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Athlétisme

Caroline Agnou a dû tout reconstruire

De retour de blessure, l’athlète d’Evilard veut se tester ce week-end aux championnats de Suisse

Caroline Agnou en lice ce week-end au Bout du Monde. (Archives: © Adrian Streun / Journal du Jura)

Laurent Schaffner

Le timbre de voix se veut calme et serein, résolument tourné vers un avenir des plus prometteurs. La posture posée de Caroline Agnou ne parvient toutefois pas à dissimuler une nouvelle prudence, comme si elle reprenait le volant pour la première fois après un accident de voiture.
C’est qu’à 17 ans seulement, l’athlète d’Evilard vient de connaître pour la deuxième fois les affres des douleurs sournoises et du repos forcé. «J’ai été blessée de février à mai en raison d’une inflammation à mon pied gauche», glisse-t-elle, de manière quelque peu laconique. «Ce fut une période difficile, car on ne savait pas ce que j’avais et, du coup, on ne savait pas comment je pouvais m’entraîner. Au début, dans l’attente d’en savoir plus sur ma blessure, je ne m’entraînais tout simplement pas.»

Saison tronquée et plans bouleversés
C’est là, dans les doutes engendrés par l’incertitude du retour, que réside toute la cruauté de ce genre de maux insidieux. Et puis, pour la gymnasienne, il y a également le renoncement nécessaire à certains objectifs clés du début de saison. «Je voulais me qualifier pour les championnats du monde juniors à Donetsk», souffle-t-elle. «J’étais triste de ne pas pouvoir défendre mes chances, car je savais que j’avais les qualités pour me qualifier en Ukraine.»
Tronquée, la saison de Caroline Agnou a contraint celle-ci à bouleverser ses plans, tant du point de vue de l’approche de l’entraînement que de la redéfinition des objectifs. «On a dû tout reconstruire», résume-t-elle, dans un soupçon d’amertume. «Désormais, on fait attention avec les muscles et on observe des pauses entre les entraînements. Et puis, il s’agit d’une expérience et il convient d’apprendre de celle-ci.»
Cet apprentissage se poursuit aussi à travers la reprise de la compétition, il y a seulement une semaine à Bâle chez les actifs. «J’étais en lice dans les disciplines du saut en hauteur et du javelot», dévoile-t-elle. Forcément, il s’agissait pour l’athlète d’Evilard de goûter à nouveau à l’intensité de la compétition sans pression de résultat. «C’était un test, mais c’est moyennement allé», confesse-t-elle, perfectionniste, alors qu’elle s’est tout de même classée au 6e rang du concours du javelot. «Il manque encore un petit quelque chose.»
Adapter ses attentes au contexte encore difficile du moment, voilà ce à quoi Caroline Agnou devra une nouvelle fois s’atteler vendredi et samedi aux championnats de Suisse actifs à Lucerne. «Pour moi, ces championnats serviront à voir où j’en suis», admet-elle. «Il s’agit aussi d’une bonne préparation aux championnats de Suisse multiples à Landquart, qui auront lieu le 17 et le 18 août.»
A Lucerne, la jeune Seelandaise sera alignée sur les épreuves du 200 m et du saut en longueur. «En fait, ce sont les disciplines pour lesquelles j’ai réussi à atteindre les minima avant ma blessure», confie-elle. «Comme le niveau sera très élevé, je veux apprendre au contact des meilleures et malgré la situation.»

Les Mondiaux M20 en ligne de mire
La reconstruction passe donc par cette période de transition où l’importance de la performance paraît presque relative par rapport aux sensations retrouvées de la compétition. «De toute manière, ce qui compte désormais, c’est de me qualifier pour les Mondiaux M20 l’année prochaine en heptathlon», dit-elle. «Pour ce faire, je veux essayer d’atteindre les minima lors des prochains championnats de Suisse multiples.»
Compte tenu de la préparation tronquée de l’athlète seelandaise et de sa reprise tardive de la compétition, cet objectif représente un réel défi. «Il est encore difficile à dire si je serai apte à le relever», reconnaît-elle. «Pour l’instant, la seule chose qui compte, c’est de bien se préparer pour ça.» Nul doute que sa détermination et ses rêves de grandeur devraient l’aider dans cette quête ambitieuse. La reconstruction ne doit-elle pas servir à préparer l’heure de l’avènement?


 

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