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Bienne: drogues

Et si le marché du cannabis était réglementé dans la cité?

Les représentants de la sécurité se rencontrent prochainement pour évoquer la création d’un cannabis club

Actuellement, Bienne est toujours connue pour la facilité d’accès au cannabis. Keystone

(fup-mg) L’âge d’or des magasins de chanvre à Bienne n’est plus qu’un lointain souvenir. Il suffit pourtant de consulter les sites branchés: «C’est à Bienne qu’on trouve aujourd’hui le plus facilement du hasch et du chanvre; la marijuana y est d’ailleurs meilleure qu’à Amsterdam. Pour se fournir, il suffit d’aller dans la vieille ville (sic).» Les statistiques parlent d’elles-mêmes: l’an passé, la police a démantelé 20 installations de culture de chanvre indoor sur le territoire de la ville. Et, même si les chiffres sont en légère régression, c’est à Bienne que les infractions à la loi sur les stupéfiants sont les plus nombreuses (de 2000 en 2014).

«Il faut de la patience»

C’est dans ce contexte que les représentants de la Direction de l’action sociale et de la sécurité, de la police cantonale et des spécialistes de la question se réuniront cette semaine. Ils débattront d’une expérience pilote de réglementation contrôlée du marché du cannabis. «Enfin», s’exclament les Jeunes socialistes biennois. Il y a un peu plus d’un an, ils avaient adressé à la chancellerie une pétition intitulée «Bienne avance vers la légalisation du cannabis», forte de plus de 1000 signatures.

Julian Rodrigues, leur porte-parole, déplore qu’il ait fallu attendre si longtemps pour se retrouver autour d’une table et reproche aux conseillers municipaux d’avoir un peu traîné les pieds.

Max Wiher, conseiller de ville (PVL) qui milite pour la légalisation du cannabis, n’est pas de cet avis: «Parfois, il faut un peu de patience pour faire avancer les choses, et peut-être revenir à la charge plusieurs fois.» Sur le plan national, le Parti pirate suisse, qui a lancé en août une pétition demandant aux Chambres fédérales de légaliser la consommation de cannabis à usage récréatif, estime aussi que les villes tergiversent.

Pas de projet commun

Bienne n’est pas la seule à envisager un projet pilote, avec pour objectif à long terme la décriminalisation de la consommation du cannabis. Zurich, Berne, Bâle et Genève travaillent dans le même sens. Avec leur projet «Cannabis social clubs», les Genevois ont une longueur d’avance, mais la Confédération a d’ores et déjà émis des critiques et des réserves à leur encontre.

A Bienne, il s’agit de déterminer les contours du concept et les conditions cadre dans lesquelles ce projet se déroulera. Pour l’heure, il est peu probable que Bienne s’aligne sur le projet genevois. Même l’idée d’un groupe de travail commun avec d’autres villes semble définitivement écartée. «C’est un sujet qui devra se traiter au niveau régional», explique Beat Feurer, directeur de l’ASS. D’autre part, beaucoup d’observateurs estiment qu’un projet pilote réussira mieux s’il est d’abord testé dans un seul endroit.

La police émet des réserves

Raymond Cossavella, chef de la police cantonale à Bienne, participera à la séance prochaine. Il a suivi de près la politique de ces trois dernières décennies concernant la consommation de chanvre. Depuis la révision de la loi sur les stupéfiants de 2011, le travail de la police s’est simplifié.

Se faire attraper avec moins de 10 grammes de cannabis n’est passible que d’une amende. Et toute plante dont la teneur en THC excède 1% est illégale.

Raymond Cossavella ne se prononce pas sur le bien-fondé de la légalisation, qui relève de la politique. Mais même sous forme d’un projet pilote, elle ne peut que déboucher sur davantage de criminalité. En effet, elle va attirer à Bienne la moitié de la Suisse, ce qui va accroître les tensions dans le milieu.

Le chef de la police émet donc de sérieuses réserves et s’attend à ce que les forces de l’ordre doivent intervenir plus souvent.

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