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Inline hockey

Une entente forcée pour éviter la rupture

En pétard depuis plusieurs mois au sujet de leur mouvement juniors commun, l’ISH Bienne, les Seelanders et les «Nonante» se parlent à nouveau. Il a fallu d’intenses négociations cet hiver pour y parvenir.

A l’image des minis, tous les juniors biennois ont repris la compétition ce printemps dans une seule et même équipe, l’ISHBienne (photo Urs Friedli)

Christian Kobi

Un jour peut-être, qui sait, les querelles qui agitent le petit monde du inline hockey biennois depuis des lustres feront l’objet d’une série télévisée. Le scénariste n’aura alors qu’à piocher dans un épais catalogue: histoires à gogo, conflits de personnes, dépôt de plaintes, démissions, tout y est. Révélée par les médias du groupe Gassmann l’automne dernier (Le JdJ du 17 novembre), l’existence d’un profond malaise entre les Seelanders et les «Nonante» au sujet de leur mouvement juniors commun, l’ISH Bienne (ISHB), a animé les discussions durant tout l’hiver.

Aujourd’hui, de part et d’autre, on joue la carte de l’apaisement. Le mot d’ordre: oublier et reconstruire sur des bases plus saines. Une sage intention, fruit d’intenses négociations hivernales. Pour restaurer un dialogue rompu depuis des mois, il a fallu des interventions externes, dont celle de la Ville de Bienne. Fin janvier, dans le cadre des discussions sur la future utilisation des halles multisports prévues aux Champs-de-Boujean, les autorités biennoises ont signifié aux deux clubs qu’elles ne reconnaîtraient à l’avenir qu’un seul mouvement juniors, celui de l’ISHB fondé en 2017.

Un Ponti pour un autre
Fini les velléités des Seelanders, qui souhaitaient recréer leur propre section jeunesse. C’est d’ailleurs cette intention qui, l’automne dernier, avait mis le feu aux poudres. Président des Seelanders et membre du comité de l’ISHB, Thierry Stékoffer s’est plié bon gré mal gré à cette décision. «Peu importe le nom de l’entité, ce qui est important c’est que les gens soient revenus autour de la table et discutent à nouveau au sein du comité de l’ISHB», affirme-t-il. Le bien des jeunes est évoqué. «Et à ce niveau, c’est très positif», reprend-il. «Nous comptons davantage de juniors que l’an dernier.» 
        
En parallèle, depuis début mars, les séances du comité de l’ISHB se déroulent à nouveau sans la supervision de la Ville ni de la Fédération suisse de inline hockey. Pour apaiser les tensions, certains ont aussi préféré s’effacer. C’est le cas de Gabriel Ponti, l’emblématique président des «Nonante», à l’origine de la création du club en 1989 suite à des bisbilles sportivo-personnelles aux... Seelanders. Après avoir déjà démissionné en juin 2020 de la coprésidence de l’ISHB qu’il occupait de manière conflictuelle avec Thierry Stékoffer, il a aussi renoncé à son mandat dans la section actifs et seniors et n’occupe désormais plus aucune fonction dans le milieu du inline hockey.

Le flambeau présidentiel a été repris par son fils, Gaël Ponti, qui sera officiellement nommé à la tête de Bienne Skater 90 lors d’une prochaine assemblée générale. Dans la foulée, en février, le club du Sahligut a décidé de quitter la section actifs et seniors de l’ISHB et de reprendre son nom d’origine, Bienne Skater 90. «On se retrouve dans la situation d’avant 2019, avec deux clubs indépendants et un mouvement juniors commun», explique Gaël Ponti, qui refuse de parler de retour en arrière. «Même si les intentions de regrouper les deux clubs étaient réelles à l’époque, tout est allé trop vite. Il y avait de la confusion au sujet des noms, on avait perdu notre identité.»

Les jeunes avant tout
Du côté des Seelanders, on dit comprendre cette démarche. «C’est un pas en arrière pour mieux reconstruire et parler sur des bases plus saines», estime Thierry Stékoffer. Néanmoins, aujourd’hui, les discussions sur une fusion des deux sections actives sont au point mort. Dans les deux camps, on affirme se concentrer sur les jeunes. Et si le dialogue a repris, rien n’est simple, à l’image des comptes 2020 de l’ISHB qui n’ont toujours pas été validés. «Notre vision de l’avenir pour l’ISHB, c’est qu’il y faut de nouvelles têtes», lance Gaël Ponti. «J’ai été élu par l’assemblée il y a 18 mois et je tiens à assumer mon mandat de deux ans», lâche de son côté Thierry Stékoffer.

On le comprend, l’équilibre paraît pour le moins fragile. Mais il a le mérite d’exister. Au vu de la pagaille qui régnait il y a quelques mois encore, c’était loin d’être gagné d’avance. Quant à l’avenir, bien malin qui peut le prédire.

 

En vue des halles, la Ville salue les efforts des deux clubs
L’échéance se rapproche. A la mi-août, la Ville de Bienne dévoilera les contours du projet de complexe multisports prévu aux Champs-de-Boujean, dont le coût est devisé à près de 25millions de francs. Celui-ci prévoit la construction de deux halles dédiées au inline hockey, trois autres à la gymnastique et une dernière à l’escalade. Au bout du processus, le projet devrait être soumis en votation «au premier semestre 2022», communique le Service des sports, qui se félicite de la teneur des discussions menées cet hiver avec les deux clubs de inline hockey biennois, Bienne Seelanders et Bienne Skater 90. «Les deux clubs ont exprimé leur intention de collaborer activement. Nous saluons cet engagement mutuel», écrivent les autorités.

A ce stade, aucune échéance n’a en revanche été fixée pour un regroupement des sections actives des deux entités, présenté comme la condition sine qua non pour l’utilisation de la future halle. «La Ville s’intéresse avant tout à l’avenir de la section juniors afin que les jeunes puissent pratiquer leur sport dans une infrastructure et un environnement adaptés», précise-t-on officiellement.

Du côté des clubs, on est conscient qu’il faudra s’y prendre autrement. «Nous devrons impliquer davantage nos membres que nous ne l’avons fait lorsque nous avons créé l’ISHB», estime Thierry Stékoffer, le président des Seelanders. A Bienne Skater 90, son (futur) homologue Gaël Ponti juge qu’il ne faut pas négliger la question de l’identité. «C’est un aspect sur lequel il faudra se pencher. On ne change pas le nom d’une équipe comme ça du jour au lendemain.» Jusqu’en 2024 ou 2025, jusqu’à l’inauguration prévue du nouveau complexe, un sérieux travail de fond devra être entrepris. A tous les niveaux.

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