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Canton de Berne

«C’est aujourd’hui qu’il faut agir!»

Avec son staff, Pierre Alain Schnegg a brossé un état des lieux des chantiers en cours au sein de sa Direction. Son objectif: maintenir les acquis dans la santé et le social, mais à un coût supportable.

Entouré d’une partie de son staff, Pierre Alain Schnegg a fait le point sur les nombreux chantiers en cours dans sa Direction. Ph. Oudot

Par Philippe Oudot


Ce ne sont pas les défis qui manquent au sein de la Direction de la santé publique et de la prévoyance sociale (SAP). Qu’il s’agisse de la stratégie de la santé, du virage ambulatoire auquel font face les hôpitaux, de la stratégie numérique, du nouveau modèle d’aide pour les personnes handicapées, de la restructuration du domaine de l’asile ou encore de l’introduction de bons de garde pour l’accueil extra-familial des enfants. Hier, accompagné d’une bonne partie de ses chefs de service et de ses cadres, Pierre Alain Schnegg a dressé un état des lieux de ces différents dossiers.

Comme l’a souligné le conseiller d’Etat, la SAP s’est attaquée à une refonte du système, car il y a urgence. L’objectif de tous les chantiers en cours est «de paver le chemin pour les générations à venir, afin que celles-ci puissent profiter encore, dans 10 ou 20 ans, des acquis sociosanitaires dont nous bénéficions et recourir à des prestations de qualité et économiquement viables». En clair: tout doit être entrepris pour réduire la spirale des coûts.

Aide sociale dans le viseur
Un des projets qui a fait couler beaucoup d’encre est celui de la révision de la loi sur l’aide sociale (LASoc). Pierre Alain Schnegg l’a répété: «Il faut l’adapter pour encourager les bénéficiaires à prendre leur destin en main. Exercer une activité lucrative doit donc être plus attrayant que percevoir l’aide sociale, ce qui n’est pas assez le cas.» Voilà pourquoi la loi approuvée par le Grand Conseil prévoit de réduire de 8% le montant du forfait pour l’entretien avec, en contrepartie, une hausse du supplément d’intégration et de la franchise sur le revenu.

A l’adresse de ceux qui jugent cette mesure intolérable, il a objecté que la réduction ne concernait que le forfait d’entretien, les autres prestations n’étant pas touchées. «De facto, la diminution porte sur à peine plus de 2,5% des fonds dédiés à l’aide sociale», a-t-il insisté. Et si le canton et les communes verront chacun leur facture allégée de cinq millions, «une partie du solde sera réinvestie dans les mesures d’intégration».

Des millions de plus
Pierre Alain Schnegg a aussi évoqué le projet populaire concernant cette loi sur lequel les Bernois voteront le 19 mai prochain. Celui-ci entend notamment annuler la baisse du forfait pour l’entretien et soutenir plus généreusement les bénéficiaires de plus de 55 ans. Il a mis en garde sur le coût de ces mesures, qui se chiffrerait en millions, tant pour le canton que pour les communes, selon les évaluations de la SAP.

Dans le domaine de la santé, le conseiller d’Etat a insisté sur la nécessité d’adapter le système aux besoins de la population. «C’est aujourd’hui qu’il nous faut agir pour assurer l’avenir!» Il a cité plusieurs projets en cours, dont le dossier électronique du patient. Créée à l’initiative de Berne et Zurich, la société Axsana SA va proposer une vaste palette de services. D’autres cantons ont rejoint le projet qui, pour l’heure, couvre une population de 3,8 mios d’habitants, et 13 000 organisations de santé.

Pierre Alain Schnegg a encore évoqué un autre défi majeur – celui de l’évolution démographique. «D’ici une vingtaine d’années, le canton comptera quelque 100 000 seniors de plus de 80 ans. C’est une réalité à laquelle les institutions sociosanitaires doivent se préparer, et cela nécessite la collaboration de tous, au-delà des frontières partisanes et des intérêts particuliers.»

Le patron de la SAP a enfin fait référence au projet de Centre hospitalier de Bienne SA, qui planche sur la construction d’un nouvel hôpital. Un projet que la SAP appuie, car «il est essentiel d’axer les structures et les processus sur l’avenir».

 

Coup de projecteur sur les projets en cours

- Stratégie de la santé Après avoir dressé l’état des lieux du système de santé, la SAP a déterminé les objectifs. Avec l’appui d’un groupe de pilotage qui comprend des partenaires externes (hôpitaux, médecins en cabinet), plusieurs éléments ont été définis. Il s’agit, notamment, d’offrir à la population un système de santé conforme à ses besoins et finançable;de favoriser les innovations, qu’elles soient d’ordre médical, technique ou méthodologique; d’affecter les ressources en veillant à modérer la croissance des coûts; de veiller à offrir des conditions de travail attrayantes pour avoir suffisamment de personnel qualifié. Cette stratégie devra être consolidée avant l’été 2019, et le Grand Conseil en prendra connaissance en septembre 2020.

– Stratégie numérique Pour la SAP, la numérisation tient un rôle central. Plusieurs projets sont en cours. Avec un groupe de cantons, la SAPparticipe au développement d’une application servant à vérifier et à facturer la participation des pouvoirs publics aux frais d’hospitalisation. Il entrera en service en mars pour les hospitalisations extra-cantonales, puis dans le courant de l’année pour les autres. D’autres projets arrivent à bout touchant dans le domaine social, avec un système de gestion électronique des bons de garde et de décompte des besoins individuels des personnes handicapées. 

- Virage ambulatoire Le domaine hospitalier est à l’aube de changements en profondeur. Depuis le 1er janvier, six groupes d’interventions chirurgicales ne sont pris en charge par l’assu-rance obligatoire de soins que s’ils sont pratiqués en mode ambulatoire. Et avec les progrès de la médecine, le potentiel ambulatoire est loin d’être épuisé. De quoi plonger les hôpitaux dans de sérieuses difficultés, car ils ne sont pas prêts pour un tel transfert, et le personnel ne peut pas être transféré aux soins ambulatoires sans être préparé. Il faut également que les autres acteurs – en particulier les médecins en cabinet privé – soient impliqués, car ce sont eux qui adressent les patients aux hôpi-taux. Pour s’y préparer, la SAPa constitué un groupe de suivi chargé de proposer des solutions viables pour tous.

- Bons de garde En matière d’accueil extra-familial, Berne joue les pionniers. Dès le mois d’août, les communes pourront remet-tre des bons de garde, cofinancés par le canton, pour la prise en charge des enfants. Amoyen terme, l’offre doit permettre de couvrir la demande et sera abordable pour les parents. De quoi leur permettre de mieux concilier vie professionnelle et familiale.

- Asile et réfugiés Ce domaine est en cours de restructuration. La SAPdevrait s’occuper des questions liées à l’aide sociale, et la Direction de la police de l’exécution des décisions de renvoi. La loi sur l’aide sociale dans le domaine de l’asile devrait entrer en vigueur le 1er juillet 2020. La SAP veut intégrer plus rapide-ment dans une formation professionnelle ou sur le marché pri-maire du travail les personnes admises à titre provisoire et les réfugiés reconnus. Elle veut aussi intensifier la coopération avec les milieux économiques et les bénévoles, améliorer l’héberge-ment, rendre les coûts plus transparents et sensibiliser au rapport coût-efficacité. Pour trouver des partenaires en charge opérationnelle de l’intégration, un appel d’offres a été lancé. La SAP adjugera le marché ces prochains mois.


 


Aide en faveur des adultes handicapés

Si la SAP veut continuer à laisser aux personnes concernées le libre choix de leur logement – en institution ou à domicile –, elle entend revoir et intensifier le pilotage financier en le rendant plus souple et plus transparent. Il arrive trop souvent qu’elles choisissent d’entrer en institution uniquement parce que le canton prend en charge les prestations fournies. Dans ce contexte, la SAPa lancé un projet pilote pour tester le concept de financement dans les institutions auprès des personnes vivant à leur domicile. Les premiers échos sont positifs. La mise en œuvre de ce projet nécessiterait toutefois une réforme en profondeur pour éviter une explosion des coûts. Cela passe notamment par l’introduction d’un catalogue de conduite efficace pour les prestations financées par le canton.

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