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Hockey sur glace

L’insaisissable conviction du possible

Mené 2-0 en finale de 1re ligue par Franches-Montagnes, le HC Saint-Imier n’a plus le droit à l’erreur. Pour rester en vie, il doit battre une équipe qui trouve toujours un moyen de l’en empêcher.

Frédéric Dorthe (No 39) a beau se démener, le HC Saint-Imier ne trouve pas la solution cette saison face à Franches-Montagnes (photo Stéphane Gerber)

Christian Kobi

La lecture brute des événements, froide et implacable, ne laisse planer aucun doute: avec six victoires en six confrontations cette saison, toutes compétitions confondues, le HC Franches-Montagnes se situe largement au-dessus du HC Saint-Imier, son adversaire en finale des play-off de 1re ligue. Largement? «Disons qu’on savait qu’ils étaient favoris, et cela n’a pas changé depuis le début de cette finale», tempère Frédéric Dorthe, le gardien fribourgeois des Bats.

Pourtant, dans les bouches et dans les têtes imériennes, la conviction qu’il y a quelque chose à faire est grandissante. Surtout depuis samedi soir, depuis qu’ils sont revenus de 0-3 à 2-3, depuis que le HCFM en a momentanément perdu son hockey. «On sait que c’est faisable, qu’il y a un coup à jouer. Mais pour gagner ne serait-ce qu’un match, il nous faudra réussir un exploit», poursuit Frédéric Dorthe.

Jamais plus de deux buts
Un exploit qui passe autant par la discipline – en récoltant quatre pénalités mineures lors des 16 premières minutes samedi, les Bats en ont cruellement manqué – que par la rigueur défensive et l’efficacité offensive. Et si c’est ce dernier point, finalement, qui leur faisait le plus défaut? Lors des six duels face à «Franches» cette saison, «Sainti» n’a jamais inscrit plus de deux buts dans la même partie. Il a même rendu trois fois une fiche vierge! «Il ne nous manque pas grand-chose», répète Frédéric Dorthe. «Jérôme Bonnet n’est pas là, on ne peut rien y changer. Mais il est certain que son apport nous ferait du bien...»

Pas évident en effet de se passer de son meilleur compteur, un homme qui pèse 42 points en 28 matches. «J’ai l’impression qu’on est dans la même situation qu’il y a une année en demi-finales face à Lyss. On était mené 2-0 et on avait arraché une victoire chez eux alors que plus personne ne croyait en nous», se souvient le gardien imérien. Certes, les Bats avaient fini par s’incliner 3-1 dans la série face au futur promu seelandais, mais ils avaient acquis la certitude qu’ils étaient proches de leur adversaire. Comme aujourd’hui.

Ce scénario d’un retour imérien, le HCFM veut évidemment l’éviter à tout prix. «On voit bien que Saint-Imier n’est pas en finale par hasard», complimente Sébastien Hostettler, l’un des piliers de l’équipe du Centre de Loisirs. «On voit aussi qu’ils y croient, qu’ils vont jouer le coup à fond jusqu’au bout et qu’ils ne vont surtout rien nous offrir.»

Ne pas laisser d’espoir
La conviction du possible qui règne dans le vestiaire d’en face, le Biennois ne s’en préoccupe pas. Ni du gros coup de mou qu’a connu son équipe samedi. «Au lieu d’être à 110%, on était peut-être à 100%», estime-t-il. «A 3-0, on s’est dit que ça allait le faire. On a été moins assidus, moins concentrés et on a commis davantage d’erreurs.» Un bon avertissement, juge l’homme aux 715 matches de Ligue nationale.

Ce soir, sur sa glace, le HCFM peut régler définitivement l’affaire et glaner son premier titre depuis 2015. «Une finale, ça se joue aussi dans la tête. A nous de ne pas leur laisser d’espoir, de bien suivre notre plan de match cette fois-ci», poursuit Sébastien Hostettler, qui pourrait ajouter un troisième titre à son palmarès après les deux conquis avec le HC Bienne, en LNB, en 2004 et 2006. «Mais on doit aussi accepter que tout ne sera pas facile, que Saint-Imier va mettre toute son énergie dans la bataille.»

Une dernière fois? Ou le HCSI résoudra-t-il, à sa septième tentative, l’insoluble équation taignonne? Réponse ce mardi soir.
 

La période de réflexion de l’un, la prolongation de l’autre
Continuera, continuera pas? Défenseur du HCFranches-Montagnes depuis deux ans après avoir roulé sa bosse durant 15 saisons en Ligue nationale (Bienne, LaChaux-de-Fonds, Sierre, Ajoie, Red Ice puis retour à La Chaux-de-Fonds), Sébastien Hostettler se tâte. «J’en ai discuté avec les dirigeants à Noël et nous avons convenu de faire le point après la saison. J’aurai sûrement besoin de mes deux semaines de réflexion avant de me prononcer», déclare le Biennois de 35 ans, qui refuse pour l’heure de donner une tendance.

Tout juste précise-t-il qu’il ne poursuivra pas l’aventure avec son club actuel si celui-ci venait à rejoindre la MySports League au terme du présent exercice. «La MySports League, ce n’est pas fait pour les vieux cons comme moi», se marre celui qui travaille à plein temps comme conseiller clientèle dans une succursale d’UBSau Locle. Et qui dit prendre toujours autant de plaisir à enfiler les patins. «Le hockey, c’est toute ma vie! J’ai un plaisir immense à être dans ce vestiaire avec des gars qui apprécient la déconne. Et je sens que j’ai encore le niveau. Si j’arrête, c’est pour de bon, pas pour me retrouver en 2e ligue avec les mêmes contraintes.»

Frédéric Dorthe continuera de penduler
Cette réflexion sur la suite de sa carrière, Frédéric Dorthe pourra s’en faire l’impasse. Le gardien de 33 ans vient en effet de prolonger son contrat avec le HCSaint-Imier pour une saison supplémentaire, la septième déjà. «J’avais d’autres offres de clubs de 1re ligue plus près de chez moi», détaille le Fribourgeois établi près d’Ecublens et qui travaille dans une fiduciaire de l’Arclémanique. «Mais je me plais beaucoup à Saint-Imier et je n’avais aucune envie de changer malgré les nombreux trajets que cela implique. De plus, depuis que je suis là, le club a constamment évolué. Ce n’est pas un hasard si nous nous retrouvons aujourd’hui en finale. Cela a pesé dans ma décision.»

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