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Athlétisme

Réunis comme au bon vieux temps

Au lieu de partir aux Etats-Unis pour un ultime camp d’entraînement avant les Jeux olympiques, Valerie Adams a préféré rejoindre Jean-Pierre Egger à Macolin. Comme une évidence.

A Macolin, ces dix derniers jours, Valerie Adams et Jean-Pierre Egger se sont retrouvés comme s’ils ne s’étaient jamais quittés (Copyright Matthias Käser / Le Journal du Jura)

Christian Kobi 

Un appel. Venu du fond du cœur. Avec toute l’expérience de ses 36 ans, forte de ses deux titres olympiques (2008 et 2012) et d’une médaille d’argent (2016), Valerie Adams a choisi de ne pas l’ignorer. «J’ai senti au plus profond de moi-même que je devais terminer ma préparation avec Jean-Pierre, ici à Macolin»», confie la Néo-Zélandaise, rencontrée en début de semaine sur les hauteurs de Bienne. C’est là qu’elle a peaufiné sa forme ces dix derniers jours, avant de s’envoler ce jeudi pour le Japon. 
 
La lanceuse de poids tenait plus que tout à ses retrouvailles avec «JP», son «JP», celui qu’elle qualifie volontiers de «meilleur entraîneur au monde». Elle n’a pas hésité pour cela à abandonner son habituel groupe d’entraînement – dirigé par Scott Woodmann, le coach du champion du monde 2017 Tom Walsh –, qui a choisi les Etats-Unis comme ultime étape avant Tokyo. Valerie Adams, elle, avait besoin d’autre chose. «On a une connexion vraiment spéciale avec Jean-Pierre. Dans cette dernière phase, je sais qu’il peut m’apporter énormément», appuie-t-elle. 
 
Une question de timing
Valerie et Jean-Pierre, Jean-Pierre et Valerie. Les deux sont aussi indissociables que les doigts d’une main. Ils avaient commencé à travailler ensemble en 2009, avant de connaître tous les succès possibles et imaginables entre 2010 et 2016. L’an dernier, il était prévu que l’imposante athlète (1m96 pour 122 kg) effectue à nouveau toute sa préparation à Macolin, mais la pandémie et le report des JO d’une année en avaient décidé autrement. Ce n’était que partie remise. «Ces dernières semaines, j’ai quand même eu peur de devoir dire à Valerie que je ne pourrais pas m’occuper d’elle cette fois-ci», grimace Jean-Pierre Egger, opéré il y a tout juste un mois.
 
Finalement, le Neuvevillois de bientôt 78 ans, désigné «meilleur entraîneur des 70 dernières années» en décembre 2020, est là. Et bien là. Tantôt assis sur sa chaise, avec sa femme à ses côtés, tantôt debout, il observe, scrute les moins détails, corrige. Son œil de spécialiste se focalise sur les aspects techniques. Le reste, tout le reste, il le laisse à Valerie et à son staff, avec qui il est en contact. «A ce niveau, on travaille sur des millimètres», détaille-t-il. «Il faut que chaque mouvement soit opéré pile au bon moment. Tout ce qui n’est pas fait dans un juste timing pénalise le lancer.»
 
Une suite encore à écrire
En tout, cinq séances sous sa supervision ont été mises sur pied lors des dix derniers jours. Elles doivent amener Valerie Adams dans les meilleures conditions pour ses cinquièmes Jeux, ses premiers en tant que maman. «Pas mal de choses ont changé dans ma vie depuis les derniers JO, en 2016», signale celle qui a donné naissance à une fille en 2017 et à un garçon au printemps 2019. «Dans ce contexte, ma motivation et mon inspiration sont un peu différentes, et je sens que mon corps vieillit aussi. Mais ma combativité et mon agressivité n’ont pas changé. J’ai toujours la même passion.»
 
Et de la passion, à l’évidence, il en fallait une bonne dose pour aller au bout de ce cycle olympique plus long et tourmenté que les précédents, entre blessures, maternités et pandémie. Mais qu’est-ce qui peut bien motiver une athlète qui a tout gagné durant sa carrière à rester en piste dans ces circonstances, à bientôt 37 ans? «Et pourquoi pas?», rétorque-t-elle. «Quand des plus jeunes me demandent pourquoi je n’arrête pas, je leur dis que je me poserai la question quand ils lanceront plus loin que moi. Pour l’instant, j’ai encore de la marge sur beaucoup... J’aime le sport, j’aime ce qu’il me procure, j’aime me sentir compétitive. Et je suis encore plus fière de faire tout ça en tant que mère.»
 
A Tokyo, le 30 juillet, Valerie Adams pénétrera dans l’enceinte du stade olympique avec la quatrième meilleure marque saisonnière (19m75, son record personnel établi en 2011 étant de 21m24). De quoi viser un nouveau podium, voire plus si affinités. La suite? «Ce n’est peut-être pas la dernière fois que je viens à Macolin», susurre-t-elle, le regard (déjà) tourné vers les Jeux du Commonwealth, prévus en juillet 2022 à Birmingham.
 
Le moment venu, le téléphone de «JP», son «JP», risque une nouvelle fois de sonner. 

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