pénible. Une situation somme toute assez similaire à celle vécue il y a un an, mais que Freddy Reinhard suit aujourd’hui d’un regard extérieur. «J’ai conservé quelques contacts avec l’un ou l’autre joueur. Par contre, je n’en ai jamais eus avec mon successeur (réd: Todd Elik). C’est fou. Je pensais avoir plus de temps pour moi, pour assister à des matches notamment, mais je n’ai finalement le temps de rien faire. Je me demande parfois comment cela est possible», soupire-t-il.
Pour le moment, l’ancien boss des Imériens se contente d’observer d’un œil avisé les prestations de son fils Mattheo. «Hormis ses matches, je n’ai assisté qu’à un seul autre», précise celui qui est devenu simple spectateur. C’était un certain Bienne - Fribourg. Ce soir, il ne sera pas du derby de 1re ligue entre Saint-Imier et Moutier. «Mon fiston joue à Porrentruy.» Freddy Reinhard a d’autres priorités désormais. Il n’a d’ailleurs pas vu une seule fois ses anciens protégés à l’œuvre. «Depuis que je ne suis plus dans le vestiaire, il y a eu une déconnexion, c’est logique. Eux vivent leur truc, moi le mien.»
Ce qui ne l’empêche pas de conserver un grand respect pour ce club, qui lui a tant donné durant une demi-douzaine d’années. «Le comité a très bien compris la décision que j’ai prise. D’ailleurs, nous avons toujours été sur la même longueur d’ondes, en tout cas avec une majorité des membres qui le compose. J’ai beaucoup d’égard pour eux, car ils tiennent le club à bout de bras.»
Homme d’émotions, Freddy Reinhard ne peut rester insensible face à la tourmente que vivent ses anciens protégés. «La période actuelle ne doit pas être évidente à vivre. Cette catégorie de jeu exige beaucoup de sacrifices et là, se retrouver à batailler en fond de classement... Je connais la grande partie des gars qui composent cette équipe. Avec le temps, ils ont pris de la bouteille. J’espère que ces joueurs utilisent aujourd’hui l’expérience acquise pour trouver les bons mots dans le vestiaire», conclut-il.

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