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Bienne: culture

La harpiste qui préfère le hors-piste

La fondatrice de la Compagnie Bin°oculaire Manon Pierrehumbert partira pour six mois en résidence à New York, dans l’appartement mis à la disposition des artistes par le canton

Manon Pierrehumbert résidera six mois à New York dès août prochain. Matthias Käser

Pierre-Yves Theurillat

Musicienne, comédienne, directrice de compagnie, harpiste au sein du Collegium Novum Zürich mais aussi membre du comité directeur du Forum Culture, la Biennoise Manon Pierrehumbert cumule les activités.  Récemment, elle a gagné la possibilité de séjourner six mois à New York dès août prochain, dans l’appartement mis à disposition par le canton de Berne, avec une bourse lui permettant de subsister sur place. Un rêve se réalise. Celui de préparer un projet artistique tenu secret au cœur de la Grande Pomme.

«Je prends cela comme un immense acte de confiance envers les artistes. C’est beau que de telles bourses existent et je suis extrêmement reconnaissante d’avoir l’honneur d’en bénéficier», exprime la harpiste de 29 ans. Elle qui a déjà séjourné deux fois à New York, dont un mois l’an dernier, dit en effet adorer cette ville: «Il y souffle un vent de liberté qui n’est pas purement américain, avec son cliché ‹si je veux, je peux›, mais quand même... Cet élan-là, je l’ai senti très fort. La ville constitue une nourriture intellectuelle et sensorielle précieuse qui m’inspire  totalement».

Une ville qui, selon ses termes, est en train de changer:«Le quartier de Brooklyn, par exemple,  est devenu très cher. Cela chasse les artistes, mais n’empêche pas l’effervescence. New York est une cité qui nous fait oser les choses. Elle est en soi très différente des autres villes que j’ai connues, que ce soit Paris, Berlin ou Londres. Quelque chose existe de totalement autre à New York», évoque-t-elle, enthousiaste.

Manon Pierrehumbert reçoit ses premières leçons de harpe dans la classe d’Anne Bassand au Conservatoire de La Chaux-de-Fonds. Cette professeure l’a accompagnée jusqu’à l’obtention, avec distinction, du diplôme d’enseignement en 2005. «Mes parents m’ont raconté que j’avais eu le coup de foudre à quatre ans pour cet instrument grâce à un harpiste sud-américain qui se produisait à la gare de Neuchâtel. A six ans, j’ai reçu une petite harpe et commencé les cours. J’ai toujours eu un plaisir fou à jouer et autour de 13-14 ans, j’ai assez naturellement fait le choix d’en faire mon métier», se souvient-elle.

Manon Pierrehumbert. Photo: Matthias Käser

Dès 2006, elle étudie à Londres, avec Skaila Kanga à la Royal Academy of Music et y obtient en 2009 le Postgraduate Diploma in Performance, mention avec distinction. Manon Pierrehumbert étudie ensuite le théâtre musical à la Haute école des arts de Berne. Elle termine actuellement un certificat en médiation culturelle à Lausanne.

Entre musique et théâtre

En plus de l’enseignement et de ses activités de concertiste et soliste classique et contemporaine, Manon Pierrehumbert a fondé la Compagnie Bin°oculaire en 2011. Le trio, formé également de Delphine Bouvier et Elisabeth de Merode flirte entre l’art musical et théâtral. «Le dialogue sans détours des arts entre eux, la communication interdisciplinaire et une approche plus expérimentale que classique m’intéressent», souffle-t-elle.

La compagnie a tourné le spectacle «Avant de se retrouver» à Lausanne, Bienne et à Bruxelles. Cette pièce – qui parle de l’identité et de la quête de soi – sera encore jouée à Genève, à Moutier (le 16 avril prochain) et à La Chaux-de-Fonds, la ville d’origine de Manon Pierrehumbert, en juin. «Après avoir mis autant de nous-mêmes dans ce projet, nous attendions un écho. L’accueil, la fréquentation à Lausanne, notamment, ont été très bons. C’est allé en crescendo. Nous avons bénéficié d’une très bonne médiatisation qui a clairement draîné du public. A Lausanne, nous avons même dû refuser du monde. Venant de la musique contemporaine, c’est plutôt surprenant», s’amuse à penser la musicienne.

«De manière subjective évidemment, nous avons senti les spectateurs touchés de diverses façons et pour différentes raisons, ce qui nous a encouragé et enthousiasmé. Nous souhaitions de tout cœur que les gens puissent se trouver un peu au travers de nos parcours et c’est ce contact avec le public qui était vraiment inédit et très beau à travers ce spectacle», souligne-t-elle encore.

Les trois musiciennes ont pu se frotter au plaisir du texte, à l’adresse directe au public que cela implique, elles qui ne sont pas comédiennes à la base. « Ça nous a fait prendre un autre chemin pour embrasser la scène et partager nos questionnements.» En parallèle à ce spectacle, un autre couve, intitulé «Le dressage», qui sera joué ce mois dans le cadre des Midi-Théâtre! des Spectacles Français au Théâtre Palace de Bienne (voir ci-dessous). La troupe partira ensuite en tournée dans différentes villes de Suisse romande.

Cie Bin°oculaire
«Le dressage», LU, MA et ME 14, 15 et 16 mars à «Midi Théâtre!»,  au Théâtre Palace et «Avant de se retrouver», SA 16 avril, à Chantemerle, Moutier.

www.binoculaire.ch

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