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Coronavirus

Un aller simple pour la maison

Le hockeyeur d’Orvin Noah Delémont et l’athlète de Sonceboz Joceline Wind ont dû mettre précipitamment un terme à leur aventure en Amérique du Nord. Ils ne savent pas si ni quand ils repartiront.

La première saison de Noah Delémont en LHJMQ s'est achevée précipitamment (photo ldd)

Christian Kobi

Leur histoire est celle vécue par des milliers de sportifs à travers le monde. Celle d’une saison qui suivait son cours normalement, celle d’entraînements qui rythmaient un quotidien bien huilé. Et puis, un beau matin, un téléphone qui vibre plus qu’à l’accoutumée, des groupes WhatsApp qui s’emballent. Le début de la fin. «On nous a convoqués en urgence jeudi matin pour nous annoncer que les campus des universités américaines fermaient et que la saison en extérieur était annulée», raconte Joceline Wind, étudiante en première année à l’Université de Boston. «C’est allé tellement vite. Personne ne réalisait vraiment ce qui se passait...»

En possession d’un billet de retour pour le mois de juin, l’athlète de Sonceboz s’active immédiatement. Le risque? Un seul cas positif de coronavirus détecté sur le campus et c’est la mise en quarantaine pour tout le monde. «Je voulais éviter ça à tout prix. J’ai préféré rentrer au plus vite, retrouver ma famille. Ma place est auprès d’elle.» Vernie, la membre de Bienne Athletics parvient à échanger son billet estival contre une place sur un vol Boston – Zurich, vendredi soir. Dans la précipitation, elle fait ses valises, vide sa chambre, salue une dernière fois ses coéquipières, son coach. Pour une plongée dans l’inconnu.

Chambrage de courte durée
Quelques centaines de kilomètres plus au nord, dans le Nouveau-Brunswick canadien, Noah Delémont vit peu ou prou la même situation. «Jeudi matin, on s’est entraîné normalement», se rappelle le défenseur orvinois du Titan d’Acadie-Bathurst. «Puis tout s’est accéléré  dans la journée avec la fermeture de certains lieux publics et la suspension de la saison de LHJMQ. J’ai encore eu un meeting samedi matin, lors duquel on m’a annoncé que je pouvais rentrer en Suisse.» Ce qu’il fait dans la nuit de dimanche à lundi.

Le solde de quatre matches en saison régulière, Noah Delémont ne le disputera pas, quoi qu’il arrive, même si le championnat venait à reprendre ces prochaines semaines. «Comme le club est éliminé de la course aux play-off depuis un bon bout de temps, on a convenu que j’étais libéré de mes obligations pour cette saison», dévoile l’ancien junior du HCBienne, qui avoue que grâce aux contacts réguliers avec sa famille en Suisse, il a pris conscience de la situation plus vite que ses coéquipiers nord-américains. «Au début, ils me chambraient et disaient que les Suisses étaient frileux d’annuler ainsi leur championnat. Et puis, tout le monde s’est rendu compte que c’était la seule issue, au Canada aussi.»  

Au quotidien, que ce soit à Boston ou à Bathurst, Joceline Wind et Noah Delémont décrivent les mêmes scènes. Celles de gens paniqués qui se ruent dans les magasins et dévalisent les rayons de papiers hygiéniques, entre autres. «Aux Etats-Unis, j’ai entendu beaucoup de monde dire que c’était la fin du monde, que nous allions tous tomber malades. C’est un mélange entre de la psychose et de l’incompréhension, car personne ne fait d’effort pour leur expliquer ce qui se passe réellement et la manière de se comporter correctement», constate Joceline Wind, à qui l’on a aussi proposé de se calfeutrer en Californie. «Un ami m’a dit qu’il n’y avait aucun cas là-bas, que c’était à des milliers de kilomètres et que le virus n’irait pas jusque-là.» Lundi, l’état américain comptait près de 400 cas et 11 décès...

Des vacances, et puis...
A Sonceboz, où elle est de retour depuis samedi, Joceline Wind constate que c’est le calme qui prédomine. «Mais cela fait bizarre, car il n’y a personne dans les rues.» Désormais, les cours de l’Université de Boston, c’est à distance et par vidéo qu’elle les suit. Une approche nouvelle. «Certains profs contrôlent notre présence par des quiz», s’amuse-t-elle. «Comme il y a cinq heures de décalage et que la plupart de mes cours étaient le matin, ils ont désormais lieu l’après-midi, sauf le mardi et le jeudi, où ce sera jusqu’à 23h. Mais c’est moins problématique pour moi que pour les nombreux étudiants asiatiques.»

Quant à la question des entraînements, les deux athlètes l’ont réglée, du moins à court terme. «Pour moi, dans l’immédiat, ce sera deux semaines de vacances», narre Noah Delémont. Quant à Joceline Wind, elle entend rester «tranquille au moins une semaine». La suite? «On ne sait pas, c’est l’inconnu!» A Boston, Bathurst, Orvin ou Sonceboz, le monde est logé à la même enseigne.  


Pas encore de décision pour Noah Delémont
Dans une équipe en reconstruction, Noah Delémont (18 ans) s’attendait à vivre une première expérience difficile en Amérique du Nord. Il avait vu juste. Avec 52 défaites en 64 matches disputés jusqu’à l’interruption, le Titan d’Acadie-Bathrust est bon dernier de la Ligue de hockey majeur du Québec (LHJMQ). «Mais on a fait preuve de caractère lors de la deuxième partie de saison», note le défenseur orvinois, dont la courbe de forme a suivi celle de son équipe. «On ne va pas se mentir, cela a été compliqué pour moi au début. J’aime jouer avec le puck, créer des choses, et notre système ne me le permettait pas. Cela a été mieux par la suite, lorsque j’ai repris confiance en moi», analyse l’ancien junior du HC Bienne, auteur de 3 buts et 10 assists cette saison. «J’en attendais plus de moi. Mais cette expérience m’a fait grandir, que ce soit au niveau humain ou du hockey. Je suis devenu plus mature.»

A l’heure actuelle, Noah Delémont ne sait pas encore sous quelle latitude il évoluera la saison prochaine. «Avec le Titan, on va se reparler dans quelques semaines, prendre une décision ensemble. Mon agent va aussi étudier les propositions qui s’offrent à moi en Suisse.» Quid du HC Bienne? «C’est ma priorité en cas de retour en Suisse, mais je ne sais pas si le club compte sur moi. Et à choisir, il est préférable pour moi d’avoir des responsabilités en Swiss League ou ailleurs que d’être septième défenseur en National League.» Assurément.

 

A Boston, Joceline Wind a découvert l’esprit d’équipe
La course à pied, discipline individuelle par excellence. C’était la vision de Joceline Wind (19 ans) avant qu’elle ne rejoigne l’Université de Boston, en fin d’été dernier. «J’y ai découvert le relais et les compétitions par équipes. Cette notion de groupe, cette fierté de défendre les couleurs de ton université, c’est quelque chose que je ne connaissais pas.» Aux Etats-Unis, l’athlète de Bienne Athletics a aussi disputé sa première vraie saison en salle, elle qui se consacrait d’habitude au cross durant les mois hivernaux. Une saison en indoor qu’elle a démarré sur les chapeaux de roues, en battant notamment son record personnel sur 1000 m (en salle et en extérieur), en 2’47’’62. «Par la suite, je me suis blessée à une cheville en travaillant ma mobilité. En fait, j’étais très fatiguée. J’ai connu une période de stress, il y avait un peu trop de choses  en même temps...»

Après des derniers meetings en deçà de ses attentes, Joceline Wind aspire aujourd’hui à du repos. Elle reprendra l’entraînement sous peu. «A Boston, comme la saison en extérieur est annulée, les coaches vont insister sur l’endurance. C’est aussi ce que je vais faire, même s’il n’est pas exclu que je bifurque sur la piste si la saison a lieu en Europe...»

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