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Athlétisme

Le long chemin du retour vers le sommet

Après sa pause forcée de 2018, Caroline Agnou fait tout pour retrouver le devant de la scène. L’heptathlonienne d’Evilard cherchera à franchir une nouvelle étape lors des Universiades d’été de Naples.

Dimanche, Caroline Agnou s’est testée sur quelques disciplines au Résisprint de La Chaux-de-Fonds. Sans vraiment se rassurer (photo Keystone)

Christian Kobi

Elle évoque une période difficile, parle même d’un échec après une saison 2017 qui fut jusqu’alors la meilleure de sa carrière, avec comme point d’orgue son titre de championne d’Europe M23. Mais durant sa pause forcée d’une année consécutive à sa blessure au genou droit, entre les mois de mars 2018 et 2019, Caroline Agnou admet aussi avoir beaucoup appris. Sur elle-même, sur sa manière de fonctionner en tant que personne et comme athlète. «J’ai appris l’importance de la patience. Et aussi de la communication. Quand ça ne va plus, il faut savoir le dire», commente l’heptathlonienne d’Evilard.

Patience et communication. Mais aussi travail et persévérance. En 12 mois, dans l’adversité, Caroline Agnou a grandi. «J’ai dû me résoudre au fait que, durant cette période, je n’étais plus une athlète. J’ai heureusement pu compter sur le précieux soutien de mes proches», souligne-t-elle sous le regard bienveillant de son père Ousman, l’un de ses deux entraîneurs. Exemptée de ses pratiques quotidiennes pendant plusieurs semaines, l’universitaire est partie à la découverte des choses simples de la vie. «Cela fait longtemps que j’habite à Berne, mais je n’avais jamais effectué la descente de l’Aar à la nage ou en bateau pneumatique», avoue-t-elle. Un impair réparé l’été dernier.     

Vitesse et automatismes
De l’histoire ancienne, déjà. Aujourd’hui libérée de ses douleurs au genou, Caroline Agnou est à nouveau pleinement focalisée sur l’aspect sportif de sa carrière. Fin mai, à Götzis, elle a pu disputer son premier heptathlon depuis les Mondiaux 2017 à Londres, soit 22 mois d’attente et d’incertitude. Les 5852 points réalisés ce jour-là lui ont permis de décrocher sa qualification pour les Universiades de Naples, qui débutent demain (l’heptathlon aura lieu les 11 et 12 juillet). «C’est le plus grand événement auquel je participe depuis mon retour de blessure. J’ai hâte d’y être et de représenter à nouveau la Suisse», se projette celle qui partira ce jeudi pour le sud-ouest de l’Italie.

Même si elle se dit «en forme», la spécialiste des épreuves combinées sait tout le chemin qui lui reste à parcourir pour retrouver son niveau d’antan. Elle doit notamment encore gagner en vitesse et trouver des automatismes avec son nouveau pied d’appel, elle qui s’élance désormais avec la jambe gauche lors des sauts en hauteur et en longueur. Un changement de taille. «Ce fut un long processus, qui s’est avéré difficile au début car j’avais mes habitudes. La sensation n’est pas la même, mais le travail a fini par payer. Et changer de jambe d’appui était la seule solution pour ne plus avoir de douleurs et pouvoir avancer», concède-t-elle. 
 
Pas à pas vers Tokyo
A Naples, sous une chaleur qui s’annonce étouffante, Caroline Agnou s’est fixée pour objectif de s’approcher de la barre des 6000 points. «Avec l’adrénaline de la compétition, elle en est capable», déclare Ousman, qui assure le suivi de sa fille avec l’entraîneur national des épreuves combinées, Hansruedi Kunz. Mais cette barre ne représente qu’une étape vers du mieux, vers du plus lointain. En ligne de mire? Les minima de 6300 points nécessaires à la qualification pour les Mondiaux de Doha, en septembre. «Mais je n’en fais pas une obsession», coupe-t-elle. «Je sais que j’atteindrai à nouveau ce total (réd: son record est à 6330 points), je ne sais juste pas quand.»

Elle est comme ça, la «nouvelle» Caroline Agnou. Sortie de la spirale de blessure dans laquelle elle était embourbée, elle y va désormais pas à pas, savourant chaque instant passé sans douleur. Un test par ci, un petit changement par-là: c’est ainsi qu’elle compte atteindre son grand objectif, la qualification pour les JO de Tokyo en 2020. «Step by step», tempère le papa Ousman.
 

«Cela nécessite une bonne planification»
Ils seront plus de 9000 athlètes venus de 112 pays, dont 79 Suisses, à rejoindre Naples dès demain à l’occasion des 30es Universiades d’été. «C’est un événement qui m’inspire beaucoup», avoue Caroline Agnou, étudiante de troisième année en Sciences de la communication à l’Université de Fribourg. «Je me réjouis des échanges avec toutes ces personnes qui mènent de front des études et une carrière de haut niveau.» L’heptathlonienne est bien placée pour connaître les implications d’une telle charge. «Cela nécessite une bonne planification. Si je ne notais pas tout dans mon natel, je n’y arriverais pas», rigole celle qui vise l’obtention d’un Bachelor à l’été 2020.

A Naples, la délégation suisse visera quatre médailles, soit une de plus que deux ans plus tôt à Taïwan. C’est en athlétisme que les chances de podium semblent les plus grandes, grâce surtout aux relayeuses du 4x100 m, tenantes du titre universitaire. A noter la présence à Naples d’un autre athlète du coin: le Neuchâtelois Charles-Eric Oswald, membre du Cercle d’escrime de Bienne.

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