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Motocyclisme

Jonathan Rossé a des vues sur le monde

Le spécialiste d’enduro de Court a besoin de concurrence pour continuer à progresser. C'est pourquoi il participe désormais aussi au championnat du monde.

Déjà sacré huit fois champion de Suisse, Jonathan Rossé devrait logiquement ajouter un 9e titre cette saison (photo ldd)

C’est un règne sans partage ni concession. En Suisse, course après course, Jonathan Rossé continue de ne laisser que des miettes à ses adversaires. «Après cinq manches sur neuf, je suis toujours invaincu cette saison. A ce stade, je cumule 21 points d’avance sur mon plus proche concurrent», observe le prodige de l’enduro de Court. Sauf pépin physique ou ennui mécanique, il décrochera bientôt son neuvième titre national – dont un obtenu à ses débuts en amateur et non en élites.

Et cette hégémonie ne devrait pas s’estomper de sitôt. «A la régulière, je suis plus rapide que la concurrence, j’ai une petite marge», concède-t-il modestement. Et les jeunes, alors? «Il y en a quelques-uns qui roulent bien, mais ils ne sont pas encore au niveau qui est le mien. Pour être tout devant en enduro, il faut une certaine expérience», dévoile le pilote de 31ans, qui en connaît un rayon dans le domaine.

Pourtant, Jonathan Rossé est loin d’être lassé par la domination qu’il impose sur le territoire national. Animé par une passion sans limite, le Courtisan trouve du plaisir à chacune de ses sorties. Et il y en a une qui lui tient particulièrement à cœur: celle de Bure, ce week-end des 10 et 11 août. «Ce sont les deux seules manches du championnat de Suisse qui se déroulent en Suisse, et en plus c’est à seulement 45 km de chez moi», trépigne-t-il. Devant sa famille et ses amis qu’il attend en nombre, la fête promet d’être belle. «En plus, mon papa sera aussi au départ dans la catégorie seniors. On a commencé ensemble, c’est vraiment chouette de pouvoir concourir à ses côtés.»

Trois jours à marcher
Sauf surprise, sur la place d’armes de Bure comme ailleurs, Jonathan Rossé montera sur la plus haute du podium. C’est bien, mais il ne saurait s’en contenter. Alors, cette saison, il a décidé de viser plus haut et de ne plus participer au championnat d’Europe, qu’il n’a certes jamais remporté mais lors duquel il avait aussi l’habitude de truster les premières places, pour se concentrer sur le championnat du monde. «Je me suis beaucoup entraîné cet hiver et je vois que je suis encore capable de progresser, même à 31 ans», se réjouit-il. «C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de m’inscrire à quatre manches du championnat du monde.»

Deux d’entre elles ont déjà eu lieu, en mai, au Portugal et en Espagne. «Au Portugal, j’ai passé trois jours à marcher pour reconnaître les spéciales. Mais je me suis bloqué le bassin je ne sais trop quand ni comment. Après divers essais sur la moto, j’ai dû renoncer à prendre le départ. Les douleurs étaient trop vives», raconte-t-il.

Une déception vite évacuée, une semaine plus tard en Espagne. «J’ai pris deux fois la 7e place dans ma catégorie (réd: 250 cm3) et les 20e et 22e rangs au scratch. Des résultats très satisfaisants, même si les fortes chaleurs ont rendu les courses très pénibles.» Son pensum mondial se terminera en septembre, en République tchèque puis en France.

Le top 5 mondial en vue
Mais Jonathan Rossé voit déjà plus loin: en 2020, même s’il n’a pas encore défini son calendrier, il envisage de prendre part à toutes les courses du championnat du monde, et non plus à la moitié comme cette saison. «J’ai envie de me frotter aux meilleurs, de me lancer sur des parcours plus longs, plus intenses. C’est un bon challenge pour moi», déclare-t-il.

Une manière aussi de se maintenir en éveil, de continuer à progresser. «Je ne vais plus faire de grands bonds en avant dans ma carrière, mais je peux encore améliorer de petites choses. Je pense pouvoir viser une place dans le top5 dans ma catégorie au niveau mondial.» Un challenge de taille. A la hauteur de son talent.
 

Pas les mêmes moyens à disposition que les professionnels
Si Jonathan Rossé a décidé de privilégier le championnat du monde au championnat d’Europe cette saison, c’est aussi parce que les courses, c’est paradoxal, se déroulent dans des pays plus proches de la Suisse, à savoir au Portugal, en Espagne, en République tchèque et en France. «Quant aux manches du championnat d’Europe, elles ont lieu cette année en Estonie, en Finlande, en Slovaquie. Ce sont vraiment des gros déplacements, très coûteux, dans des pays moins facilement accessibles», indique le pilote amateur de Court, qui doit composer avec un budget saisonnier de l’ordre de 80 000 à 90 000 francs. «Je suis soutenu par de nombreux entrepreneurs, qui m’aident à couvrir les frais de ma saison, ainsi que par Hostettler, l’importateur de la marque Yamaha en Suisse.»

Sur les courses, pour un pilote privé comme lui, c’est le système D qui prévaut. «Le bus que j’emprunte pour me déplacer est fourni par mon papa (réd: qui possède un garage, à Moutier, dans lequel Jonathan Rossé travaille à temps partiel). Il me sert aussi de lit et de table pour manger. Et, contrairement aux pilotes pros qui font partie d’un team, je m’organise seul, je n’ai pas de mécanicien», précise l’octuple champion de Suisse, qui ne s’en plaint pas. «Lorsqu’on fait tout soi-même sur une course et que le résultat est au rendez-vous, la satisfaction n’en est que plus grande.» Et il sait de quoi il parle, Jonathan Rossé.

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