Une détermination synonyme de promotion

par Sélim Biedermann

C’est fait. Le FCBienne a décroché sa promotion après une bataille de haute lutte et un succès3-2 mercredi soir à Niederhasli face à la réserve de Grasshopper (voir notre édition de jeudi). L’occasion de revenir sur une saison aussi particulière qu’exceptionnelle, qui a conduit les Seelandais jusqu’en Promotion League, en compagnie de Dietmar Faes. Un président qui avait forcément de petits yeux, en ce lendemain de fête...

Alors, Dietmar Faes, bien dormi?
Très bien dormi! Même si la nuit n’a pas été assez longue après une promotion pareille. Il y a eu tant d’adrénaline et d’émotions qu’il n’était pas évident de trouver le sommeil.

Le FCB a obtenu 35 points sur 39 possibles. Il a tout gagné à l’extérieur. Un remarquable bilan.
On est le seul club des trois groupes de 1religue qui n’a subi aucune défaite cette saison. Les deux nuls ont été enregistrés lors de derbies, face à Bassecourt et Soleure, des adversaires très motivés contre nous. Cela démontre la détermination dont ont fait preuve notre équipe et notre staff.

Autre brillant bilan, seulement sept buts ont été encaissés en 13matches.
On possède en effet également la meilleure défense de 1religue. Elle a donné beaucoup de stabilité à l’équipe. Adrian Fleury (réd:milieu de formation, il a été repositionné à l’arrière), Karim Ghomrani et le gardien Nicolas Grivot ont notamment connu une très grande saison. Mais au final, c’est grâce à la totalité des joueurs que nous sommes parvenus à ce résultat.

Une des clés de la réussite biennoise vient aussi de son conséquent contingent de qualité.
Nous pouvons compter sur beaucoup de bons joueurs, c’est clair. Mais il s’agissait de savoir comment procéder avec eux, de créer un groupe solidaire, afin que ça tourne bien. Je pense que c’est davantage cela qui a permis à Bienne de célébrer la promotion. On l’a encore vu contre Grasshopper. Nous n’avons pas livré un bon match. Mais on a mis du cœur, de l’engagement et de la volonté dans la bataille, et on a finalement été récompensés. Bien sûr, il a aussi fallu une part de chance. Comme lors du mercredi précédent. L’orage qui avait provoqué le renvoi de cette rencontre face à GC, alors que nous étions menés1-0 à la mi-temps, était un signe. Peut-être pas du destin, mais il nous a réveillés!

Malgré cette position de leader au bout du compte, rien n’aura été simple, principalement en raison du Covid et des huit mois sans compétition en cours de saison...
On savait que le championnat pourrait être raccourci, on en était pleinement conscients. Il s’agissait donc de tout gagner! Un nul était pris comme une défaite. Notre résultat final montre ainsi notre conviction. Mais cela n’a pas été facile pour autant. Cette longue pause sans match a coupé notre rythme. Les joueurs poursuivaient un objectif, qui s’est soudain éloigné. Il était ainsi très difficile pour eux de maintenir le focus sur celui-ci. C’était plus simple pour le président... Mais le staff  d’entraîneurs a su faire progresser l’équipe, il lui a permis de continuer d’avancer.

Le fait qu’uniquement la moitié du championnat a pu être disputée n’enlève rien à la saveur de cette promotion, on imagine?
Ce n’est pas une promotion au rabais, elle s’avère méritée. Chaque équipe était au courant de la situation. Qui plus est, je considère notre groupe comme le plus relevé de 1religue, avec de solides adversaires tels que Baden, Soleure, Wohlen et Delémont, entre autres...

Il reste toutefois encore un match à disputer cette saison, ce samedi à Dietikon en Coupe de Suisse. Une victoire propulserait Bienne au premier tour principal...
Nous avons encore beaucoup d’adrénaline après cette fin de championnat à suspense, et j’espère bien qu’elle va demeurer jusqu’à ce week-end. Dietikon vient d’être relégué en 2eligue inter, mais cette formation reste sur un succès4-1 face à Linth, pourtant classé au 3erang dans son groupe, pas plus tard que ce mercredi. Il faudra s’en méfier. Car nous voulons pouvoir peut-être être récompensés en tombant contre une grosse équipe de Super League à la mi-août. Une affiche qui amènerait alors des recettes supplémentaires très importantes dans les caisses du club et qui représenterait la cerise sur le gâteau pour nos spectateurs. Des fans fantastiques, soit dit en passant, qui sont une réelle force et participent au succès du FCBienne.

«La région mérite d’avoir un club de football professionnel»

Dietmar Faes a gagné son premier pari, qui était de remettre le FCBienne sur la carte du football suisse après sa faillite survenue il y a maintenant cinq ans. Voici les Seelandais en troisième division nationale.

Dietmar Faes, trois promotions en cinq ans, quelle réussite!
Je dirais même en quatre ans, étant donné que la saison2019/20 a été annulée et qu’on était du reste bien partis pour prendre part aux finales de promotion. En reprenant la présidence en2016, j’espérais que le FCBienne puisse remonter en Challenge League en quelques années. Après qu’il soit tombé en 2eligue, on a d’abord fêté deux promotions successives (réd:avec le coach Kurt Baumann). Ensuite, nous avons opéré les bons choix, nous l’avons prouvé. On se devait de prendre de nouvelles décisions, comme notamment l’engagement d’Anthony Sirufo au poste d’entraîneur. Mauro Ierep, le successeur d’Arturo Albanese en tant que directeur sportif, a aussi effectué du très bon travail. Nous avons ainsi réussi à accéder à la Promotion League, soit la promotion la plus difficile à obtenir en Suisse, à mon avis, puisque que seules deux équipes sur les42 que comptent les trois groupes de 1religue peuvent monter chaque saison. Je suis très content! Je ne sais pas si un ancien président du FCBienne a vécu pareil bonheur. Et nous allons essayer de continuer sur cette voie.

La voie qui mène à la Challenge League, donc?
Bien sûr! A Bienne, on dispose d’une infrastructure et d’un public fantastiques. La ville, et plus largement la région mérite d’avoir un club de football professionnel. Il est important qu’on garde le cap et qu’on aille plus haut. Mais ce ne sera pas forcément l’objectif dès le prochain exercice. Dans un premier temps, il s’agira de s’adapter à notre nouvelle catégorie de jeu, avec un budget qui augmentera environ de20% par rapport à cette saison, c’est-à-dire qu’il va passer de600000 à700000 ou 750000francs. Après, on pourra viser la Challenge League, et pour ce faire, il faudra pouvoir s’appuyer sur au moins un million de francs. Dans deux ans, on tentera de jouer les premières places. Et dans trois ans, on espère être un concurrent sérieux dans la course à la promotion.

Au vu de la qualité du présent effectif, il n’y a priori pas besoin de recruter tous azimuts en vue de la saison2021/22, lors de laquelle Anthony Sirufo restera à la barre?
Maintenant, on se situe vraiment sur le bon chemin. Je ne vois pas pourquoi on devrait changer quelque chose, il est au contraire important de garder une certaine continuité. Anthony Sirufo, un excellent entraîneur, qui s’identifie au club, a justifié à100% la confiance qu’on lui accorde (réd:son contrat a été prolongé jusqu’à l’été2022 avec option pour une année supplémentaire). Côté effectif, la majorité des joueurs vont rester. Ils ont mérité de jouer en Promotion League. Mais certes, on va tout de même engager deux ou trois renforts (réd: dont Valentin Nushi, attaquant du FCTavannes/Tramelan cette saison en 2eligue inter).

Le regard de l’entraîneur
Anthony Sirufo
au FC Bienne depuis l’été 2019

«On peut désormais savourer»

En 2019, je suis venu dans un club ambitieux, et je l’étais aussi. On m’a d’abord donné deux ans de contrat dans le but d’accéder à la Promotion League. Il était ainsi écrit que cette année devait être la nôtre. C’est une promotion méritée, une belle récompense. On avait déjà effectué un très bon premier exercice après mon arrivée, avant qu’il ne soit annulé. Puis on a peaufiné l’effectif au dernier mercato estival. On avait affiché nos ambitions, et on les a respectées. On peut désormais savourer! Cette saison, on a pris chaque match comme une finale, pour un bilan remarquable. Mais ce n’était pas simple: sur 13parties, il fallait en gagner11 pour pouvoir fêter la promotion. C’était en outre plus compliqué depuis la reprise du championnat, même si on a quand même obtenu 10points sur12 lors de ces quatre dernières rencontres. Honnêtement, avec cette longue pause due au Covid, nous sommes passés par tous les sentiments... La saison a été dure moralement. Maintenant, il nous reste encore un match de Coupe de Suisse à disputer, et nous avons vraiment à cœur de le gagner, afin, aussi, de demeurer invaincus. En tous cas, nous avons créé des bases solides en vue de l’avenir et démontré que le FCBienne ne devait pas rester en 1religue.