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Bienne

Jeux de mots et grivoiseries

La septième édition des éphémérides éditées par l’agence de graphisme biennoise Monokini vient de sortir. Sa créatrice nous parle de son histoire.

La réalisation des 366 illustrations, toujours en rose et noir, prend généralement deux mois. Monokini

Par Jérôme Burgener

Les petits calendriers à pages détachables de l’agence biennoise Monokini existent depuis 2015. Le premier numéro, «Ta mère, Bambi», n’est pourtant pas né à Bienne. «A l’époque, le bureau de graphisme était établi à Lausanne. Nous travaillions avec de gros clients et la réalisation de cette éphéméride était un véritable exutoire», raconte Nathalie Imhof, patronne de Monokini.


Elle complète: «Je suis également enseignante depuis un bon nombre d’années à l’Ecole d’Arts Visuels de Bienne et des élèves viennent en stage chez Monokini. Ils travaillent avec nous sur des mandats professionnels qui sortent du cadre scolaire habituel. Je leur demande aussi de développer un projet plus personnel. Une stagiaire a proposé une idée que nous avons ensuite concrétisée avec ces éphémérides.»


Absurde, parfois salace
Les petits carnets sont donc constitués de jeux de mots, généralement imaginés par Nathalie Imhof, puis illustrés par d’autres artistes, jusqu’à présent toutes féminines: «Ce n’est ni une revendication, ni un hasard. Je trouve important que des femmes s’emparent de l’humour qui, pendant longtemps, était un territoire purement masculin et personne ne demandait aux femmes d’être drôles.» D’autant plus que Nathalie Imhof imagine des jeux de mots naviguant allégrement entre absurdité et sexualité débridée: «Le but n’est pas de choquer mais de faire rire ou réfléchir. Les fiches laissent place à l’interprétation. Le second degré, ou le troisième, est différent chez chaque individu.»


Pour mieux comprendre, la graphiste illustre:«La première réaction quand on assiste à une chute dans la rue peut être le rire. C’est le premier réflexe, car on ne sait pas vraiment quoi faire. Ce type de réaction m’interpelle et je souhaite provoquer la même.» Selon la patronne de Monokini, le contenu salace ne constitue pas l’essentiel des éphémérides:«Je dirais 15%. J’ai pu le constater quand Andrea Maroni, de l’espace libre Visarte, m’a invité à participer à son émission radio ‹Porno Circuit› sur Lumpenstation. Il n’y a pas tant de fiches qui font preuve d’un esprit mal tourné».


Nathalie Imhof aurait-elle, par contre, l’esprit mal placé? «Bien sûr. Je pensais d’abord que c’était une tare. S’approprier ce type d’humour a un effet libérateur. Pour les lecteurs aussi.» Elle précise qu’elle n’a jamais eu affaire à des réactions outrées vis-à-vis de ses publications.


Particularités de ces petits blocs d’illustrations: ils ne mentionnent aucune année et débutent le 29 février: «Ils sont tous bissextiles et utilisables quand on le désire, c’est plus simple comme ça.»


Comme des petits pains
La septième édition des éphémérides vient de paraître et est titrée ‹Virus›. Elle est illustrée par l’artiste jurassienne Tiphaine Allemann. Le tout a été bouclé en trois semaines. «Tiphaine est une machine de guerre. En général, il faut deuxmois pour compléter le travail. Entre la recherche des jeux de mots et la création des illustrations», précise la graphiste.


Concernant le tirage, 300exemplaires sont produits chaque année. Et presque tous trouvent preneur selon Nathalie Imhof: «Les éphémérides s’adressent à tout le monde, même aux enfants. Je les trouve aussi formateur que peuvent l’être les œuvres des Monty Python. Ils permettent d’engager la discussion parents-enfants.»

shop.monokini.ch
instagram.com/monokini_labo

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