«Nous sommes là pour les jeunes»

par Sélim Biedermann

Pas de Jérémy Hunt en ce prochain début de printemps sur les hauts de Belprahon, soit le triple tenant du titre ajoulot du Cross du Raimeux. Selon les mesures en vigueur actuellement, seuls les athlètes âgés jusqu’à 20ans auront le droit de se présenter au départ, dimanche lors de la 9eédition de l’épreuve, forcément particulière en temps de pandémie. Et alors! Cela ne change en effet pas grand-chose dans l’esprit des membres du comité d’organisation. «Non, non, absolument pas», sourit Willy Charmillot, le président du Centre d’athlétisme de Moutier(CAM), en charge de ce traditionnel rendez-vous.

Etonnant. L’absence des grands ne froisse donc pas outre mesure les organisateurs. «Ça ne nous fait rien. Nous sommes là pour les jeunes», coupe le Prévôtois. «Disons que l’on travaille pour eux, c’est notre but. Les diverses manifestations que nous mettons sur pied, comme le Meeting de Moutier et les Championnats écoliers de l’AJA (réd:Association jurassienne d’athlétisme), leur sont vraiment destinées. D’ailleurs, dans notre club, on a quasiment essentiellement des jeunes.»

Dimanche à Belprahon, les plus petits lanceront les débats à12h30, sur un tracé de 800m partant du chalet des Grandes Planches. Les départs se succéderont pour la dizaine de catégories d’âge, jusqu’à ceux des plus expérimentés, lesM20, prévus à15h. Et les distances grossiront en parallèle, avec 4km de parcours vallonné, en partie en pâturage, au menu de ces juvéniles aînés de2021. «Cette année, aucun coureur n’effectuera la grande boucle (réd:de 3,2km, que les dames et les messieurs avalent à l’accoutumée respectivement à deux et trois reprises)», précise Willy Charmillot.

Tradition respectée
Il n’était en tout cas pas question d’abandonner une seconde fois de suite la tenue d’une épreuve qui a, comme tant d’autres, subi de plein fouet l’arrivée du Covid voici un an. «On est content de pouvoir quand même organiser quelque chose en cette période où presque rien ne se passe. Nous avons profité de la petite ouverture qui est laissée aux jeunes», glisse le président du CAM, qui n’affiche par ailleurs aucun objectif en terme de participation –il est possible de s’inscrire sur place.

N’aurait-il malgré tout pas été préférable de simplement reporter la manifestation, à l’automne par exemple, en se disant que la situation sanitaire devrait s’améliorer d’ici là? «En athlétisme, le cross se révèle être une très bonne préparation physique à la saison sur piste», rappelle l’habitant de Moutier. «Les compétitions dans cette discipline se tiennent ainsi tôt dans l’année, c’est la tradition.» L’idée de déroger à la règle n’a même pas été envisagée.

Le cross plus à la mode
De toute façon, on l’a compris, ce ne sont pas les «vieux» qui, d’habitude, animent majoritairement le Cross du Raimeux. «L’écrasante majorité de nos coureurs sont des enfants. Les grands ne se motivent plus», regrette Willy Charmillot, mais toujours dans une bonne humeur communicative. A l’occasion du dernier épisode en date, en2019, une petite centaine d’enfants gonflaient une participation totale d’environ 160personnes.

Un faible taux d’adultes qui ne perturbe pas un comité s’activant depuis bientôt une décennie à chaque fin du mois de mars. «Il est clair que le cross a perdu de son importance, qu’il n’est plus à la mode. Mais cela ne fait rien, ou bien? Alors on fait comme si cette discipline était toujours en vogue», rigole la cheville ouvrière de l’événement jurassien bernois. Qui ajoute: «On a d’autant plus de mérite d’organiser quelque chose qui n’a pas de succès!»

Il n’est par conséquent pas surprenant de constater que le Cross du Raimeux demeure l’unique manche du championnatAJA open de cross-country...