Christian Kobi
Trop, c’est trop. C’est la sensation ressentie par Caroline Agnou en fin de saison dernière, celle de son retour à la compétition après avoir soigné une blessure chronique à un genou en 2018. «Ce retour m’a coûté beaucoup d’énergie, autant sur le plan mental que physique», confie l’heptathlonienne d’Evilard. «Au bout d’un moment, j’avais tout donné, je sentais que je n’avais plus de ressources. C’était difficile à vivre.» Vidée de son jus, elle s’était loupée dans deux de ses disciplines de prédilection (le lancer du poids et le saut en longueur) aux championnats de Suisse, fin août, avant de déclarer forfait deux semaines plus tard pour les championnats de Suisse multiples. Trop, c’était définitivement trop.
Et quand le corps ne veut plus, la tête ne manque généralement pas de suivre. «Les deux sont liés. Alors forcément, mes performances en deçà des attentes ont fortement pesé sur ma confiance», avoue l’athlète de Satus Bienne, en manque total de repères et qui a soudainement ressenti le besoin de «mettre la tête et le corps au repos». Et la compétition de côté. Durant plusieurs semaines, la médaillée de bronze des Universiades de Naples, en juillet dernier, a soufflé, elle a respiré, elle s’est ressourcée. «C’était nécessaire, et cela m’a fait le plus grand bien.»
Sous le soleil sud-africain
Cette indispensable parenthèse derrière elle, l’heptathlonienne s’est remise au travail. D’abord sur les hauteurs de Macolin, puis lors d’un camp d’entraînement à Potchefstroom, en Afrique du Sud, entre décembre et mi-janvier. Durant trois semaines, en compagnie de son papa et entraîneur Ousmane et d’autres athlètes suisses, elle a mis l’accent sur sa technique, celle des haies et du saut en hauteur, mais aussi sur les courses en plein air. «J’ai un peu adapté ma vitesse lors des prises d’élan. J’ai fait quelques essais, mais il faudra voir ce que ça donne en compétition.»
Ça tombe bien: la première des compétitions de la saison en salle est à la porte. Elle aura lieu demain et dimanche à Macolin, à l’enseigne du traditionnel meeting de reprise organisé par Bienne Athletics. Caroline Agnou en profitera pour «se tester» sur trois disciplines au moins: le 60m haies, le saut en hauteur, le saut en longueur et peut-être le lancer du poids. «Je ne me fixe aucun objectif précis, si ce n’est celui de voir où j’en suis», déclare-t-elle. «Cela me permettra d’adapter ensuite mes entraînements pour la suite de la saison.»
Une prudence de mise
Une suite de saison dont les contours restent encore flous, du moins pour ce qui concerne la salle. Les championnats de Suisse multiples qui auront lieu dans une semaine, toujours à Macolin? Les championnats de Suisse, à la mi-février à Saint-Gall? Les championnats du monde, à la mi-mars en Chine? Tout ça, l’étudiante en sciences de la communication de 23 ans, qui vise l’obtention d’un Bachelor cet été, n’y pense pas. Pas encore. «Physiquement, je me sens bien, mais je dois encore mettre passablement de choses en place. J’attends de voir ce que ça donne ce week-end avant de me projeter plus loin», indique-t-elle, la prudence solidement accrochée à ses baskets.
Une prudence née de son expérience de l’année dernière. Cette saison-ci, celle qui se clôturera en beauté avec les Jeux olympiques de Toyko et les championnats d’Europe à Paris, Caroline Agnou veut la vivre jusqu’au bout. Elle sait que pour décrocher les 6420 points nécessaires à une qualification olympique – son record se situe à 6330 points –, elle devra atteindre son pic de forme au bon moment. Ni trop tôt, ni trop tard. Cela lui impose une parfaite gestion du timing.
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