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Tour de France

Berne et le Valais main dans la main

Les organisateurs des étapes de Berne et de Finhaut attendent beaucoup du passage de la Grande Boucle.

Pour les conseillers d’Etat Jean-Michel Cina (Valais) et Andreas Rickenbacher (Berne), les trois jours de présence du Tour de France en Suisse vont «booster» l’économie touristique de notre pays. Keystone

Le contexte: Du 18 au 20 juillet prochains, le Tour de France cycliste se mettra à l’heure helvétique. Le 18, le peloton arrivera à Berne. Le 20, il quittera la Ville fédérale pour rallier Finhaut-Emosson. Entre-deux, les coureurs jouiront d’un jour de repos. Conseillers d’Etat en tête, les protagonistes de cet événement unique ont dit tous les espoirs qu’ils mettaient en lui. Unanimes...

 

Berne
Stéphane Devaux

En 102 éditions, jamais le Tour de France cycliste n’avait fait halte à Berne. Cette lacune sera comblée cette année, et plutôt trois fois qu’une.

La plus grande course par étapes du monde arrivera dans la Ville fédérale le lundi 18 juillet, en provenance de Moirans-en-Montagne (Jura français), elle y restera le lendemain, mardi 19 juillet, pour la seconde journée de repos de l’épreuve, avant d’en repartir le mercredi matin, 20 juillet, pour allier la station valaisanne de Finhaut-Emosson, à près de 2000 mètres d’altitude, au terme d’une étape de montagne qui devrait valoir son lot d’émotions.

Comme un six au loto

Cette perspective ravit le futur ex-conseiller d’Etat Andreas Rickenbacher, pour qui «c’est un peu comme faire un six au loto».  Les retombées, directes et indirectes, d’un tel événement, diffusé dans 190 pays et pouvant rassembler jusqu’à 3,5 milliards de téléspectateurs?

Incalculables pour l’heure. Mais en bon ministre de l’Economie qu’il est, il table sur un montant supérieur à 10 millions de francs. A titre de comparaison, l’Euro 2008 avait entraîné des retombées (brutes) d’environ 70 millions. En regard de cela, le crédit de 1,74 million qui sera soumis au Grand Conseil bernois lors de la session qui débute la semaine prochaine lui paraît bien raisonnable.

«Et surtout, ce sera de l’argent bien investi», a-t-il lancé hier au Stade de Suisse, où trois ministres (son collègue Hans-Jürg Käser, responsable de la Police, et son homologue valaisan Jean-Michel Cina) ont répété à l’envi combien le passage du Tour sur sol suisse était une aubaine pour tout le monde.

Pour le maire de Berne, Alexandre Tschäppät, qui préside le comité d’organisation «bernois»,  la vitrine qu’offrira l’épreuve, la troisième en importance derrière la Coupe du monde de football et les Jeux olympiques, est inestimable pour sa ville, qui aura encore une fois l’occasion de prouver son potentiel sportif et sa capacité à organiser des événements majeurs. Et de rappeler au passage qu’en mai auront lieu sur les bords de l’Aar les championnats d’Europe de gymnastique.

Dissimuler les rails

Reste que le défi est de taille. D’abord parce que le temps à disposition des organisateurs est court. Ils ne savent que depuis le 20 octobre dernier (jour de présentation du Tour 2016, 103e du nom) que leur candidature a été retenue. Certes, les contacts privilégiés établis avec Christian Prudhomme, patron du Tour, et son équipe, les plaçaient en bonne position, mais sans certitude absolue.

Ensuite, comme l’événement est gratuit, il faut faire appel à d’autres ressources que la billetterie. L’exécutif municipal devra, comme celui du canton, soumettre un crédit au Conseil de ville. Enfin, garantir la sécurité des coureurs et de la caravane est primordial. «Mais nous sommes sur la bonne voie», a tenu à préciser le président de la Ville fédérale.

Même s’il faut penser à tout. Il s’agira notamment de dissimuler les rails du tram. À 500 mètres de l’arrivée et dans la perspective d’un sprint massif devant le Stade de Suisse, pas question de courir le moindre risque...

La sécurité, c’est d’ailleurs la préoccupation première du président du Conseil d’Etat et directeur de la Police, Hans-Jürg Käser. Un conseiller d’Etat conscient que l’événement en fera peut-être grimacer quelques-uns, le passage du Tour impliquant forcément la fermeture de certains tronçons de route et de rue et des déviations.

Il s’est toutefois félicité de la très bonne collaboration entre les autorités concernées: police, armée, protection civile, sapeurs-pompiers, sauveteurs, Ponts et chaussées. «C’est grâce à cela que la planification a pu être menée ces dernières semaines, et cela dans un temps record.»

Autre exploit, selon lui, celui qui consistera à dénicher environ 1800 personnes, bénévoles compris, pour assurer la sécurité, qui plus est en pleine période de vacances.

Cinq cantons

Alexander Tschäppät, lui, s’est plu à relever la parfaite coordination entre les autorités des cinq cantons concernés. Outre celles de Berne et du Valais, les 16e et 17e étapes du Tour de France emprunteront également (un peu) les routes neuchâteloises, fribourgeoises et vaudoises.

Pour faire écho à ses collègues bernois, Jean-Michel Cina a lui aussi insisté sur les retombées d’un tel événement sportif. Pour le Valais, elles sont estimées à 2,5 millions. Par ailleurs, l’étape de Finhaut devrait «accélérer le développement de nouvelles offres touristiques» du Valais promu destination «vélo».

Mais sur des itinéraires sans doute plus adaptés aux capacités des cyclistes amateurs que celui qui sera emprunté le 20 juillet prochain. Pour les coorganisateurs valaisans, «l’Alpe d’Huez et le Mont-Ventoux n’ont qu’à bien se tenir».

Ne dit-on pas déjà, chez les spécialistes de la petite reine, que l’enchaînement Forclaz-Finhaut-Emosson (l’arrivée sera jugée au barrage même) soutient la comparaison avec les cols du Télégraphe et du Galibier?  Certains n’hésitent pas à faire la comparaison avec l’Izoard et sa célèbre Casse déserte. La où s’est écrite la légende du Tour.

Rien que cela...

 

«À la TV, on voit les lieux traversés par la course»

PUISSANCE 20 Avec ses 450 habitants, la commune de Finhaut, dans la vallée du Trient, sera de loin la plus petite «ville-étape» du 103e Tour de France. Si sa désignation, en octobre dernier, a pu être considérée comme une surprise pour une partie de la presse, cela l’a été beaucoup moins pour le duo Cédric Revaz-Alain Gay-des-Combes, dont la foi est de celle qui renverse les montagnes.

Après le Tour de l’Avenir en 2006 et le Critérium du Dauphiné il y a deux ans, il leur manquait le Tour de France. Ils l’ont eu. «Mais le Tour, c’est puissance 20 par rapport au Dauphiné», expliquaient-ils dernièrement, histoire de montrer l’ampleur de la tâche qui les attend.

PAR LES GALERIES Autre difficulté pour les organisateurs, qui ont déjà bossé plus de 8000 heures, en collaboration avec les autorités cantonales, les polices, la direction du Tour et le comité bernois: évacuer les coureurs et toute la caravane, une fois la ligne d’arrivée franchie. Tout ce «petit» monde regagnera la vallée par les galeries souterraines de l’usine de pompage-turbinage de Nant-de-Drance, usine dont la construction a commencé en 2008 dans les entrailles de la montagne et qui devrait être achevée en 2018.

Hans-Jürg Käser et une image de Berne à voir sur les télés du monde entier. Keystone

COUP DE COEUR L’arrivée à Emosson, c’est un peu le coup de cœur de Christian Prudhomme, patron du Tour de France. «Cette étape sur le toit des Alpes, face au majestueux Mont-Blanc, ne ressemblera à aucune autre», a-t-il déclaré lors d’une des visites qu’il a effectuée sur place. Sûr qu’hier, au Stade de Suisse, son discours n’aurait pas juré avec celui des représentants des autorités cantonales, qui n’ont cessé de mettre en avant les effets positifs du Tour sur l’économie, le tourisme en particulier.

«À la télévision, on ne voit pas que la course, mais aussi les lieux que traverse la course», a souligné Andreas Rickenbacher, qui, en bon Seelandais, s’est pris à rêver d’images montrant l’église de Gléresse sur son coteau de vignes ou les étendues de légumes entre Anet et Chiètres. «Si on avait voulu organiser une campagne de promotion touristique d’une telle envergure, jamais nous n’aurions pu nous l’offrir», a-t-il conclu.

QUELS FAVORIS?  À propos, qui désigner comme favori lors de ces deux étapes? «Le maillot jaune à l’issue de l’étape de Finhaut ne sera pas un maillot de pacotille», a prévenu un des organisateurs valaisans. Pour mémoire, en 2014, lors du Dauphiné, c’est Chris Froome, double vainqueur de la Grande Boucle, qui s’était imposé. Et à Berne? Un sprint massif n’est pas exclure. A moins qu’un baroudeur fausse compagnie au peloton dans la dernière montée, depuis la Matte. Un baroudeur nommé Cancellara?

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