Le fromage de Bellelay en fête

Par Marisol Hofmann

Des géants de foins ont pris leurs quartiers devant la Maison de la tête-de-moine, à Bellelay: une paysanne portant des boilles, un moine brassant du lait et une fillette soufflant, sur une girolle, les bougies des 20 ans d’enregistrement du fromage emblématique de la région en tant qu’appellation d’origine protégée (AOP). Telle est justement la raison de l’édification de ces imposantes statues: marquer le coup de cette étape décisive dans l’histoire de ce produit phare interjurassien.
L’interprofession a organisé mardi 27 avril une conférence de presse durant laquelle elle a notamment dressé le bilan de l’évolution de la filière durant cette période vicennale et présenté le livre édité pour cette occasion (lire les encadrés ci-contre). «Le cahier des charges est entré en vigueur le 8 mai 2001, soit il y a presque 20 ans jour pour jour», a rappelé Jacques Gygax, président de l’interprofession. «Cette démarche nous a permis d’apporter de la valeur ajoutée, de positionner notre produit sur le marché et de le faire évoluer. Aujourd’hui, la tête-de-moine est un fromage de référence, connu et vendu dans le monde entier», s’est-il encore réjoui.
Un succès qui a également été salué par Guy Parmelin. «L’enregistrement de la tête-de-moine en tant qu’AOP représente un jalon qui compte pour les produits du terroir jurassien comme pour le patrimoine alimentaire suisse dans son ensemble», a relevé le président de la Confédération dans un message enregistré pour l’évènement.

Passage de témoin
Ce point presse était également une occasion de marquer le passage de témoin qui se concrétisera bientôt au niveau de la gérance de l’interprofession. Olivier Isler, qui a tenu, durant près de 22 ans, les rênes de celle-là, a symboliquement remis la girolle de tête-de-moine (photo ci-dessus) à son successeur, Martin Siegenthaler, dont nous avons dressé le portrait dans nos colonnes il y a peu (Le JdJ du 9 mars).
Olivier Isler est en outre revenu sur les évolutions et les défis des deux décennies écoulées auxquels il a assisté de près, comme, respectivement, la vente du fromage sous forme de rosettes préparées et l’organisation d’événements tels que la Fête de la tête-de-moine en 2016, la crise des subprimes, la suppression du taux plancher ou encore le Covid.
«La filière devra mener une réflexion concernant l’avenir de la Maison de la tête-de-moine, à Bellelay, dans un contexte de restructuration du site de l’abbaye», a mentionné Olivier Isler au moment de parler des défis à venir. Ces derniers relèveront toutefois, dès le 1er juin, de la compétence de Martin Siegenthaler.

L’odyssée de la tête-de-moine
L’interprofession de la tête-de-moine a également présenté l’ouvrage publié à l’occasion des 20 ans de l’enregistrement du formage de Bellelay en AOP, intitulé «L’univers de la tête-de-moine». Paru aux éditions D+P SA, à Delémont, il retrace l’odyssée de ce produit phare, de son noyau originel (Bellelay) à son rayonnement sur le marché fromager mondial, à travers textes et images du photographe Pierre Montavon. «Le point fort de cet ouvrage est la présence humaine. Il s’agit non seulement de dresser le portrait de ce fromage de caractère mais aussi de celui des nombreux acteurs qui contribuent avec passion à son succès», a indiqué l’artiste jurassien. Ses photographies feront l’objet d’une exposition présentée dès le 1er mai à la Maison de la tête-de-moine.

Le succès en chiffres

• 20 Le nombre d’années  depuis lesquelles la tête-de-moine bénéficie du label AOP.
• 1997 L’année durant laquelle a été fondée l’interprofession.
• 44 Le nombre de pays dans lesquels le fromage de Bellelay est vendu.
• 62% La part de la production exportée.
• 370 Le nombre d’emplois équivalents plein temps créés par la filière.
• 237 Le nombre de producteurs de lait pour la tête-de-moine.
• 90 millions Le chiffre d’affaires annuel généré par la filière, dont près de la moitié reste dans sa région d’origine.