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Beachvolley

Le bal des Oranje mécaniques

Comment les Pays-Bas sont-ils devenus les favoris du tournoi.

Devant un public clairsemé, la paire néerlandaise Brouwer/Meeuwsen (de face) a pris le dessus sur les Grecs Kotsilianos/Zoupanis. Reto Probst
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Laurent Schaffner

Ils concentrent l’attention et le respect un brin intimidé de ces Européens. Un rapide sondage auprès des beachvolleyeurs du tournoi surprend d’ailleurs autant par l’unanimité des réponses que par la nature catégorique de celles-ci. Les favoris, c’est eux et personne d’autre.

Eux, ce sont les Néerlandais, deux équipes hommes et une paire de femmes, qui appartiennent toutes trois au gratin mondial du sport. «Nous avons l’habitude d’évoluer avec un tel statut, vu que cela fait maintenant plusieurs années que nous sommes établis dans le top 5 à top 10 mondial», explique Alexander Brouwer, 26 ans et champion du monde en 2013 avec son coéquipier actuel Robert Meeuwsen.

Le Brésil puis les Pays-Bas
Cette année-là, leur sacre mondial rompt avec l’hégémonie brésilienne, victorieuse de quatre des sept premiers titres, et apporte aux Pays-Bas sa première breloque en or à cet échelon. Une consécration pour le pays. Un symbole, aussi, de sa puissance nouvelle sur le sable. Car, lors de l’édition suivante, à La Haye en 2015, l’autre duo néerlandais formé par ReinderNummerdor et ChristiaanVarenhorst termine vice-champion du monde.

Les Oranje seraient-ils en passe de réussir au beachvolley ce qu’ils avaient réalisé quarante ans plus tôt au football, lorsque feu Johan Cruyff et ses compères mirent le monde du ballon rond à leurs pieds, succédant, là aussi, aux virtuoses brésiliens? A l’évocation de cette comparaison, Alexander Brouwer sourit: «Ce qui est sûr, c’est que nous avons beaucoup appris des Brésiliens. Nous avons notamment essayé de reproduire leur manière de s’entraîner.»

Reinder Nummerdor est bien placé pour porter un regard sur l’ascension du beachvolley néerlandais. A 39 ans, le vétéran de la délégation batave a été le précurseur de celle-ci, lui qui a été sacré quatre fois champion d’Europe de 2008 à 2011. «Je crois que le secret de notre réussite tient au fait que nous avons un bon programme, d’excellents coaches, une fédération qui nous soutient et des recruteurs capables de dénicher les jeunes talents», glisse Nummerdor.

Centre national à La Haye
Cela paraît simple, non? «En fait, nous avons un centre national de beachvolley à La Haye où tous les talents sont concentrés», précise Brouwer. «Je crois que ce que les gens ne réalisent pas, c’est à quel point ce sport est professionnel. Beaucoup croient encore qu’on s’adonne à cette discipline après avoir bu une bière et fait une grillade. J’ai beau trouver cette image sympathique, elle ne correspond pas du tout à la réalité. Et ça, aux Pays-Bas, on l’a bien compris.»

Préparateurs mentaux, nutritionnistes, entraîneurs de condition physique, coaches de beachvolley: la fédération néerlandaise met à la disposition des athlètes une «armée» d’employés. «Ils sont pour beaucoup dans nos excellents résultats actuels», assure Nummerdor. «Il arrive que nous nous déplacions en tournoi avec huit accompagnants pour quatre joueurs», renchérit Brouwer. «Nous sommes les seuls avec les Brésiliens à avoir un ‹staff› aussi imposant.»

Fort de cette mécanique bien huilée, le beachvolley batave prend petit à petit de l’importance au pays. «Les Championnats du monde de La Haye en 2015 ont constitué une très belle vitrine pour notre sport», souffle Brouwer.

«Il y a eu un million et demi de téléspectateurs pour la finale, c’est une bonne performance pour un petit pays comme le nôtre. Mais, pour continuer à progresser, il faudrait que les chaînes de TV nationales retransmettent plus souvent la discipline.» L’étape suivante de la domination des Pays-Bas sur le beachvolley européen?

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