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Hockey sur glace

Une figure locale pour (re)lancer Erguël

Après Pascal Stengel, Vincent Paratte est le deuxième entraîneur de l’histoire du club imérien de 2e ligue. Ce Vallonier de 38 ans connaît bien la maison et ne débarque pas en terre inconnue.

Vincent Paratte est prêt à relever le défi à la tête du Erguël HC (photo Stéphane Gerber)

Christian Kobi

Le timbre de sa voix, tranquillisant, presque apaisant, ne laisse rien transparaître. Pourtant, sous ses airs de ne pas y toucher, Vincent Paratte cache un caractère bien trempé. «Je suis quelqu’un de très exigeant, envers moi-même mais aussi envers mes joueurs. J’ai pour habitude de toujours m’investir à fond dans ce que je fais, et j’attends d’eux qu’ils en fassent de même», lance le nouvel homme fort du Erguël HC. Un homme prêt à mouiller sa chemise, au propre comme au figuré. «Durant l’été, je participe à tous les exercices avec les joueurs. Si c’est dur pour eux, ce sera dur pour moi aussi!»

Le décor est planté. Après un lancement difficile, pour ne pas dire franchement raté – 16 défaites en 19 matches, pour une différence de buts de 47-127 et un maintien sur le tapis vert en 2e ligue –, le jeune club imérien a jeté son dévolu sur le Vallonier de 38 ans, qui vit et a toujours vécu à Cormoret. Ceux qui le connaissent un tant soit peu savent à quoi s’en tenir. «Je peux être assez impulsif», convient-il. «Mais s’il m’arrive d’élever la voix, c’est toujours de manière plus ou moins contrôlée. Je le fais avant tout pour motiver le groupe, pas juste pour le plaisir de crier...»

Une première offre refusée
Après quatre exercices sur le banc de Corgémont, en 3e ligue, Vincent Paratte monte d’un échelon. Une trajectoire qu’il aurait déjà pu suivre il y a une année. Mais l’offre du directeur technique du HC Saint-Imier Pascal Stengel – qui avait finalement lui-même occupé le poste d’entraîneur avant de jeter l’éponge ce printemps pour cause de surmenage – arrivait à un moment inopportun. «Je venais tout juste de reprendre mon commerce (réd: il dirige un garage à Sonceboz), cela aurait représenté une surcharge de travail malvenue à ce moment-là», concède l’intéressé.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Ce qui n’a pas empêché Vincent Paratte de réfléchir, un peu, beaucoup même, lorsque la deuxième offre est arrivée sur sa table cet hiver. «Après une longue réflexion, je me suis dit que je serais plus utile à la tête d’une équipe essentiellement composée de jeunes comme Erguël plutôt qu’à Corgémont, où l’effectif est plus expérimenté.» C’est ainsi que l’annonce de son engagement a pu être officialisée le 13 février dernier, en marge d’une rencontre – victorieuse – du HC Saint-Imier en quarts de finale des play-off face à Adelboden. Une bien belle soirée, en résumé.

Une découverte tardive
A la Clientis Arena, Vincent Paratte est loin de débarquer en terre inconnue. Non seulement l’endroit est aussi le lieu de résidence du HCCorgémont, son ancien club, mais c’est aussi là qu’il entraîne depuis une dizaine d’années les gardiens du mouvement juniors du HCSaint-Imier. «J’ai toujours aimé travailler avec les jeunes. Avec Erguël, dans ce domaine, je serai servi et j’en suis ravi», apprécie l’ancien gardien de Cortébert, Saint-Imier II, Corgémont et Franches-Montagnes II (des clubs s’ébattant entre la 2e et la 4e ligue), qui a mis fin à sa carrière en 2016.

Une carrière démarrée sur le tard, à l’âge de 25 ans, avec une première expérience avec La Suze, en ligue sauvage. Auparavant, c’est au FC Villeret (4e ligue) que ce père d’un petit garçon de deux ans et demi faisait valoir ses talents de gardien. «Même quand je faisais du foot, j’ai toujours été passionné par le hockey. Il m’a juste fallu un certain temps pour franchir le pas et m’y mettre moi aussi», déclare celui qui se dit impatient de démarrer son aventure sur le banc erguëlien.

Un beau challenge à relever
A ce stade, la peur de revivre un exercice aussi catastrophique que le précédent ne le préoccupe pas plus que cela. «On sait que ce sera à nouveau une saison difficile, mais il ne faut pas oublier que nous ne sommes qu’au tout début du projet», déclare-t-il. «Un club ne se crée pas en deux ans, il faut du temps et nous allons le prendre. Ce qui s’offre à nous, c’est surtout un très beau challenge!»

Un challenge pour lequel Vincent Paratte est prêt à mouiller sa chemise. Et à élever la voix, aussi, lorsqu’il le faudra. Voilà qui promet!


Davantage d’entraînements et un contingent plus large

Une structure pyramidale avec, tout en haut, le HCSaint-Imier (1re ligue), juste en dessous le Erguël HC (2e ligue), puis le HC Corgémont (3e ligue) et enfin le HC Cortébert (4e ligue): tel est le projet à la base de la naissance du Erguël HC l’année dernière. Un projet qui enthousiasme Vincent Paratte.

«Ce partenariat à large échelle permet de trouver la catégorie de jeu la plus adéquate pour chaque joueur, éviter que certains arrêtent le hockey parce qu’ils ne trouvent pas leur place ou tout simplement aillent voir ailleurs. Erguël, c’est un peu les Ticino Rockets du vallon de Saint-Imier», lance le coach, pour qui les mauvais résultats de la saison dernière ne sont pas le fruit du hasard. «Le projet avait été lancé un peu à la va-vite, il est normal qu’il y ait eu quelques ratés au début. Pour moi, la saison 2020/21 sera celle du vrai lancement du Erguël HC.»

Des perspectives à offrir
Pour éviter de rester scotcher à la dernière place du classement, Vincent Paratte va apporter quelques changements par rapport à son prédécesseur, Pascal Stengel. Premièrement, il fera passer le nombre de séances d’entraînement hebdomadaires d’une à deux, autant pour la préparation estivale qui vient de démarrer en petits groupes que durant l’hiver. «C’est essentiel si on veut pouvoir régater à ce niveau», dit-il.

Deuxièmement, il compte s’appuyer sur un contingent plus large que celui, souvent rachitique, de la saison dernière. «Je préférerai toujours démarrer un match avec 15 joueurs plutôt que huit, même si certains sont encore un peu justes pour la 2e ligue», souffle-t-il. Plusieurs éléments qu’il avait sous son aile la saison dernière à Corgémont obtiendront ainsi un essai à l’étage supérieur. «Nous aurons un contingent assez élastique, il faudra s’y faire et s’adapter.»

Quant aux problèmes financiers qui touchent le HCSI, ils n’inquiètent pas directement Vincent Paratte. «Erguël n’a pas un grand train de vie, car nous misons essentiellement sur des jeunes de la région à qui nous offrons des perspectives. C’est d’ailleurs là l’essence même de notre projet.»

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