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Horlogerie

On a frisé les 20 milliards

Après deux ans de baisse, les exportations ont repris de la vigueur l’an dernier, surtout au deuxième semestre et en Extrême-Orient. Mais certains marchés restent en retrait.

Après deux ans de recul, les exportations horlogères ont renoué avec la croissance en 2017. Photo:Archives Keystone

par Philippe Oudot

L’horlogerie suisse retrouve des couleurs. Le retour à la croissance, certes attendu, a toutefois démarré plus vite que prévu. C’est le constat dressé hier par la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH), à propos des exportations horlogères de l’année 2017. Au premier semestre, ces dernières s’étaient déjà stabilisées en légère hausse, à +0,3%, après deux années de recul. Elles se sont ensuite nettement améliorées au second semestre, à +4,9%. Avec une valeur de 19,9 milliards de francs. Soit une progression annuelle de 2,7% par rapport à 2016.

Comme le souligne la faîtière horlogère, ses prévisions établies l’an dernier «se sont confirmées avec quelques mois d’avance». Pour l’année 2018, elle s’attend à une progression comparable à celle de l’an dernier et estime que «le développement des canaux digitaux au niveau de la communication et de la distribution, ainsi que les modes de consommation imposés par les Millenials (réd: consommateurs ultra-connectés) constitueront des priorités en 2018.»

Baisse des volumes
Sur les 19,9 milliards d’exportations, les montres-bracelets se sont taillé la part du lion, atteignant 18,8milliards de francs. Cela représente une croissance en valeur de 2,6% par rapport à l’année précédente. En revanche, le nombre de pièces exportées a continué de reculer. Il s’est élevé à 24,3mios de pièces, contre 25,4 en 2016. «Il s’agit du plus faible niveau depuis la crise de 2009», constate la FH.

Elle met aussi en évidence l’évolution contrastée selon le type de produits. Le recul du nombre de garde-temps exportés a été essentiellement influencé par les montres à quartz, en baisse de 7,4%. En revanche, les montres mécaniques se portent bien:les exportations ont augmenté de 3,9%en nombre de pièces, et de 4,6%en valeur.

L’entrée de gamme souffre
Sans surprise, vu leur part prépondérante dans les montres à quartz, les pièces d’entrée de gamme (moins de 200fr., prix export) ont particulièrement souffert. Elles ont vu leur niveau fondre de 8,5% en volume, et de 11,6% en valeur. Celles dans le milieu et le haut de gamme ont en revanche bien performé en valeur et affichent une croissance comprise entre 3 et 5%.

L’acier a toujours la cote auprès des consommateurs. L’an dernier, un garde-temps exporté sur deux était habillé d’acier. Ceux en métaux précieux ou bimétalliques ont quant à eux enregistré une progression plus modérée. Mais en termes de volumes, ce sont surtout les montres des catégories «autres métaux» et «autres matières» qui ont souffert.

Le moteur asiatique
En croissance de 4,8%, le continent asiatique est resté le principal marché d’exportation pour les horlogers l’an dernier. A lui seul, il a généré la moitié du chiffre d’affaires à l’exportation, en particulier grâce à un très bon deuxième semestre. Bien que de façon plus modeste, l’Europe a elle aussi contribué aux bons résultats, avec une progression des exportations de 2,6%. Mais l’évolution a été différente selon les marchés. Alors que la Chine, désormais 3e marché d’exportation, a cartonné, en hausse de 18,8%, à 1,537milliard de francs, devant Singapour (+8,5%) et la Corée du Sud (+5,6%), Taïwan a plongé de 11,9%. Quant au Japon, il a limité les dégâts, affichant un recul de 2,6%.

Sur le Vieux Continent, le Royaume-Uni est resté la principale source de croissance (+7%), même si la progression s’est nettement ralentie au second semestre. Les exportations ont en revanche reculé en Allemagne (-2,2% et en France (-0,4%). Quant aux Etats-Unis, malgré un contexte économique favorable, ils enregistrent un recul (-4,4%) pour la troisième année consécutive.

 

Amorcée l’an dernier, la reprise se confirme pour le Swatch Group
Le numéro Un mondial de l’horlogerie a dévoilé hier ses chiffres clés pour l’exercice 2017. Grâce à un 2e semestre très solide, le Swatch Group a vu son chiffre d’affaires augmenter de 5,4% (5,8% sans tenir compte des effets de change), à 7,96milliards de francs. Le mois de décembre a été particulièrement dynamique, le groupe réalisant le deuxième meilleur chiffre d’affaires mensuel de son histoire. Le résultat opérationnel a quant à lui dépassé la barre du milliard (+24,5%), alors que le bénéfice net progressait de 27,3%, à 755mios.

Dans le secteur des montres, tous les segments de prix ont contribué à la hausse du chiffre d’affaires, y compris ceux d’entrée et de milieu de gamme, alors que les chiffres à l’exportation annoncés par la FH étaient négatifs pour l’entrée de gamme. «Cela signifie une nette hausse des parts de marchés dans ces segments», note le groupe dans un communiqué. Mais c’est celui dit Prestige et Luxe qui a enregistré la plus forte progression. Il qualifie la performance de Harry Winston d’«extraordinaire» et parle d’une «très forte accélération» pour Omega au second semestre.

Presque partout en hausse
Si le groupe a encore renforcé sa position en Chine, le Japon a également enregistré une forte progression alors que les exportations globales des horlogers suisses y sont en baisse (-2,6%), selon les chiffres de la FH. En Europe, le Royaume-Uni, mais aussi l’Italie, l’Allemagne, le Benelux et la Suisse sont également à la hausse. Quant au marché américain, le Swatch Group assure y avoir progressé en monnaie locale, alors que les exportations de montres Swiss made y ont reculé (-4,4%).

Il explique en partie ces bons résultats en raison de sa stratégie de maintenir ses postes de travail. L’an dernier, il occupait quelque 35400 collaborateurs. Le groupe a aussi poursuivi sa stratégie d’investissements, avec des engagements de plus de 460mios. Il reste aussi à la pointe dans le domaine de l’innovation, que ce soit dans les processus de fabrication ou dans les technologies des matériaux. Il a ainsi déposé pas moins de 183brevets.

Croissance très positive attendue
S’agissant des perspectives pour 2018, le Swatch Group va lancer de nombreux nouveaux produits. Grâce à un très bon taux d’utilisation dans la production, il prévoit une nouvelle croissance «très positive» en monnaies locales, non seulement grâce à ses propres boutiques et à l’e-commerce, mais aussi grâce aux détaillants.

Fort de ces bons résultats, le Swatch Group va proposer à l’assemblée générale d’augmenter le dividende par action en le portant à 7fr.50 par action au porteur (au lieu de 6fr.75), et à 1fr.50 par action nominative (au lieu de 1fr.35).

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