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Lutte suisse

Impatient de reprendre, Matthieu Burger est fin prêt

Alors qu’il s’est entretenu tout l’hiver sur le plan physique, le lutteur des Prés-d’Orvin est d’attaque pour la reprise de la compétition fixée pour l’instant au 22 mars.

Le jeune Matthieu Burger (à droite) voit d’un bon œil l’idée visant à définir les lutteurs comme des athlètes professionnels.

par Laurin Petitat


Habiter aux Prés-d’Orvin offre des avantages pour se maintenir en condition pendant l’hiver en tant que sportif. Le lutteur local Matthieu Burger ne dira pas le contraire, puisqu’il a profité des pistes de ski de fond pour travailler son endurance.

Celui qui effectue un apprentissage d’agriculteur se dit en forme sur le plan physique. «Franchement, je suis satisfait de ce point de vue-là. Ma condition physique est excellente. Pour travailler la force, nous avons aménagé un fitness dans un local avec mon petit frère. Cette salle de travail est en tous les cas un super atout pour garder la motivation», commente le solide gaillard de1m90 pour 90 kg au sujet de sa préparation hivernale.

Cependant, ce dur labeur ne remplace en rien l’odeur de sciure et le fait de défier les autres lutteurs du pays. Le flou règne encore quant à une éventuelle date de reprise de la compétition pour ceux que l’on surnomme les «méchants» en Suisse alémanique. Bien qu’il soit difficile d’avoir des perspectives, Matthieu Burger se veut positif sur la suite des opérations. «J’ai connu des moments compliqués. Continuer à s’entraîner de manière individuelle comme cela n’était pas évident. Malgré tout, pouvoir me mesurer à mon frère, en plus de me dire que de toute manière je pourrai reprendre lorsque la lutte sera à nouveau autorisée, m’a permis de demeurer optimiste.»

De la patience pour revenir au top
Privé de compétition depuis la Fête fédérale de Zoug, qu’il avait bouclée à un intéressant 15e rang en août 2019, le jeune lutteur, qui fêtera ses 20 ans le 4 novembre, est freiné dans sa progression. A l’arrêt depuis la fin du mois d’octobre, il est retourné dans la sciure pour la première fois lundi soir, comme le lui autorise désormais le dispositif fédéral.

Il attend avec impatience la «reprise normale», prévue en l’état pour le 22 mars. «C’est clair que ça a fait énormément plaisir de lutter à nouveau, même si j’ai de la marge par rapport à mes jeunes adversaires. J’ai vraiment hâte de pouvoir reprendre avec mes partenaires habituels. Je pourrai voir où j’en suis dans ma progression. Une chose est certaine, il me faudra du temps pour retrouver mon meilleur niveau», commente le Jurassien bernois par rapport aux conditions de reprise.

Une fois que les plus de 20ans seront autorisés à s’entraîner avec contact, une période de préparation d’un mois a été définie avant la mise en place des premières fêtes. Un délai que Matthieu Burger trouve correct.

Alors que l’organisation de manifestations à huis clos avait rapidement été exclue l’an dernier, cette idée prend de l’ampleur pour cette saison2021 (voir ci-dessous). Selon le citoyen des Prés-d’Orvin, mieux vaut des fêtes de cette manière que rien du tout. «C’est clair que sans le public et la tradition folklorique qui l’accompagne, notre sport perdrait un peu de son charme. Après, moi j’ai envie de lutter pour me confronter aux autres. S’il y a une possibilité que des fêtes se déroulent, je suis pour.»

Favorable au plande Swiss Olympic
Justement, un grand débat a agité le milieu de ce sport de tradition. Swiss Olympic a mis sur la table l’idée de le professionnaliser pour garantir la reprise des stars de la discipline.

Si ce projet a été accueilli avec un peu de scepticisme, car certains le jugeaient contraire aux valeurs de la lutte suisse, le membre du club biennois, lui, le soutient. «De plus en plus de lutteurs doivent diminuer leur temps de travail pour rester performants. Il me semble logique qu’ils deviennent pros. Notre société se professionnalise à tous les niveaux. Je ne vois pas pourquoi nous ferions exception. D’autant que notre sport, avec tous ses sponsors et les sollicitations médiatiques, ne peut pas se permettre de vivre une deuxième saison blanche», glisse-t-il pour conclure.

 

La reprise de la relève, une première bouffée d’oxygène

Outre les athlètes comme Matthieu Burger, c’est tout ce qui touche à l’univers de la lutte suisse qui ne sait pas trop sur quel pied danser au moment de planifier la saison 2021. Une chose apparaît tout de même comme claire: dès que les lutteurs seront autorisés à s’entraîner, les sections de l’association bernoise organiseront les différentes fêtes à couronnes, comme par exemple celles du Seeland ou du Jura bernois.

Même si cette dernière a déjà été déplacée aux 11 et 12 septembre, le président de l’Association de lutte du Jura bernois, Reinhard Jossen, veut y croire: «On va tout mettre en œuvre pour que ce week-end à Corgémont puisse avoir lieu à ces nouvelles dates, avec ou sans public».

Besoin de retrouver les copains
En cette fin d’hiver, tout n’est pas noir pour la lutte suisse. Depuis lundi, les athlètes de moins de 20 ans osent reprendre la compétition. Une excellente nouvelle pour l’avenir de la discipline, d’après Reinhard Jossen. «C’est important que les jeunes puissent s’entraîner, car sans activité, il y a toujours un risque de les perdre. Les adolescents entre 12 et 16 ans ont besoin, à mon sens, de retrouver leurs copains durant les entraînements pour rester motivés. La lutte a besoin de relève pour perdurer.»

En plus de cette reprise du côté des juniors, le citoyen de Renan se montre optimiste quant à l’avenir de son association, qui fêtera ses 100 ans en 2022. «Bien qu’il s’agisse d’une phase compliquée pour le sport amateur et l’organisation de grandes manifestations, la motivation est toujours présente», relève Reinhard Jossen. «J’espère que notre sport populaire arrivera à sortir indemne de cette crise.»

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