Vous êtes ici

Abo

Course à pied

Une mue en accéléré

Nouvelle zone de départ et d’arrivée sur l’Esplanade, création d’un village, nouvelles courses à l’étude: les 100 Km de Bienne vivent à l’heure du changement. Le point avec le directeur général Fränk Hofer.

Fränk Hofer pose sur la nouvelle zone de départ et d'arrivée des 100 Km (Copyright Nico Kobel / Le Journal du Jura)

Christian Kobi

Fini la zone de départ et d’arrivée coincée entre deux barrières à la rue Centrale, les stands d’inscription et de retrait des dossards à l’étroit sur le parvis du Palais des Congrès: désormais, les Courses de Bienne, qui débutent ce soir avec les Kids Run, prennent leurs aises sur la place de l’Esplanade. L’objectif? Créer un village centralisé où participants et spectateurs peuvent circuler plus librement, tout en étant les uns et les autres au cœur de l’action. Mais pour espérer attirer davantage de monde, les organisateurs devront prendre d’autres mesures. Le directeur général des Courses de Bienne, Fränk Hofer, nous dit comment ils comptent y parvenir.

Fränk Hofer, vous avez aménagé le nouveau village des Courses de Bienne sur l’Esplanade. Pourquoi là et pas ailleurs?
A Bienne, il existe trois lieux capables d’accueillir une manifestation comme la nôtre: la Tissot Arena, le centre-ville et le bord du lac. Et de notre point de vue, le centre-ville est l’endroit idéal pour nous à l’heure actuelle. C’est là que nous voulons développer notre manifestation.

L’un de vos objectifs est d’attirer davantage de spectateurs dans le village. Mais aujourd’hui, entre les derniers départs vendredi à 23h et les premières arrivées samedi à 5h du matin, il ne se passe rien à Bienne…
Effectivement, et c’est peut-être la réflexion la plus importante que nous avons à mener. On parle souvent de la «Nuit des nuits» pour évoquer les 100Km, mais à Bienne elle se termine déjà à 23h et le matin, il n’y a plus grand monde pour accueillir les premiers coureurs. Nous devons trouver des solutions pour y remédier.

Quelles sont les pistes?
Pour attirer les gens, il faut leur proposer quelque chose d’unique, que ce soit au niveau culturel ou sportif. Sur ce dernier plan, nous envisageons par exemple d’ajouter une course de 5km dont le départ serait donné à minuit ou 1h du matin et qui passerait par la vieille ville. Une autre idée consisterait en une course de 10km sur un parcours encore plus unique à Bienne et dans les environs. Nous sommes en train d’étudier différentes possibilités avec les autorités.

Vous vous dirigez donc vers des plus courtes distances?
Oui, car il y a une demande de plus en plus forte pour ce genre de courses. C’est une tendance nette que nous constatons, aussi bien en Suisse qu’à l’étranger.

Vous voulez ajouter des courses. Est-il question d’en supprimer d’autres?
Non, ce n’est pas à l’ordre du jour. Mais nous réfléchissons à d’autres choses, comme de proposer une autre course sur le parcours des 100Km, non pas à pied mais à vélo. Aujourd’hui, les vélos dits de gravel, qui sont à mi-chemin entre les vélos de course et ceux de  cyclocross, sont de plus en plus à la mode. Cela serait une course unique, de nuit, sur un parcours mythique. Mais nous devons vraiment bien réfléchir à toutes ces options, car les bénévoles seraient encore plus sollicités, sur des périodes encore plus longues.

Parmi toutes les pistes évoquées, laquelle a le plus de chances d’aboutir? Et quand?
Nous avons la volonté d’introduire une course additionnelle l’année prochaine déjà. Mais nous ne savons pas encore laquelle. Cela dépendra notamment des autorisations que nous recevrons ou pas.

Toutes ces offres permettraient certes d’attirer plus de monde sur l’Esplanade. Mais qu’en est-il des 100 Km?
Pour nous, il est clair que les 100 Km doivent rester l’épreuve phare de notre manifestation. C’est ce qui nous différencie des courses qui se déroulent ailleurs, ce qui nous rend unique. Notre volonté est vraiment de renforcer la participation aux 100 Km, ce que nous avons fait cette année en concluant un partenariat avec une autre course de la même distance en Allemagne.  Un classement sera établi entre les deux épreuves, ce qui crée un challenge supplémentaire.

Vous n’allez donc pas toucher à la course des 100 Km. Mais quid du parcours?
C’est une question qui suscite toujours des réactions très émotionnelles. Mais il ne faut pas oublier que le parcours a déjà été modifié, la dernière fois lorsque nous avons quitté les Champs-de-Boujean pour le centre-ville. Au sein du comité d’organisation, nous n’avons pas peur d’en parler. Notre boulot est d’assurer la pérennité des 100 Km, à deux conditions claires et indiscutables: la course doit continuer d’avoir lieu de nuit et se dérouler sur un parcours en boucle. Mais si d’autres parcours que l’actuel nous permettent d’attirer davantage de participants, nous devons les envisager.

Et ces parcours, ils existent?
Oui, certainement. Mais pour l’heure,  ce ne sont que des réflexions, il n’y a absolument rien de concret de notre côté. Le trajet des 100 Km ne va pas changer ces prochaines années. Ce dont je vous parle, c’est du plus long terme.

Vous parlez d’attirer davantage de participants: il y en avait plus de 4000 dans les meilleures années, un petit millier seulement aujourd’hui. Quel est votre objectif à long terme?
Pour assurer la survie de l’épreuve, il nous faut à peu près 1000 participants en individuel et 2000 en tout en comptant les estafettes. En dessous, le travail que cela implique est disproportionné.

Quelles sont les prévisions pour cette année?
Nous devrions être pile dans les chiffres indiqués. Pour l’heure, les inscriptions sont en baisse d’environ 15% par rapport à 2018, qui était une édition anniversaire. Nous avions tablé sur une baisse de 20%.

Et pour la suite, comment escomptez-vous augmenter le nombre de participants?
Nous avons déjà conclu un partenariat avec une course allemande, qui attirera sûrement quelques personnes supplémentaires. Et nous envisageons d’en faire de même avec des épreuves italiennes, un pays où le marché de la course à pied se développe bien.

En revanche, les  Courses de Bienne conservent une image alémanique qui n’attire pas les Romands, de la région ou d’ailleurs.
C’est vrai. Pourtant, nous traduisons tout et nous faisons beaucoup de publicité en français sur les réseaux sociaux. Nous avons vraiment essayé de pousser du côté de la Suisse romande cette année, mais c’est resté sans effet. C’est peut-être de notre faute, je ne sais pas. Je peine à me l’expliquer.

Le recrutement d’un ou deux Romands dans un comité 100% alémanique pour remplacer les trois sortants pourrait vous aider à y remédier, non?
En effet, c’est une mesure que je saluerais. Mais les volontaires ne courent généralement pas les rues. S’il y en a, je les invite à s’approcher de nous au plus vite pour en discuter.
 

Pour sa dernière dans l’organisation, Jakob Etter va... courir!
Il a marqué l’histoire récente des Courses de Bienne: après 12 ans passés à la présidence du comité d’organisation, puis les deux dernières en tant que responsable du secteur sécurité et durabilité. Jakob Etter tirera sa révérence au terme de la 61e édition, ce week-end. «Je le fais sans aucun mauvais sentiment», assure le Seelandais de 65 ans.

Pourtant, à la fin de l’année dernière, des divergences sont apparues au grand jour entre lui et la nouvelle organisation des Courses de Bienne, présidée depuis 2018 par le Biennois Martin Reber. Elles ont précipité la démission de l’ancien homme fort des 100 Km, qui refuse aujourd’hui de jeter de l’huile sur le feu. «Je suis très content qu’une équipe très professionnelle ait repris le flambeau. Elle travaille dans la même direction que ce qui a été fait ces dernières années, tout en apportant des touches novatrices comme l’abandon du papier au profit de l’électronique ou l’usage de vaisselle réutilisable. Avec elle, l’avenir des Courses de Bienne est assuré», déclare, visiblement convaincu, un Jakob Etter qui profitera de son dernier mandat pour s’offrir un petit plaisir: courir l’ultra-marathon de 56 km entre Bienne et Kirchberg. «Je ne l’ai encore jamais fait, je me réjouis», lâche celui qui compte à son palmarès 10 participations aux 100Km de Bienne. «Mais c’était avant mes années de présidence. Pendant, je n’aurais pas eu le temps. Mais j’effectuais quand même le parcours chaque année, pour moi, deux semaines avant tout le monde...»

Le départ de Jakob Etter du comité d’organisation n’est pas le seul, puisque Susanne Lauper (organisation de la course) et Daniel Peter (infrastructure de départ et d’arrivée) ont aussi rendu leur tablier. Leurs successeurs n’ont à ce jour pas encore été nommés.

Articles correspondant: Sport régional »