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Bollement-Tramelan

Le curieux post-western de Pascal Lécureux

L’équipe de tournage du film qui sera intitulé «Cinématographe 2.0» a tourné deux jours durant aux Franches-Montagnes, chevauchant la prestation touristique de l’attaque du train de La Traction

Quelques-unes des figurantes dans leur costume fin 19e siècle s’apprêtent à vivre l’attaque du train par les cavaliers de Gaby Rais. LDD

Yves-André Donzé

L’équipe de tournage du film commandité par le Cinématographe de Tramelan avait envahi mercredi les locaux de la compagnie ferroviaire de loisirs La Traction, au Pré-Petitjean (gare CJ de Montfaucon). Le réalisateur Pascal Lécureux, de Sonceboz, était accompagné des 13 personnes de la technique, dont le caméraman Daniel Baillod, de La Chaux-de-Fonds.

Tout autour d’eux, 27 figurants en costumes 19e siècle s’apprêtaient à revivre les scènes mythiques du premier western de l’histoire du cinéma datant de 1903, «Le vol du grand rapide («The great train Robbery»),  d’Edwin Stanton Porter et Wallace McCutcheon. C’est le film où l’on voit un desperado pointer son arme face à la caméra. Et tirer.

Gare au massacre

A deux doigts des graisseurs de mécanique, dames et damoiselles en belles robes se faisaient lourdement farder, tandis que mâles et damoiseaux en gilet tournoyaient dans l’atelier. Dehors, l’équipe de tournage affûtait son matos électronique et se familiarisait avec les codes de circulation de la ligne ferroviaire Saignelégier-Glovelier.

Si le train siffle trois fois, il ne passera qu’une seule fois. Il s’agit de ne pas se louper avec ces cavaliers taignons partis des Cuffates et qui comptent tellement d’attaques de train à leur actif qu’ils pourraient bien se prendre au sérieux. Et tuer tout le monde. Comme prévu.

Mercredi, quand le vapeur piloté par Emmanuel Gogniat (futur ex-secrétaire général de l’Assemblée interjurassienne) est remonté jusqu’à Bollement, avec plein de passagers d’époque à son bord, il n’y eut rien de futuriste dans la scène. Gaby Rais, sous son foulard de bandit, cria au chauffeur dans l’accent du fief: «Si tu tiens à la vie, arrête ce train!» Puis les cavaliers se mirent à agoniser tout ce petit monde, leur intimant de se dépouiller de leurs biens perso. Touristiquement, le scénario est rodé, même si le texte diffère.

Dans sa tête, le Gaby pensait: «Nom de diou, démerdez, bande de roquets de scène, j’ai encore une tournée de cavaliers sur le feu!» Dans l’équipe, un mec tout en violet tranchait. On voyait bien qu’il n’avait rien à ficher là, celui-là. Son accent valaisan à couper au couteau jurait aussi. C’est lui qui serait reconnu à la fin comme le spectateur du film. Un spectateur qui figurerait au générique. Coupez! Pour le tournage du massacre, ce sera le lendemain.

«Le film de sept minutes que j’ai imaginé pour le 100e anniversaire du Cinématographe est un western dans lequel pénètre un spectateur», explique le jeune réalisateur.

Photo: LDD

Un cinéma d’immersion

Sa passion du cinéma ressemble fort à une réflexion philosophique sur le cinéma et son rôle dans la société de demain. Le thème était tout trouvé pour fêter le centenaire d’une salle dans laquelle Pascal Lécureux a été projectionniste. Il a donc imaginé ce jeu futuriste qu’on peut de plus en plus vivre à la maison. Si un cinéma veut tirer son épingle du jeu et faire du chiffre, pense le cinéaste de Sonceboz, il faudra qu’il propose une nouvelle expérience, comme celle d’entrer dans le film.

«Cela se fait déjà grâce à la 4D et à l’écran panoramique qu’on appelle le cinéma d’immersion. Il y a aussi le cinéma sensoriel où on sent des gouttes d’eau nous arriver dessus. On fait une expérience de quelque chose qui nous touche dans la réalité. Je suis certain qu’on peut intensifier l’expérience», espère Pascal Lécureux, qui rappelle qu’à New York, on projette «Charlie et la chocolaterie», avec des odeurs de chocolat.

Son esthétique à lui, c’est en effet celle de Tim Burton, son «Big Fish» et «Son Charlie...». Il n’en est pas à une expérience près. Avec 20 courts-métrages, trois scènes web, un de 24 épisodes, un de dix épisodes et un en passe de sortir, de 12 épisodes. Il est membre fondateur de Kinemagrafien, une association de producteurs de cinéma.

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