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Cyclisme

La foule malgré la crise à Saint-Imier

Un public très discipliné a suivi en nombre la deuxième étape du Tour de Romandie, aussi bien le long des cols qu’au cœur de Saint-Imier, où l’arrivée s’est néanmoins faite dans «une bulle sanitaire».

Pas évident de gravir les cols de la région imérienne même pour les coureurs du Tour de Romandie!

par Sélim Biedermann


«Bulle sanitaire» à l’arrivée –ainsi qu’au départ à LaNeuveville–ou pas, le public de la région n’a pas boudé le Tour de Romandie(TdR), dont la deuxième étape s’est terminée à Saint-Imier jeudi en fin de journée par la victoire au sprint de l’Italien Sonny Colbrelli. Que ce soit aux Pontins, au Mont-Crosin, aux Convers, au cœur de la cité imérienne, de même que du côté neuchâtelois, principalement à Chaumont, LaChaux-de-Fonds et la Vue-des-Alpes, les mordus de cyclisme, surtout, se sont pressés pour garnir le bord des routes.

«C’est le pied géant!», lance Daniel Viret, qui s’est rendu au sommet de plusieurs cols durant la journée avec le plus grand enthousiasme qui soit, un téléphone portable en main pour filmer. En l’occurrence, c’est aux Pontins que le Loclois livrait ses impressions. «Quand le Tour de Romandie vient chez nous, je ne peux pas faire autrement que de m’arrêter pour voir les coureurs. J’adore le cyclisme! J’en fais en tant que touriste. Il faut dire que j’ai été un peu porté là-dedans par mon ami Jean-Mary Grezet.» Un ancien champion du peloton mondial.

«C’est déjà bien que l’on soit autorisé à venir»
Sans surprise, Daniel Viret était déjà présent en1984, à l’occasion de la deuxième des désormais quatre arrivées d’étape que compte la commune de Saint-Imier dans l’histoire du TdR –avec 1950, 2015 et donc2021. Son illustre voisin et ami loclois avait remporté le contre-la-montre final, du coup quasiment à domicile. «Il avait gagné juste là en dessous», s’exclame ce féru de deux-roues.

A deux pas de ce dernier, toujours dans les environs du Chasseral, Denis Dell’Acqua faisait également part de sa joie d’être là. «C’est déjà bien que l’on soit autorisé à venir au bord de la route», souligne-t-il. «J’ai fait beaucoup de vélo à l’époque, je suis aussi allé deux fois sur le Tour de France», lâche encore en véritable passionné le citoyen de Cormoret, «le plus beau village du vallon», glisse-t-il au passage...

Et d’applaudir et encourager vivement les six athlètes échappés puis le peloton au bout d’une rude ascension, au milieu de nombreux autres observateurs avertis et pour la plupart masqués, selon les recommandations de l’Union cycliste internationale. «Je préfère me rendre sur les cols pour voir passer les coureurs. Parce que c’est pénible pour eux, il faut le faire! Ça monte, ici, c’est plus dur que de l’autre côté au Mont-Crosin», relève en connaisseur Denis Dell’Acqua. «A la sortie de Saint-Imier, vers le cimetière, ça vous casse les jambes.»

«Dommage de rater un tel événement»
D’autres spectateurs n’ayant pas un amour à ce point prononcé pour le cyclisme sont aussi venus assister à cette deuxième étape du TdR. Et pour certains sans devoir se déplacer du tout: «Je suis né aux Pontins et j’y ai passé toute ma vie», sourit Jean-Philippe Aeschlimann, l’ex-tenancier du restaurant du lieu. «Je ne suis pas un fan, mais j’ai des bons souvenirs des anciennes étapes dans la région. J’apprécie toujours bien de regarder passer les coureurs. Et je les ai même vu deux fois aujourd’hui!»

Nadège Piffaretti non plus n’est pas une aficionado du vélo. Pourtant, elle s’est installée parmi le bruyant et chaleureux public au cœur de sa ville, à un peu plus de 200m de la ligne –ce sont finalement les 100derniers mètres, et non pas240 comme initialement envisagés, qui étaient protégés par un double et haut barrièrage, un changement décidé seulement mercredi soir. «Ça aurait été dommage de rater un tel événement. Je suis là parce que les coureurs sont sur place, et aussi pour montrer tout ceci à mon fils», explique-t-elle derrière son masque, à l’image, cette fois, de toutes les autres personnes présentes le long de l’ultime tronçon du parcours jurassien bernois.

Pas de village du tour à Saint-Imier, ni d’animations, de milliers de gens entassés en soirée pour prolonger les festivités à cause du Covid –ils étaient plus de10000 en2015–, mais quand même la foule, le temps d’une arrivée d’étape. «Cela ne dure pas longtemps. Toutefois, en période de crise sanitaire, on profite volontiers de cette manifestation», poursuit Nadège Piffaretti. «Je suis d’ailleurs étonnée de voir autant de monde.»

«Un bon gigot sans les ingrédients qui vont avec»
D’autres spectateurs, amers, ont préféré faire l’impasse sur un final certes spectaculaire mais furtif et sans célébrations. «C’est dommage. C’est terrible, même», appuie Daniel Viret. «L’ambiance n’est pas la même.» Habituellement, la proximité avec les cyclistes dans l’aire d’arrivée s’avère en effet conséquente. «On peut souvent leur dire bonjour, leur taper sur l’épaule. C’est même le but d’une journée comme ça de voir les coureurs à l’arrivée... Les admirer sur le podium, c’est extraordinaire, carrément à chialer!»

Le Loclois se dit néanmoins bien content que le TdR ait pu se dérouler. Mais il y a un «mais»: «C’est comme un bon gigot sans les ingrédients qui vont avec».


 

Le bilan de... John Buchs
président du comité d’organisation imérien

«Il y a un grand bénéfice à retirer de cette organisation»

 

Pour le comité local, le bilan est très positif. Et ce sous deux aspects. D’abord celui de la sécurité, qui nous tient à cœur et qui est le grand souci des organisateurs, car le risque zéro n’existe pas. Il n’y a eu aucun problème! La police n’a pas dû intervenir. Je tiens ainsi à remercier la population, qui a montré que les gens de notre région étaient très disciplinés. Et pourtant il y a eu du monde partout, mais tous ont joué le jeu. Ensuite par rapport au fait que de grosses pluies étaient annoncées et que l’on en a finalement pas du tout eues, ce qui a permis aux gens, tout en respectant les mesures sanitaires, de profiter de cette magnifique étape.

L’image de notre merveilleuse région a d’ailleurs été très bonne. On a mis en exergue nos potentiels, et le principal, ici, est notre paysage. Parmi les 16millions de téléspectateurs, je suis persuadé qu’un certain nombre voudront venir le découvrir, ainsi que les produits que nous avons mis en valeur. Dont le fromage tête-de-moine. Le reportage télévisé sur les éoliennes et les panneaux photovoltaïques de Mont-Soleil était aussi d’une grande qualité.

Au-delà du regret, et même de la tristesse de ne pas avoir eu 10000 à 15000 personnes ni de village du tour, il y a donc un grand bénéfice à retirer de cette organisation.

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