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Escrime

L’ambition délestée d’un lourd fardeau

En mode pause sur le plan sportif, Alexandre Pittet effectue son retour à la compétition ce week-end à l’occasion des championnats de Suisse à Bienne. Il aborde ce rendez-vous sans la moindre pression.

Alexandre Pittet avait souvent tendance à se mettre beaucoup de pression pour atteindre ses objectifs. Un peu trop, même (photo Bizzi Team/Swiss Fencing)

Christian Kobi

Il avait longtemps cru qu’une qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo était à sa portée. Mais au fil des mois et de performances de moins en moins probantes, entre 2019 et 2020, Alexandre Pittet avait dû se rendre à l’évidence: l’équipe de Suisse se sublimait sans lui et le Japon représentait, à ce stade, une terre inaccessible. En septembre dernier, le Biennois de 26 ans décidait de lever le pied, ou l’épée, et de se concentrer sur sa carrière professionnelle.

Depuis la mi-décembre, c’est dans la peau d’un employé à plein temps du cabinet de conseil en stratégie McKinsey & Company qu’il se lève chaque matin. Un nouveau quotidien qui l’enchante au plus haut point. «Je me sens très bien. C’est un super job dans lequel je peux mettre en pratique tout ce que j’ai appris à l’université ces dernières années, ainsi que mon anglais», se félicite l’ancien étudiant de l’Université de Saint-Gall, qui vit et travaille désormais à Zurich.

Dans cette nouvelle vie très active, l’escrime passe au second plan. Son épée, Alexandre Pittet ne l’empoigne plus qu’une fois par semaine, le mardi soir à Zurich avec les membres de l’équipe nationale. Peu mais bien, c’est l’idée. «En ce moment, mon objectif n’est pas de m’améliorer mais d’essayer de maintenir un certain niveau», explique-t-il. En parallèle à cette séance hebdomadaire, le champion d’Europe M23 par équipes – c’était en 2018 – entretient sa forme physique quand il le peut, seul ou avec quelques-uns de ses nouveaux collègues de travail.

Une passion intacte
Pour autant, malgré ce pas en retrait, le membre du Cercle d’escrime de Bienne dit vouer une passion intacte à l’escrime. «Je reste pleinement motivé. Mais étant donné qu’il n’est pas possible de vivre de mon sport en Suisse, je suis convaincu d’avoir pris la bonne décision», relance celui qui s’est donné deux ans, soit pile avant le début d’un nouveau cycle olympique qui doit mener aux JO de Paris en 2024, pour réévaluer la situation. «A ce stade, toutes les options sont ouvertes», assure-t-il.

En attendant, Alexandre Pittet s’apprête à retrouver les joies de la compétition, ce week-end à Bienne, à l’occasion des championnats de Suisse. L’ancien 73e mondial – son meilleur classement, en 2017/18 – s’alignera autant en individuel samedi que par équipes dimanche. Une rentrée qu’il aborde avec un grand relâchement. «Je ne me suis fixé aucun objectif en individuel, si ce n’est celui de prendre du plaisir. On a vu dans le passé que lors de championnats de Suisse, sur un jour, beaucoup de choses peuvent se passer, bonnes ou mauvaises.»

Un bon coup à jouer
Dans les faits, la journée de samedi doit surtout lui permettre de reprendre ses repères avant la compétition par équipes du lendemain, son grand objectif et celui de son club, qui a un titre de vice-champion de Suisse à défendre. «On a vraiment une super équipe cette année, avec de très bons tireurs. Je pense sincèrement qu’on a les moyens de faire un bon résultat», salive le Biennois, dont la dernière apparition officielle remonte à mars 2020. Soit 15 longs mois. «Finalement, durant ce laps de temps, il n’y a eu qu’une seule épreuve de Coupe du monde, en mars à Kazan», rappelle-t-il.

Un rythme international au ralenti qui le conforte dans ses récents choix de vie. Et une manière d’annoncer la couleur: même moins affûté que par le passé, Alexandre Pittet aura un coup à jouer ce week-end sur ses terres. C’est encore plus vrai qu’il aborde ce rendez-vous sans la moindre pression. La même, pesante, qui avait parfois tendance à lui jouer de mauvais tours.
 

Rémy Grosjean fait jouer ses contacts
Un week-end réservé aux messieurs, samedi et dimanche. Un autre dédié aux dames, les 12 et 13 juin. Deux semaines de suite, le Cercle d’escrime de Bienne sera au cœur de l’attention nationale à l’occasion des championnats de Suisse élites, ainsi répartis afin de pouvoir respecter les mesures sanitaires. Aucun spectateur ne sera admis dans les locaux du CEB, à l’Arsenal, où le port du masque sera obligatoire jusqu’au début des matches.

Ces rendez-vous, l’entraîneur principal du club biennois, Rémy Grosjean, les aborde avec son légendaire enthousiasme. «En individuel, je pense que tout est possible pour Charles-Eric Oswald, qui reste sur un bon résultat en Coupe du monde», rappelle le Français. En mars, à Kazan, le Neuchâtelois de 24 ans avait accroché pour la première fois le tableau de 64 d’une manche de Coupe du monde. Mais les meilleurs espoirs sont pour dimanche et l’épeuve par équipes. Vice-championne de Suisse en titre, la formation biennoise tentera de faire aussi bien, si ce n’est mieux, avec Alexandre Pittet, Charles-Eric Oswald, Jordi Soutullo et le Français Hippolyte Bouillot, un ancien champion du monde juniors. «Chaque équipe a droit à un joueur étranger», précise Rémy Grosjean. «Je connais Hyppolyte depuis 15 ans. Même s’il s’entraîne moins, il est encore affûté.»

Le coach français a également fait venir – aussi sans défraiement, assure-t-il – un de ses compatriotes pour renforcer l’équipeB, qui milite au deuxième échelon. Il en a fait de même pour les dames, une catégorie où Vanie Gogniat, 15ans, vivra sa première expérience chez les élites. ck

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