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Canton de Berne

L’Ours tient bien le cap

Le gouvernement s’est montré uni et solidaire, hier, en tirant un bilan de son action, fortement marquée par la crise du Covid. Malgré cela, les projets pour faire évoluer le canton avancent bien.

Le Conseil exécutif était présent in corpore hier, lors de la conférence de presse. A savoir (de g. à dr.): Christoph Auer (chancelier), Philippe Müller, Beatrice Simon, Christoph Ammann, Christoph Neuhaus, Christine Häsler et Evi Allemann. ldd-archives

Par Pierre-Alain Brenzikofer et Philippe Oudot

«Le Conseil exécutif forme une équipe efficace et soudée, et il travaille en bonne intelligence, dans un esprit constructif pour relever les immenses défis auxquels nous confronte la pandémie.» C’est ainsi que Pierre Alain Schnegg, président du gouvernement a ouvert hier la conférence de presse annuelle du Conseil exécutif, présent in corpore, signe que la gestion de la crise est l’affaire de tous.

Une crise qui, depuis une année, affecte la population dans son ensemble. Pierre Alain Schnegg en a profité pour saluer «la discipline dont les Bernois font preuve au quotidien dans l’application des mesures de lutte contre le virus». Il a aussi remercié les soignants, le personnel hospitalier et tout ceux qui se battent sur le front du coronavirus. Al’instar des «1229 volontaires qui se sont engagés afin de venir épauler le personnel de notre système de santé et travailler dans nos centres de vaccination».

Un chemin de crête
Pierre Alain Schnegg a comparé le chemin parcouru depuis mars dernier à «un sentier de crête avec, d’un côté, le versant sanitaire et, de l’autre, la pente économique. Les personnes qui en nient le tracé proposent simplement de sauter dans le vide», a-t-il dénoncé.

Le président du gouvernement l’a rappelé:les mesures prises ont eu de lourdes conséquences pour la vie privée et l’activité professionnelle de la population, que ce soit dans la restauration, les activités culturelles et sportives ou la vie nocturne. Les décisions ont souvent été difficiles à prendre, comme l’interdiction faite aux familles de rendre visite à leurs proches dans les homes. Dans ce contexte, «un climat de confiance est primordial pour faire comprendre et accepter ces règles. C’est pourquoi nous menons aussi régulièrement des discussions avec les milieux professionnels touchés par nos décisions.»

Bientôt 5000 par jour
Après la première vague, la coordination et la gestion opérationnelle de la lutte contre la pandémie ont été confiées à un état-major spécial coronavirus. C’est lui qui supervise les tests et coordonne la stratégie de vaccination, dont la campagne va bon train. «Al’heure où je vous parle, nous vaccinons environ 2000 personnes par jour et sommes prêts à administrer plus de 5000 doses par jour, sept jours sur sept, sitôt que l’approvisionnement le permettra», a assuré le président du Conseil exécutif.

Apropos des critiques contre la stratégie sanitaire du canton, il a estimé que, «sans fausse modestie, le canton et la Suisse s’en sortent bien. (…) La lutte contre le coronavirus doit être vue dans sa globalité, car elle ne se résume pas à un taux de vaccination, à un indice de mortalité, au nombre de chômeurs ou à une part d’aide économique rapportée au PIB. Non, la Suisse n’est pas le mauvais élève que certains ont montré du doigt.»

Explosion des dépenses
Si la pandémie affecte durement la population et l’économie, elle a également un impact massif sur les finances bernoises. D’abord, parce qu’en 2020, le canton a décidé de compenser les pertes de revenus des hôpitaux répertoriés. Il a aussi dû se procurer à court terme de grandes quantités de matériel de protection médicale, ce qui a coûté cher. Il a aussi pris des mesures exceptionnelles de promotion économique», a expliqué Beatrice Simon, ministre de Finances et vice-présidente du gouvernement.

En 2021, la crise continuera de peser lourdement sur les dépenses, a-t-elle poursuivi, notamment du fait de la réglementation pour les cas de rigueur et de l’augmentation du nombre de cas d’aide sociale. Et pour ne rien arranger, les recettes fiscales attendues vont s’effondrer, aussi bien du côté des entreprises, dont les bénéfices ont fondu, que des personnes physiques. Beaucoup d’employés ont vu en effet leur revenu baisser en raison du chômage partiel ou de la perte de leur emploi.

Comme l’a relevé Beatrice Simon, «la crise du coronavirus marque une coupure dans les finances bernoises, avec une progression attendue de la dette de plusieurs centaines de millions de francs ces prochaines années». Pas question, toutefois, d’«envisager un quelconque plan d’austérité en cette période crise, où citoyens et entreprises souffrent économiquement. On attend au contraire des pouvoirs publics qu’ils contribuent à la relance, ce que fait le canton».

Dans ce contexte, Beatrice Simon a souligné «l’importance cruciale d’avoir l’esprit d’équipe lorsque l’on a des décisions déterminantes à prendre durant des périodes aussi dures. Cela ne veut pas dire que nous avons été systématiquement d’accord, ni que nous n’avons pas eu à nous battre pour faire passer des solutions.» Et de citer un proverbe africain, en guise de conclusion: «Quand les araignées s’unissent pour tisser leur toile, elles peuvent ligoter un lion!» pho

 

«La pire crise depuis la guerre»

Directeur de l’Economie, Christoph Ammann a été particulièrement sollicité durant ces mois de crise intense. Selon lui,le Conseil fédéral a adapté tardivement, «mais pas trop tard, je l’espère», ses prescriptions concernant l’aide destinéeaux entreprises pour les cas de rigueur, de manière à ce que tous les cantons puissent apporter un soutien efficace.

«L’aide cantonale doit être fournie rapidement et avec le moins de bureaucratie possible, a poursuivi Christoph Ammann. Car contrairement à la crise des marchés financiers, qui avait surtout touché l’industrie d’exportation, celle du coronavirus frappe de plein fouet de plus vastes pans de l’économie bernoise – et également le marché intérieur. Outre les entreprises exportatrices et les fournisseurs, la crise affecte aussi les secteurs du tourisme, de la restauration, ainsi que l’événementiel avec le sport et la culture, et le commerce de détail dans une certaine mesure.»

De quoi rappeler que début novembre 2020, la Confédération avait mis à disposition 200 millions pour l’aide aux cas de rigueur – pour toute la Suisse: «Il me semblait déjà clair que cela ne serait pas suffisant. Et que cette somme et la loi fédérale Covid-19 ne permettraient pas de surmonter un deuxième confinement. Actuellement, nous en sommes à 208 millions de moyens financiers fédéraux et cantonaux pour le seul canton de Berne. Ces moyens doivent encore être augmentés de toute urgence», a insisté le conseiller d’Etat.

Aujourd’hui, le canton pense pouvoir soutenir 6000 à 10000 entreprises en tant que cas de rigueur, et non seulement 2000, comme il le supposait en décembre. «Nos moyens sont limités et nous ne pourrons pas sauver toutes les entreprises, a reconnu le conseiller d’Etat. Mais nous voulons soutenir toutes celles qui caractérisent et mettent en valeur notre économie, qui prennent des risques entrepreneuriaux au jour le jour et offrent des emplois – et nous voulons si possible les sauver de la crise. Nous y travaillons d’arrache-pied.»

En terre bernoise, l’Office de l’assurance chômage a étéparticulièrement sollicité: rien qu’en mars 2020, il a reçu 19000 préavis de chômage partiel pour 223000 employés.

«Le secteur de la construction a stabilisé l’économie»
Patron des travaux publics, Christoph Neuhaus a révélé quela demande de transports publics avait baissé de près de80% en période de semi-confinement. «Mais la plupart des liaisons ont pu être maintenues pour garantir la desserte»,a-t-il jubilé un brin. Pas longtemps: le recul drastique de la demande a entraîné une baisse massive des recettes. Cela dit, le secteur de la construction a été moins gravement touché. Ce qui a permis au conseiller d’Etat de relever qu’il avait largement contribué à stabiliser l’économie en 2020.

La culture touchée de plein fouet
«La culture a été l’un des premiers secteurs à être fortement touché par la crise, a reconnu Christine Häsler, directrice de l’Instruction publique. Pour y faire face, l’exécutif a puisé des ressources dans le Fonds de loterie: «Nous mettons tout en œuvre pour préserver la culture, l’un des biens fondamentaux de notre société», a promis la magistrate. Côté écoles, on est conscient que l’enseignement présentiel est important à tous les niveaux. Hélas, l’apprentissage est touché par la pandémie. Mais le nombre de places reste élevé. pabr

 

La mise en œuvre du programme de législature est en bonne voie

Si la pandémie a largement occupé le gouvernement ces 12 derniers mois, celui-ci a continué à travailler dur pour concrétiser son programme de législature. Et à l’exception du projet Campus Bienne, en cours de refonte, et de l’axe Ouest de l’A5, à Bienne, qui repart à zéro, ce programme avance bien. Pierre Alain Schnegg a présenté quelques-uns des principaux projets. Acommencer par le développement du site de l’Hôpital de l’Ile en campus de médecine, à la pointe sur le plan mondial. «Le canton y investira plus d’un milliard de francs au cours des 10 à 15 ans à venir», a-t-il rappelé.

S’agissant du projet de la transition nu-mérique, le président du gouvernement a constaté que la crise du coronavirus avait accéléré le processus dans plusieurs do-maines. L’objectif de l’«Engagement 2030»du gouvernement est de permettre à la population et à l’économie d’effectuer toutes leurs transactions avec le canton sous forme dématérialisée.

Pierre Alain Schnegg a aussi mentionné le projet visant à favoriser la cohésion sociale en renforçant une intégration ciblée pour les personnes socialement défavorisées. «Les indicateurs sont au vert pour tous les projets relevant de cet objectif. La stratégie de la santé est même en cours de mise en œuvre. Quant au projet NABE de restructuration du domaine de l’asile et des réfugiés, il est terminé.»

Dans le domaine du développement durable, qui fait partie des objectifs prioritaires du programme de législature, le président du gouvernement a indiqué que la plupart avançaient comme prévu. Il a ainsi mentionné l’offensive biologique cantonale, le projet bernois de protection des plantes, ainsi que la Wyss Academy for Nature, qui soutient la recherche dans les domaines du changement climatique, de l’utilisation du sol et de la biodiversité: «Ces trois projets, qui sont étroitement liés, répondent au souhait d’une grande partie de la population bernoise de voir la nature mieux préservée.» Signe tangible de cet engouement: l’an dernier, quatre exploitations agricoles par semaine ont passé à la production bio sur leurs surfaces de culture. pho

 

Diversité régionale, bilinguisme et Moutier

Parmi ses objectifs, Berne entend entretenir sa diversité régionale et développer le bilinguisme. Côté Moutier, Pierre Alain Schnegg a rappelé que toutes les autorités concernées avaient tiré les leçons du premier vote. «Les positions de chacun sont connues. Pour nous, Moutier est un centre régional important, comme en témoignent la présence cantonale forte et stable sur place et le grand nombre de services qui bénéficient à la population de la ville et de la région. Cet engagement cantonal s’est senti aussi durant la crise du coronavirus. Pour nous, Moutier a toute sa place dans notre canton. Mais peu importe l’avis du gouvernement. C’est aux habitants de la ville de décider. Et à eux seuls.» Pour le magistrat, ce scrutin historique mettra un point final à la Question jurassienne. «Quel que soit le résultat, je souhaite à tous les habitants de Moutier de trouver la force et la volonté de vivre en paix…» pabr

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