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«Ce cadre imposant invite à l’humilité»

Ouverture, hier, de la cinquantième législature et baptême du feu pour le nouveau conseiller national du Jura bernois Manfred Bühler

Manfred Bühler (au centre, au 2e rang depuis derrière) a prêté serment hier avec ses collègues lors de la cérémonie d’assermentation conduite par Luzi Stamm, le doyen de fonction du Conseil national. Stéphane Gerber

Propos recueillis par Philippe Oudot

Il y avait foule, hier, dans la salle du Conseil national et dans les tribunes réservées au public, en ce premier jour de la nouvelle législature – la 50e de la Suisse moderne. Et pour beaucoup, à l’instar du Jurassien bernois Manfred Bühler, cette journée d’hier avait une saveur toute particulière, puisque c’était la première fois qu’il enfilait son costume de conseiller national.

Manfred Bühler, quelle a été votre première impression aujourd’hui (réd: hier) en entrant pour la première fois par la grande porte dans ce Palais fédéral?

Ce sont des lieux majestueux et impressionnants! On prend mieux la mesure de l’importance de la charge qui nous attend au cours de cette législature.

Cette cérémonie d’assermentation est-elle comparable à celle que vous avez vécue au Grand Conseil?

Disons que les principes en sont les mêmes. Tous les élus prêtent serment en même temps. Dans ce sens, il n’y a rien de nouveau. Par contre, le cadre de cette magnifique salle du Conseil national donne une tout autre dimension à cette cérémonie. Cette touche de prestige supplémentaire vous invite à davantage d’humilité.

Santé! Quelques-uns des membres du comité de campagne de Manfred Bühler lèvent leur verre en l’honneur de leur champion.

Vos huit collègues de l’UDC bernoise vous sont forcément proches. Et parmi les 65 membres du groupe, en connaissez-vous beaucoup?

J’en ai sans doute déjà rencontré un bon tiers à diverses occasions, en particulier lors d’assemblées du parti. Il y en a donc encore quelques dizaines dont j’aurai le plaisir de faire tout prochainement la connaissance. Dans ce cénacle, il y a beaucoup de gens intéressants, doués dans leur domaine respectif, qui ne siègent pas dans cette salle par hasard. Je me réjouis donc de mieux les connaître et de travailler avec eux.

Avez-vous déjà eu des séances du groupe UDC avant cette première journée?

Oui, nous avons déjà eu trois séances, afin de préparer les affaires courantes. C’était d’ailleurs très particulier, car les conseillers nationaux qui se sont retirés – dont Jean-Pierre Graber – étaient aussi présents. Pour le Jura bernois, c’était donc un moment assez symbolique puisque notre région était représentée par deux conseillers nationaux!

Et comment le nouvel élu que vous êtes a-t-il été accueilli par ses pairs?

Très chaleureusement! J’ai reçu beaucoup de félicitations pour mon élection. J’ai aussi constaté qu’auprès de nombre de collègues, ma présence en tant qu’élu bernois – mais francophone – suscitait un intérêt particulier. C’est sans doute un plus, qui permet de nouer plus facilement des contacts.

Dans le saint des saints Manfred Bühler fait ses premiers pas dans la salle du Conseil national pour rejoindre son fauteuil.

Un des temps forts de votre première session parlementaire sera sans doute l’élection du Conseil fédéral, la semaine prochaine. Avez-vous déjà discuté de votre stratégie au sein du groupe UDC? Ferez-vous bloc derrière un de vos trois candidats, ou est-ce plus ouvert?

Nous avons bien sûr longuement discuté de notre stratégie, mais nous allons sans doute encore l’affiner à la veille du jour de l’élection, le 9 décembre. Cela dépendra aussi de ce que décideront les autres partis.

Personnellement, qu’attendez-vous de cette première session?

Vous savez, je vais rester discret, comme un nouveau venu qui regarde comment tout cela se passe. Je ne suis pas du genre à venir avec mes grands pieds et à vouloir m’imposer d’emblée. C’est aussi comme cela que j’ai entamé mes mandats politiques précédents, aussi bien au Conseil municipal de Cortébert qu’au Grand Conseil. Je vais prendre mes marques pour pouvoir ensuite m’engager pleinement.

Cadeau Ce pavé aux couleurs bernoises va prendre place sur le pupitre du nouveau conseiller national. Photos Stéphane Gerber

Vous êtes-vous préparé d’une manière particulière pour cette session?

J’ai pu profiter du soutien de collègues, et surtout du secrétariat du groupe UDC, qui est très efficace et qui met à disposition des membres tout le soutien dont nous avons besoin. Pour le reste, avec la session du Grand Conseil de novembre à laquelle j’ai encore participé, je n’ai pas eu beaucoup de temps de préparation. Je vais donc prendre les choses comme elles viennent, de manière assez spontanée, sans me prendre la tête.

Le Conseil national est un parlement de milice, mais la charge de conseiller national est très lourde. Comment allez-vous concilier ce mandat avec votre profession d’avocat?

Eh bien, en continuant de travailler à temps partiel, comme c’est le cas depuis ma campagne pour l’élection au Conseil exécutif, en 2014, et cette campagne pour le Conseil national.

Vous avez reçu un pavé aux couleurs bernoises en guise de cadeau...

Oui, mes amis du comité de campagne, qui m’ont accompagné pour cette journée particulière, me l’ont offert. C’est un cadeau qui est chargé de symboles. D’une part, il signifie que je suis un des 25 élus bernois au Conseil national. Et d’autre part, il montre que le Jura bernois fait partie intégrante de ce canton, mais aussi que nous tenons à l’unité de notre région. C’est donc aussi en quelque sorte un clin d’œil en vue des échéances à venir et des futurs votes communalistes.

Priorité au respect

Dans un fauteuil... 

Pour la conseillère nationale PLR bernoise Christa Markwalder, «l’affaire kazakhe» d’il y a quelques mois n’est plus qu’un mauvais souvenir. Hier, ses pairs l’ont élue sans problème au perchoir de la Chambre basse, par 159 suffrages, alors que la majorité absolue était de 92 voix.

Dans son allocution, la première citoyenne du pays a dit vouloir placer sa présidence sous le signe du respect – mot qu’elle a prononcé dans les quatre langues nationales. «Le respect envers ce qu’ont accompli nos ancêtres, qui ont fait d’un pays pauvre une Suisse prospère, et respect face à ce que nous avons à accomplir pour faire avancer notre pays. Et cette valeur, qui est à la base de notre succès, commence ici, dans cette salle», a-t-elle affirmé.

Et pour illustrer la diversité du pays, elle-même et trois collègues issus de quatre partis politiques différents ont formé un quatuor à cordes qui a interprété plusieurs œuvres d’Antonin Dvorak: «En musique, c’est comme en politique, il faut jouer à la bonne cadence et trouver le ton juste. Le ton fait la musique, mais le ton fait aussi la politique», a-t-elle souligné.

De gros défis

Christa Markwalder a souligné que cette 50e législature serait exigeante aussi bien en matière de politique extérieure qu’intérieure, avec des dossiers de plus en plus interdépendants. Faisant allusion aux attaques terroristes de Paris, elle a souligné que «la meilleure réponse qu’on peut apporter à ceux qui s’en prennent ainsi à nos sociétés, c’est de continuer à défendre nos valeurs». pho

 

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