Une page se tourne dans le paysage social

Par Maeva Pleines

La décision fut douloureuse, mais «c’était la seule solution responsable», convient la directrice générale d’Action Paysage Bienne-Seeland SA. Marion van der Meer préfère rester sobre au moment d’annoncer le dépôt de bilan de l’entreprise à but non lucratif active depuis 1993 dans la cité seelandaise. «Croyez-moi, nous avons tourné le problème dans tous les sens pour trouver une alternative, mais la priorité reste de garantir des conditions décentes aux employés qui s’engagent de tout leur cœur dans ce travail social. Ce n’était malheureusement plus possible», regrette-t-elle.
Les 23 collaborateurs ainsi qu’une centaine de participants aux programmes ont donc été informés de ce premier pas vers la faillite hier matin. Le juge du Tribunal du Jura bernois-Seeland en a aussi été notifié. Désormais, le futur de l’entreprise repose entre ses mains. «Il lui appartient de déterminer si, et comment, les programmes et les commandes existants pourront être exécutés», souffle Marion van der Meer.

Gouffre financier
Sans accuser ouvertement la pandémie, la directrice admet que les difficultés financières ont commencé au printemps2020. «L’année 2019 avait pourtant généré les meilleurs chiffres d’affaires de notre histoire...» La Biennoise cite des pertes de revenus liées au ralentissement des activités, à la perte de mandats due au Covid-19 et à une baisse des recettes provenant des programmes d’intégration professionnelle. L’entreprise a également manqué de ressources humaines, car elle emploie de nombreux bénéficiaires de l’aide sociale et des chômeurs de longue date. «Ils ont diminué grâce à la prolongation des délais à l’ORP et aux possibilités de chômage partiel», explique Marion van der Meer.
Ces lourds problèmes d’argent avaient été évoqués lors d’une assemblée générale extraordinaire en présence des actionnaires le 21décembre. Les principaux propriétaires de parts, le Réseau Lac de Bienne et la Ville de Bienne, avaient alors exprimé leur solidarité tout en posant certaines limites. Le premier avait offert une contribution à condition qu’Action Paysage présente une stratégie pour reprendre le contrôle de ses finances. La Ville avait accordé un prêt de 50000francs si, et seulement si, l’association réunissait un total d’au moins 200000 francs. «Car une somme inférieure ne ferait que mettre l’organisation à nouveau en difficulté financière», avait confié le directeur biennois des Affaires sociales Beat Feurer au Bieler Tagblatt.

Perte pour Bienne
Malgré les efforts de la direction et du conseil d’administration ainsi que les mesures d’économie mises en place, il a été impossible de compenser rapidement le manque à gagner par des réductions de coûts. Ainsi, l’objectif n’a pas pu être atteint. «Pour un assainissement durable, il aurait fallu des paiements à fonds perdu ou des abandons de créances d’un montant d’au moins 200000francs», note Marion van der Meer.
En chœur avec le conseil d’administration, elle regrette l’évolution de ces derniers mois mais tient à remercier avant tout «une équipe formidable» et des partenaires fidèles pour leur confiance de longue date. Chacun espère que les programmes puissent perdurer. Action Paysage gère, entre autres, de l’accompagnement aux courses pour les seniors, de la livraison à domicile, une bourse aux vêtements pour enfants, un service de nettoyage des bus, un atelier du bois, ou encore quelque 350mandats de préservation du paysage naturel autour du lac de Bienne.