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SIAMS 2014

Simple concept marketing ou vraie opportunité?

Devant près de 200 personnes, une table ronde a réuni plusieurs spécialistes qui ont partagé leur vision de la smartwatch, à la croisée des chemins entre horlogerie et technologies de l’information et de la communication

CEOde Hyetis SA, Arny Kapshitzer a présenté mardi soir la montre connectée Crossbow, bardée d’électronique, mais dotée d’un mouvement mécanique et qui affiche trois aiguilles. (Stéphane Gerber)

Philippe Oudot

La montre connectée, dite 2.0, marquera-t-elle une nouvelle révolution dans l’horlogerie? Dans un monde hyperconnecté, l’avenir de la montre suisse passe-t-il par un mariage entre la tradition horlogère et les technologies de l’information et de la communication (TIC)? C’était le thème choisi pour la table ronde organisée mardi soir dans le cadre du SIAMS par la CEP, Creapole et AlpIct.

Premier intervenant, Xavier Comtesse, directeur romand du laboratoire d’idées Avenir Suisse et qui se définit comme agitateur d’idées, a d’emblée douché les enthousiasmes: «La montre 2.0, je n’y crois pas du tout. Une smartwatch n’est en effet pas une montre, c’est un carnet de santé qu’on porte au poignet et qui, accessoirement, affiche l’heure, mais elle ne la fabrique pas comme le fait une montre! Cette dernière est devenue aujourd’hui un bijou, qui véhicule une émotion.» Pour Xavier Comtesse il n’y a donc pas de convergence entre l’univers horloger et le monde de l’informatique.

Et si tous les nouveaux venus misent sur la smartwatch plutôt qu’un autre support, «c’est parce que la montre se vend dix fois plus cher que son prix de production. En effet, il n’y a pas d’autre produit qui offre de tels rapports», a-t-il lancé, un brin provocateur. Et d’avertir que certains acteurs vont au-devant de mauvaises surprises: dans l’horlogerie, le service après-vente est essentiel. Ceux qui ne sont pas en mesure de l’offrir n’y survivront pas.

Un pionnier nommé Tissot

Président de Tissot et membre de la direction générale du Swatch Group, François Thiébaud a rappelé que le géant horloger a songé à la smartwatch avant tout le monde, «puisque l’appellation a été déposée par le Swatch Group en 1987 déjà». Ases yeux, la première montre connectée a été la Swatch Access en 1995, suivie en 1999 de la T-Touch. Mais si ce garde-temps aux multiples fonctionnalités est devenu l’icône de la marque Tissot, il ne représente toutefois que 5%des ventes, a relevé l’orateur.

Mais à voir l’intérêt qu’elle suscite, la montre connectée pourrait-elle détrôner la montre mécanique et devenir l’avenir de l’horlogerie suisse? Certainement pas, selon François Thiébaud, car «l’horlogerie mécanique, de par le caractère émotionnel qu’elle porte, a encore un bel avenir. Mais nous avons deux poignets, et il y a la place pour un produit connecté sur l’autre!»

Tissot et Swatch y travaillent d’ailleurs activement, mais pas question de foncer tête baissée. Car si le Swatch Group dispose du savoir-faire et que la montre connectée est au point sur le plan technique, il y a d’autres obstacles. «Acommencer par la commercialisation. Nous voulons aussi garder notre indépendance et rester maître de notre technologie. Et il faut aussi songer au service après-vente. La montre connectée, je l’ai, mais il faut aussi tenir compte de la réalité commerciale!», a martelé le président de Tissot.

Mariage de deux mondes

CEOde la PME Hyetis, Arny Kapshitzer a dévoilé le fruit de la collaboration entre sa société et Exelen:une montre connectée appelée Crossbow, équipée d’un mouvement mécanique, dotée de trois aiguilles mais qui est aussi bardée d’électronique, avec fonctions GPS, MP3, alertes de courriels, calendrier, météo et autres données de santé – le tout logé dans un espace de 36mm de diamètre! Contrairement aux autres montres connectées qui existent sur le marché et «qui ne sont que des tablettes qu’on porte au poignet», la Crossbow est une véritable montre mécanique, avec son côté émotionnel, tout en offrant une foule de fonctionnalités liées aux TIC. Soulignant qu’aucun concurrent ne propose aujourd’hui un tel produit, Arny Kapshitzer a affiché ses ambitions: atteindre la barre du million de pièces dans sept ans.

Pour sa part, l’Indien Rajiv Srivastava, CEOde la PMEMajamba (entreprise qui propose notamment des services web dans le domaine du marketing des applications mobiles) a évoqué son projet de faire la montre la plus cool du monde, en reprenant le modèle des réseaux sociaux. Et pour cela, il a lancé un appel pour produire ce garde-temps.

Appels d’urgence

Dans le domaine des montres connectées, Limmex SA fait partie des pionniers, a quant à lui rappelé son directeur Martin Reber. Depuis 2008, cette entreprise a développé une montre qui, d’une simple pression sur la couronne, permet de lancer un appel téléphonique d’urgence. Une montre destinée à un public de personnes âgées, mais aussi de sportifs ou de gens qui ont un besoin de sécurité, a-t-il expliqué.

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