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Compétitivité des entreprises menacée

La Chambre d’économie publique du Jura bernois dévoile son nouveau baromètre industriel

Patrick Linder montre une évidence: si les affaires baissent, les finances aussi; et si les finances baissent, les investissements se raréfient et l’entreprise perd de sa compétitivité. Yves-André Donzé

Yves-André Donzé

On n’a pas fini de parler du franc fort. Mais cette fois, le baromètre conjoncturel de la Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP) montre, six mois après l’abandon du taux plancher du franc suisse, une aggravation des attentes du panel des entrepreneurs de la région consultés. Ceci pour le prochain trimestre, en matière d’entrées de commandes et de résultat financier. Le directeur de la CEP, Patrick Linder, a révélé hier son baromètre industriel à la presse. D’après ce dernier, les entreprises s’attendent en effet à une stagnation de leur développement dans les mois qui viennent.

Comment financer l’innovation?

Le nouveau baromètre industriel, posé à moyen terme, a permis de reconsidérer la notion d’innovation reconnue comme primordiale par les acteurs industriels, malgré la difficulté de certains de la mettre en œuvre. Patrick Linder se dit préoccupé par l’érosion des marges, qui pose la question fondamentale du financement indispensable pour conserver un niveau d’innovation suffisant pour alimenter, dans le long terme, la compétitivité de la place industrielle nationale.

Selon le directeur de la CEP, «la nécessité de mesures rapides, ciblées, précises et répondant à des besoins concrets en matière de recherche et développement, de formation et de prospection sur de nouveaux marchés s’affirme pour contrecarrer en partie les entraves de l’économie nationale».

Patrick Linder rappelle aussi que le baromètre industriel plonge au cœur des entreprises et interroge leurs perceptions et leurs projections tous les trimestres. Révélant les grandes tendances, le baromètre met en exergue des éléments clés concernant l’industrie, tels que le volume d’affaires, le résultat opérationnel, les capacités d’autofinancement et les prévisions pour le développement à moyen terme. Les entreprises confirment ainsi une baisse des affaires et s’attendent à ce qu’elle se prolonge au troisième trimestre 2015.

Au niveau financier, les anticipations exprimées suggèrent également une diminution pour la majorité des sondés, avec une baisse encore plus importante au niveau des entreprises de moins de 50 personnes.

Dans ce contexte, quelles solutions préconiser pour améliorer l’innovation? «Innovant, on l’est dans le Jura bernois, et la volonté de s’adapter c’est dans l’ADN de nos entreprises», rappelle Patrick Linder. Celui-ci ne manque pas de souligner l’interdépendance de notre système industriel. Ce qui le rend très innovant. Selon le directeur, les horlogers se portent encore assez bien, donc le développement des secteurs qui en dépendent aussi.

«Mais il y a des drames qui se jouent dans les petites entreprises de moins de 50 personnes. Avec un franc fort, elles ne peuvent améliorer la productivité et la diminution des coûts. Sans innovation, elles ne peuvent plus améliorer les produits, ni le service, ni le marketing. La réponse n’est pas suffisante dans le court terme. Et innover est un cycle de 2 à 3 ans», explique le directeur de la CEP. Selon Patrick Linder, pour ne pas compromettre le niveau de compétitivité de nos entreprises pour les prochaines années, le soutien à l’innovation devra être adapté et réévalué.

Par exemple, en tissant des liens entre la recherche académique et appliquée et leur transfert dans les entreprises. Les besoins des PME devront enfin être mieux pris en compte.

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