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Hockey sur glace

La lumière au bout du tunnel

Avec 17 défaites consécutives, le Titan d’Acadie-Bathrust de Noah Delémont a connu le pire début de saison de l’histoire de la LHJMQ. Le défenseur orvinois de 17 ans avoue avoir touché le fond.

Noah Delémont n'a pas vraiment connu les débuts escomptés avec le Titan (photo LDD)

Christian Kobi

Dix-sept matches consécutifs sans victoire. Plus qu’une traversée du désert, une véritable plongée dans le néant intersidéral. Noah Delémont avait beau s’être imaginé tous les scénarios possibles avant de traverser l’Atlantique, celui-là, forcément, il n’y avait pas songé. «On ne peut pas se préparer à perdre 17 parties de suite», soupire l’Orvinois de 17 ans, membre depuis quelque mois du Titan d’Acadie-Bathrust en Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).

Et pourtant. Match après match, soir après soir, la formation du Nouveau-Brunswick s’est enfoncée dans une crise sans précédent. «C’était très pesant», poursuit l’arrière formé au HC Bienne. «Chaque soir, on s’offrait une chance de gagner la rencontre, mais au final, on trouvait toujours un moyen de tout gâcher. Au bout d’un moment, on s’est dit qu’on allait finir la saison avec 68 défaites...» La série s’est finalement arrêtée avant, le 8 novembre, sur la patinoire des Wildcats de Moncton. «C’était un sacré soulagement pour tout le monde», souffle Noah Delémont.

Perte totale de confiance
Cette passe négative n’en est pas moins historique: avec 17 revers, le Titan a effacé des tablettes les Voltigeurs de Drummondville (1989/90) et les Foreurs  de Val d’Or (2008/09), qui avaient tous deux démarré leur saison avec 14 défaites. Dans ce capharnaüm, le No 9 a connu une acclimatation forcément difficile. «J’ai essayé de modifier mon jeu, ce qui m’a complètement crispé», dit-il, guère aidé qu’il a été par le style «à l’ancienne» de son entraîneur, Mario Durocher. «Il aime les gros défenseurs qui balancent le puck dans l’arrondi sans trop réfléchir. Ce n’est pas trop mon truc, ça.»

Pas trop, non. Le style de Noah Delémont, c’est la créativité, l’amour de la rondelle, la recherche d’espaces en zone offensive. «Après 10 matches, j’avais totalement perdu confiance en mes moyens. Je me suis alors dit que ça ne pouvait pas continuer ainsi et je suis revenu à mes fondamentaux», lâche-t-il. De quoi donner encore davantage de cheveux gris à son coach? «Quand ça fonctionne, cela ne lui déplaît pas trop. En revanche, dès que je rate quelque chose, il ne manque pas de me le faire savoir. Mais je me dis que si les dirigeants du club m’ont choisi, c’est pour mon style de jeu, pas pour que je devienne un robot. J’aime prendre des risques, mais ceux-ci sont toujours calculés.»

Un trop-plein au début
Qu’importe le style prôné par son entraîneur, Noah Delémont est bien décidé à tracer sa voie. Et dans cette jeune équipe en reconstruction, l’Orvinois reçoit des responsabilités. «J’en ai peut-être un peu trop eu au début», juge-t-il. «J’étais aligné en power-play, en box-play, je devais m’acclimater à la taille des patinoires. Je n’étais peut-être pas prêt.» Aujourd’hui, après une trentaine de matches – le Titan compte désormais cinq victoires –, il l’est.  «Je sens une amélioration à chaque sortie, il m’a juste fallu un peu plus de temps que prévu.»

Petit à petit, ses performances commencent à éveiller l’attention des recruteurs. Avec deux buts et six assists en 31 rencontres – et un peu brillant bilan de -17 –, l’ex-arrière des juniors-élites du HC Bienne pointe au deuxième rang interne des défenseurs sur le plan offensif. Une petite satisfaction dans un milieu où, plus qu’ailleurs, c’est le royaume du chacun pour soi. «Aujourd’hui, les meilleurs joueurs espèrent être échangés dans une franchise qui va jouer pour le titre. L’équipe risque de se retrouver encore rajeunie ces prochains jours.»

De quoi envisager encore davantage de responsabilités pour lui. «Après avoir touché le fond, je remonte gentiment la pente», résume-t-il. Une pente savonneuse, qui ne pardonne aucun relâchement.
 

«Le premier gros échec de ma carrière»
Trente noms, dont neuf défenseurs. Sélectionneur de l’équipe de Suisse M20, Thierry Paterlini a ratissé large pour la première semaine de préparation en vue des Mondiaux en République tchèque (du 26 décembre au 5 janvier). Mais pas de trace de Noah Delémont. «Je ne vais pas le cacher, c’est une déception. Je pense même que c’est le premier gros échec de ma carrière», lance l’Orvinois, qui se voyait bien s’illustrer lors de ce rendez-vous très prisé des recruteurs de la NHL. «Visiblement, je ne réponds pas aux critères. Je dois l’accepter. Au lieu de cela, je reviens en Suisse lundi pour passer une semaine en famille. Ça va me faire le plus grand bien.»

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