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En pleine cible (9)

Un sport qui (at)tire aussi les jeunes

Notre série réalisée en marge du Tir cantonal s’invite au stand du Petit-Champoz pour rencontrer de jeunes tireurs au petit calibre âgés de 10 à 20 ans. L’occasion pour eux de parler de leur discipline qu’ils considèrent comme un sport à part entière et très formatrice.

Un des jeunes tireurs au petit calibre de la société Moutier-Ville.

Michael Bassin

Au pistolet, à la carabine ou au fusil, les jeunes tirent. Dans la région aussi. Ce week-end, la société de tir petit calibre Moutier-Ville organisait son traditionnel tir populaire et des écoliers au Petit-Champoz. L’occasion de rencontrer une partie de cette jeunesse adepte des stands.

Au Petit-Champoz, on tire à la carabine, avec de la munition 22Long Rifle sur des cibles placées à 50 mètres. Au sein de la société, ils sont 14 à suivre les cours jeunes tireurs réservés aux 10-20 ans. Alexandre Grosjean en fait partie. Encore pour une année seulement, puisque ce Prévôtois franchira bientôt la limite d’âge qui lui ouvrira la porte des élites. Mais c’est certain, ces années formatrices l’ont emballé. «J’apprécie la convivialité qui entoure le tir. Et puis, il y a l’aspect de la concentration et de la précision. Les réglages sont fins», rayonne-t-il. Matteo Ceragioli abonde dans le même sens. Agé de 14 ans, il est en plein dans les jeunes tireurs. Ce qu’il apprécie? «C’est strict, mais on éprouve aussi beaucoup de plaisir.»

Bon pour le mental
N’en déplaise aux détracteurs du tir et quand bien même certaines activités font transpirer davantage, Alexandre, Matteo et leurs potes qualifient cette discipline de sport. «C’est important de maîtriser son rythme cardiaque et sa respiration. Raison pour laquelle nous allons aussi courir», souligne Alexandre. «Certains de nos copains imaginent qu’on sort l’arme, qu’on se couche, qu’on tire et qu’on repart. Ce n’est pas ça!»

Président de la société, Didier Beuchat ajoute que le tir est non seulement un sport, mais qu’il est bon pour le mental. «Nous avons accueilli un jeune hyperactif. Après quelque temps, sa maman m’a dit que ça allait mieux à l’école.»

Comme tout sport, le tir revêt aussi un aspect compétitif. Les jeunes participent régulièrement à des concours. «Pour se mesurer aux autres, mais aussi pour tirer avec les autres», nuance Alexandre. «C’est vrai qu’on essaie toujours, au fil des entraînements, d’améliorer nos performances», affirme Matteo. En parlant de résultats, un jeune sociétaire s’est particulièrement mis en évidence l’année dernière. Sébastien Grosjean, 15ans, a en effet obtenu la première place dans sa catégorie lors de la finale cantonale bernoise à Thoune. Lui aussi défend sa passion. «Lorsque je tire, je suis concentré dans mon truc et je ne pense pas au reste.»

S’agissant des aptitudes nécessaires pour devenir un bon tireur, les jeunes de Moutier citent la motivation, la capacité de s’adapter aux conditions et… la persévérance. «Oui, il ne faut pas déprimer si on fait un mauvais résultat ou si on est dans un mauvais jour», rigolent-ils. Quant à la mauvaise image que certains ont du tir, les jeunes dégainent: «Il suffit malheureusement d’un fait divers dans le monde avec une arme et cela salit tous ceux qui aiment et pratiquent ce sport.»

Selon Didier Beuchat, la pratique encadrée du tir permet de responsabiliser les jeunes. «Nous sommes parfaitement conscients d’avoir une arme entre les mains», acquiesce Alexandre. «Et lorsqu’on peut reprendre l’arme à la maison par exemple, c’est une marque de confiance qu’on nous témoigne», ajoute Matteo.

Dur, dur de faire un choix
Didier Beuchat se réjouit de cette relève. «Le nombre de jeunes tireurs est relativement stable ces dernières années.» Le tir des écoliers, organisé une fois par an par la société et accessible dès 8ans, permet de faire connaître ce sport et d’attirer de potentiels futurs adeptes.

Dimanche, Matteo Chirivi, 9 ans pour quelques mois encore, s’est justement essayé à la carabine à 50m. «J’ai déjà tiré par le passé et j’aime bien. Ça m’intéresse. Mais je ne sais pas encore si je ferai les jeunes tireurs, il faudra voir avec mes autres loisirs», glissait-il. C’est qu’entre le foot, la pêche et le tir, il faudra certainement choisir. En somme, il faudra viser juste!

 

Le Fass 90 par étapes

Lorsqu’on imagine de jeunes tireurs, c’est généralement à ceux s’exécutant à 300 mètres avec le fusil d’assaut 90 que l’on pense. Dans le Jura bernois, on en compte actuellement 98, à savoir 11 juniors (de 10 à 15 ans) et 87 jeunes tireurs (jusqu’à 20 ans) encadrés par des moniteurs. Des chiffres stables depuis quelques années, selon Patrick Gobet, le responsable de cette relève pour le Jura bernois.

La première approche avec le Fass 90 peut donc se faire dès l’âge de 10 ans. «Mais il faut regarder la morphologie de l’enfant. Si celle-ci n’est pas encore adéquate, je préconise à l’enfant et aux parents d’attendre une année. Ou je les redirige vers le petit calibre», précise Patrick Gobet. Et d’ajouter que les premières années sont surtout consacrées à familiariser le jeune avec l’arme et à le sensibiliser à la sécurité. Après cette étape d’introduction vient celle de l’apprentissage véritable du tir sportif. En outre, dès 16 ans, le jeune peut potentiellement garder l’arme à la maison. «C’est une manière de le responsabiliser», indique Patrick Gobet, précisant évidemment que ni la culasse ni les munitions ne sont emportées avec. Patrick Gobet en est convaincu, le tir peut être bénéfique pour le développement du jeune. «Il fait appel à des notions telles que la concentration, la camaraderie, la patience et le respect. Encadré comme il se doit, un jeune qui pratique le tir est non seulement formé à ce sport mais il mûrit également personnellement.»

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