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Conflit syrien

Moscou et Paris cherchent à coopérer contre l’Etat islamique

Le président russe, Vladimir Poutine s’est dit prêt à «coopérer» en recevant, hier, au Kremlin, son homologue français, François Hollande

François Hollande et Vladimir Poutine semblent prêts à unir leurs forces dans la lutte contre l’Etat islamique. Keystone

Moscou
Pierre Avril

A défaut de grande coalition militaire unifiée en Syrie – un objectif qui semble politiquement inatteignable –, François Hollande devait repartir de Moscou avec la promesse d’une coopération accrue des forces aériennes russes et françaises dans la lutte contre le groupe Etat islamique. Le président français a rencontré, hier soir, au Kremlin, son homologue Vladimir Poutine pour la dernière étape de son marathon diplomatique post-attentats, entamé mardi à Washington.

«Je suis ici pour déterminer comment nous pouvons nous coordonner pour vaincre ce groupe terroriste et trouver une solution politique», a déclaré le président français, plaidant en faveur d’une «large coalition». «Nous sommes prêts pour cette coopération», a répondu Vladimir Poutine. Les deux hommes ont échangé des témoignages de condoléances s’adressant aux victimes russes et françaises du crash aérien en Egypte et des attentats parisiens. «C’est pour elles que nous devons agir», a insisté François Hollande.

Différends avec les Etats-Unis

Les deux hommes se sont d’abord vus en comité restreint, associant, côté français, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et son homologue russe, Sergueï Lavrov. Un dîner élargi, conviant notamment le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s’en est suivi.

Lui-même initiateur de ce projet de grande coalition internationale, le président russe n’avait reçu aucun soutien occidental, en particulier de la part des Etats-Unis, lorsqu’il avait présenté sa proposition à l’ONU, le 28 septembre. Washington et Moscou s’opposent sur le sort politique à réserver à Bachar el-Assad.

Les premières frappes russes, entamées le 30 octobre, qui ciblaient en priorité des opposants au président syrien, négligeant les combattants de l’EI, n’ont rien fait pour renforcer la confiance entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide. L’attentat contre l’Airbus, dont le Kremlin a tardivement reconnu le caractère terroriste, en même temps que les attaques parisiennes, a opportunément relancé le projet.

Moscou voit désormais en Paris un allié de choix, d’autant que l’UE dans son ensemble a apporté son soutien à l’initiative franco-russe. Il se concrétise notamment par les engagements militaires de Londres et Berlin, engrangés ces derniers jours. Un ralliement qui permet à la Russie, au moins symboliquement, de faire contrepoids à l’influence américaine.

Mardi, Barack Obama a réitéré son exigence de voir le leader syrien quitter le pouvoir, compliquant tout rapprochement russo-américain sur le plan militaire. Washington se dit prêt à une coopération avec son rival russe, à condition que celui-ci vise en priorité l’Etat islamique. Cette critique est repoussée par le Kremlin. Moscou reproche aux Etats-Unis de ne pas vouloir communiquer à ses forces la liste des cibles «terroristes» que ces dernières se disent prêtes, le cas échéant, à bombarder.

Dans ces conditions, l’idée d’un partage des missions militaires – aux Etats-Unis la responsabilité de l’Irak, à la Russie celle de la Syrie –, un temps évoquée à Moscou, paraît condamnée. Paris en est désormais réduit à chercher des «modalités de coordination» avec la Russie.

Les chefs d’état-major russe et français se sont téléphoné. L’armée française reprend à son compte le terme de «déconfliction», concept militaire déjà évoqué par le Pentagone et qui vise à éviter les incidents aériens comme le crash du chasseur russe Sukhoï-24, provoqué par un tir de missile turc.

Cette coopération a minima pourrait être compliquée par la décision russe de déployer à Lattaquié – le fief de Bachar el-Assad – des systèmes S400 de défense antiaérienne, dotés d’une fonction antimissiles. Une initiative prise au lendemain de l’incident russo-turc.

Le déploiement de ces engins mobiles pourrait sérieusement compliquer le déploiement, en Syrie, d’avions de la coalition internationale. Le Figaro

 

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