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Tavannes

Discussions autour du deuil

Deux jours de conférences-débats au centre évangélique

François Vorpe a présenté hier à la presse les conférences-débats dont il est l’initiateur et l’organisateur. A sa droite, une des coordinatrices de la manifestation, Carine Murgenthaler. Matthieu Hofmann

Matthieu Hofmann

Briser le tabou autour du deuil et apporter les réponses qu’il ne peut pas donner lui-même. Ce sont, en substance, les objectifs que s’est fixés François Vorpe, patron d’une entreprise de pompes funèbres à Tavannes. Fort d’une très longue expérience — il est dans la branche depuis presque 50 ans dont 43 ans comme chef d’entreprise —, il met sur pied deux soirées conférences-débats avec pour thème le deuil, les jeudi et vendredi 2 et 3 novembre au centre évangélique de Tavannes. «J’insiste sur le mot débat», précise-t-il d’emblée, soucieux de s’assurer qu’on ne pense pas qu’il s’agira de longs monologues.

 Les quinze intervenants, professionnels dans des domaines aussi différentes que le droit des successions, le don d’organes, l’histoire du deuil ou l’aide au suicide, par exemple, prendront la parole mais seront surtout là pour répondre aux questions du public. «Quand on parle de deuil, on entend beaucoup de choses, mais c’est malheureusement souvent n’importe quoi», regrette-t-il, lui qui est régulièrement face aux interrogations de familles endeuillées sans qu’il ne puisse toujours y répondre.

A chacun son deuil
Son rôle, François Vorpe le voit surtout dans l’écoute, dans le souci de répondre aux envies et besoins des familles, imaginant que chacun doit pouvoir vivre son deuil comme il l’entend. «Le deuil, ce n’est pas que le jour de l’enterrement et, s’il est une certitude, c’est que nous y serons tous confrontés un jour ou l’autre», lâche-t-il.

Le deuil a-t-il changé au fil de ses cinq décennies de pratique? «Je suis persuadé que la souffrance d’un parent qui perdait un enfant dans la Rome antique est la même qu’aujourd’hui», répond-il. Et d’observer que si évolution il y a, elle se situe par exemple dans les cérémonies, qu’on veut de plus en plus intimiste. Pour François Vorpe, qui insiste encore sur le fait que chacun fait comme il le souhaite, mettre sur pied une cérémonie ouverte à tous ceux qui le souhaitent permet, peut-être, de passer plus rapidement ce douloureux cap: «Comme ça, c’est fait». Autre changement, au moment de régler la note cette fois. «Alors qu’autrefois les familles se battaient presque pour payer, c’est le contraire aujourd’hui», observe-t-il. «Justement, on trouve beaucoup de personnes qui veulent répudier l’héritage aujourd’hui. Ce week-end de discussion permettra d’expliquer exactement ce que cela engendre.»

Nouveauté encore dans le monde des pompes funèbres, les suicides assistés. A ce titre, une représentante de l’association Exit sera de la partie. «Je suis parfois contacté par des gens qui me disent qu’ils vont mourir jeudi prochain à 10h», donne-t-il en exemple. «Et je me retrouve à organiser une cérémonie avec la personne qui va mourir, c’est particulier.» Là encore, les familles sont parfois mal informées et s’étonnent de voir débarquer la police une fois le décès prononcé. «C’est simplement la procédure», explique-t-il.

 Si François Vorpe a de la peine à s’imaginer quel succès pourra avoir sa manifestation, il espère cependant que les discussions, animées par le journaliste Stéphane Devaux, attireront le plus grand nombre. «Pas pour moi, mais pour les intervenants», glisse-t-il, ajoutant que l’entrée aux conférences est libre et qu’il est possible de ne suivre que celles pour lesquelles on éprouve de l’intérêt.

Programme

Jeudi 2 novembre

17h15: Groupe d’accompagnement des personnes endeuillées
17h45: «Le rôle des églises» avec des représentants des églises réformée, catholique, évangélique et mennonite
18h30: «Que peut la politique face au deuil?» avec le Conseiller d’Etat Pierre-Alain Schnegg
19h: «Les soins palliatifs aujourd’hui», Equipe mobile en soins palliatifs
19h45: «Don d’organe et corps à la science», «Plus de traitement médical possible, comment l’annoncer?», Dr Blaise Greco
20h15: «Présentation de la Chrysalide à La Chaux-de-Fonds», Dr Jeanneret Brand
20h45: «Mourir chez soi, accompagnement de la personne et ses proches», Aide et Soins à domicile, ASAD
21h15: «Décès extraordinaires et impératifs judiciaires», Marc Utermann, police cantonale

Vendredi 3 novembre

17h30: Pierre-André Geiser, maire de Tavannes
17h45: «Comment se préparer à entrer en institution?», Jean-Daniel Renggli, directeur du Home La Colline à Reconvilier
18h15: «Quelle place pour la spiritualité dans l’offre de soins psychiatriques face à la mort?», Jean-Charles Mouttet, Réseau santé mentale
18h45: «Droit des successions», Me Boris Hunsperger, notaire
19h30: «Situations d’urgence, quelles interventions?», Pierre-André Kuchen, Care Team du canton de Berne
20h: «Le deuil à différentes époques», Françoise Biotti-Mache, historienne
21h: «L’approche d’Exit face à une demande de suicide assistée», Gabriela Jaunin, accompagnatrice

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