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Escalade

Le rêve olympique d'Anne-Sophie Koller

La Biennoise participe dès dimanche aux championnats du monde de Hachioji, près de Tokyo. Elle devra y briller si elle espère revenir en 2020 pour les JO.

Depuis mai 2018, Anne-Sophie Koller s’entraîne au nouveau centre national de performance d’escalade sportive de Bienne (photo Swiss Climbing)

Christian Kobi

La décision vient de tomber. Et elle réjouit au plus haut point Anne-Sophie Koller. «L’Université de Berne a accepté ma demande d’année sabbatique. Pendant les 12 prochains mois, je vais pouvoir me consacrer exclusivement à mon sport», s’enthousiasme la Biennoise, qui vient d’achever dans la capitale sa troisième année d’études en médecine. Une année éprouvante qui a laissé des traces. «Entre les études et le sport, c’était vraiment trop pour moi. Je n’ai pas eu le temps de suffisamment récupérer entre les compétitions et j’ai accumulé beaucoup de fatigue, autant physiquement que mentalement», grimace-t-elle.  

Et comme le corps est un appareil qui ne dissimule rien, il a envoyé des signaux à la grimpeuse de 22 ans. Ils ont pris la forme d’une blessure à un talon, l’automne dernier, puis à un genou ce printemps. «Rien de grave toutefois», précise-t-elle, «mais depuis, je dois tout de même renoncer à certains mouvements spécifiques.» Anne-Sophie Koller estime aujourd’hui être à «90%» de sa forme, mais elle constate chaque semaine des améliorations. «Mes examens, qui ont représenté une grosse charge de travail, sont désormais derrière moi. Je peux à nouveau me focaliser sur le sport.»

Avec des résultats qui suivent, eux aussi, une courbe ascendante. Début juillet, à Briançon (32e) puis à Chamonix (20e), la Biennoise a signé ses deux meilleures performances de la saison en Coupe du monde dans sa discipline de prédilection, la difficulté. Elle avait auparavant dû manger son pain noir, ce printemps, souvent reléguée qu’elle a été au-delà de la 60eplace. «Pour moi qui ai fait plusieurs tops 15 la saison dernière en Coupe du monde, ce n’était pas facile à accepter», concède-t-elle. «Cela s’explique par deux facteurs: le premier est que je n’étais pas au mieux de ma forme, le deuxième que la concurrence est beaucoup plus dense aujourd’hui qu’elle ne l’était l’année dernière encore.»

Un centre dans sa ville
Une densification qui s’explique en grande partie par l’approche des JO 2020, où l’escalade fêtera sa grande première. «Depuis que c’est officiel, il y a davantage d’athlètes, d’argent et de sponsors sur les compétitions. C’est devenu plus professionnel aussi, et l’intérêt médiatique a augmenté», constate la double championne de Suisse (en 2015 et 2018) de difficulté, qui se réjouit que cet essor ait aussi un impact positif en Suisse, avec notamment l’inauguration en mai 2018 d’un centre national de performance à Bienne. «C’est vraiment chouette d’avoir une salle de grimpe rien que pour nous, où l’on peut changer les blocs comme on veut, s’entraîner quand on veut. C’est un grand pas en avant.»

A Bienne, Anne-Sophie Koller côtoie trois autres athlètes du «Pool olympique» qui, comme elle, tenteront de se qualifier pour Tokyo 2020. Mais les places sont chères (voir ci-dessus), et le chemin parsemé d’embûches. «Il n’y aura que 20filles qui iront à Tokyo. Il faut être réaliste, ce sera très difficile pour moi d’être de la partie», est-elle consciente.

Plus compliqué en vitesse
Ce d’autant que la formule olympique choisie – le combiné – ne la favorise guère. «En plus de la difficulté, je me débrouille pas trop mal en bloc. En revanche, c’est plus compliqué en vitesse. Ma morphologie ne me permet pas d’avoir suffisamment d’explosivité sur 15m», détaille la Biennoise, qui avait pris la 27e place du combiné l’année dernière lors des Mondiaux à Innsbruck. Soit bien loin du 7e rang nécessaire cette année pour obtenir son billet direct pour les JO2020. «Je vais d’abord me concentrer sur la difficulté, où mon objectif sera d’atteindre les demi-finales (réd: top 26). Ensuite, pour les autres disciplines, je ferai de mon mieux et je prendrai ce qui vient.»

Pour Anne-Sophie Koller comme pour les autres, Hachioji 2019 est à la porte. Pour 2020, c’est une autre histoire.
 

Une première aux JO avec 40 athlètes
Les places seront chères pour participer aux premières compétitions olympiques de l’histoire de l’escalade, en 2020 à Tokyo: seuls 40 athlètes, 20 femmes et 20 hommes, y prendront part, dont deux au maximum par sexe et par nation. Les sept premières places seront attribuées à l’issue du combiné des Mondiaux de Hachioji, qui débutent dimanche et auxquels participent cinq Suisses, dont la Biennoise Anne-Sophie Koller. Six autres seront décernées en novembre lors du tournoi de qualification olympique de Toulouse, qui réunira les grimpeurs sélectionnés sur la base de leurs résultats en Coupe du monde. Sur les sept places restantes, cinq seront attribuées lors des championnats continentaux en 2020. Une autre est d’ores et déjà réservée au Japon, pays organisateur des JO. Enfin, un athlète de chaque sexe bénéficiera d’une wild card.

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