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Attentats de Bruxelles

La connexion franco-belge

Deux ou trois kamikazes responsables du massacre ont été identifiés. L’artificier des attentats de Paris pourrait faire partie du nombre.

La vigilance reste à son paroxysme en Belgique. Keystone

Bruxelles
Tanguy Verhoosel

C’est de plus en plus évident: c’est la même filière de terroristes qui est à l’origine des attentats de Paris, en novembre 2015, et de Bruxelles, mardi. Selon un bilan provisoire – le travail d’identification des victimes, aux corps parfois déchiquetés par les explosions, est toujours en cours –, les attaques perpétrées dans la capitale belge ont fait (au moins) 32 morts et plus de 300 blessés, d’une quarantaine de nationalités différentes.

Deux des kamikazes qui ont provoqué ce massacre, l’un dans la station de métro bruxelloise de Maelbeek, en plein cœur du quartier européen de la capitale belge, l’autre (ils étaient trois assaillants, au total) dans le hall des départs de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, ont été formellement identifiés, grâce à leur ADN. Il s’agit de deux frères, Khalid (27 ans) et Ibrahim (30 ans) El Bakraoui, fichés au grand banditisme et recherchés dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Paris.

Des liens avec les attaques de Paris

C’est en remontant la piste des munitions utilisées lors des attaques de Paris que les enquêteurs français et belges ont commencé à traquer les deux criminels, des maniaques de la kalachnikov.

Ils ont alors découvert que l’un d’entre eux, Khalid, avait loué sous un nom d’emprunt un appartement, à Charleroi, qui a servi de planque aux terroristes avant les attentats de Paris, puis un autre, dans la commune bruxelloise de Forest, où ont été découverts de nombreux indices qui ont conduit à l’arrestation de Salah Abdeslam, le 18 mars. Des liens peuvent donc être formellement établis entre les attaques en France et en Belgique.

Des trois terroristes présents à Zaventem, deux n’ont pas encore été identifiés avec précision, a précisé le Parquet. L’un s’est fait exploser sur place, l’autre est en fuite.

Artificier pulvérisé?

Selon les médias belges, le deuxième kamikaze pourrait être l’artificier des attentats de Paris et de Bruxelles: le Belge Najim Laachraoui, alias Soufiane Kayal. Il aurait été responsable de la deuxième explosion à Zaventem.

Filmé par les caméras de surveillance de l’aéroport de Zaventem, le troisième terroriste était lui aussi porteur d’une valise bourrée de puissants explosifs, qu’il n’a pas fait sauter. Les démineurs de l’armée belge s’en sont chargés.

Grâce aux indications d’un chauffeur de taxi, des perquisitions ont été menées dans la nuit de mardi à hier dans un appartement de Schaerbeek, une autre des 19 communes qui forment la région bruxelloise. Le procureur général belge, Frédéric Van Leeuw, a indiqué qu’y ont notamment été découverts 15 kg d’explosifs, des détonateurs et une valise pleine de clous et de boulons, que les terroristes n’ont pas pu déplacer à Zaventem (en raison de la petite taille du taxi).

Dans une poubelle, à proximité, les enquêteurs ont également découvert «un ordinateur contenant le testament d’Ibrahim El Bakraoui». Il déclare sa détresse, alors qu’il est pourchassé, et sa volonté de ne pas vouloir prendre le risque de terminer sa vie dans une cellule de prison, comme Salah Abdeslam.

D’autres opérations policières ont été menées, hier, à Bruxelles, dans l’espoir de capturer le terroriste vivant. Elles ont été vaines, ce qui a incité les autorités belges à maintenir au maximum le niveau d’alerte sur l’ensemble du territoire du Plat Pays – c’est du jamais vu.

Outre les policiers, omniprésents, un millier de militaires sont désormais déployés à Bruxelles. Les contrôles et les mesures de sécurité ont par ailleurs été renforcés aux abords de certains sites sensibles, tels que les centrales nucléaires et les infrastructures de transport en commun.

La vie, cahin-caha

Malgré tout, la vie a repris, cahin-caha, son cours à Bruxelles, au premier des trois jours de deuil national décrétés par le gouvernement – les drapeaux belge, français et européen sont tous en berne.

L’aéroport de Bruxelles restera interdit à tout trafic aérien, en tout cas jusqu’à samedi matin. Mais certaines lignes de métro, de tram et de bus ont été réactivées. Et la plupart des gares bruxelloises rouvertes à la circulation, sous haute surveillance.

Parallèlement, une minute de silence – assourdissante, comme toujours dans ces cas-là – a été respectée hier, à midi, un peu partout dans le pays. Ce sera rebelote, aujourd’hui.

Dans ce contexte, la Commission européenne a accueilli dans son quartier général, distant de 300 mètres à peine de la station de métro de Maelbeek, le couple royal belge, le premier ministre français, Manuel Valls, ainsi que l’ensemble des membres du gouvernement fédéral du Plat Pays.

À quelques kilomètres de là, un centre de rassemblement et de recueillement a été improvisé devant les marches de la Bourse, dans le centre historique de Bruxelles. Des milliers de badauds et de VIP (dont la maire de Paris, Anne Hidalgo) y ont défilé, hier. Leur cri de guerre: «Même pas peur.»

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