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Bienne

Des saunas lacustres

L’idée de proposer des saunas sur le lac se concrétise. Cette activité importée de Suède devrait être proposée à Nidau et Cerlier dès l’année prochaine. Une aubaine pour le tourisme hivernal.

Illustratin Helena Nidecker

Hanna Frei, traduction Marcel Gasser

En été, les lacs de Bienne et Neuchâtel sont fort appréciés des amateurs de baignade et de voile. Mais entre novembre et mars, les touristes désertent la région. Dès l’hiver 2019, cela pourrait bien changer grâce à une initiative d’Helena Nidecker, constructrice de bateaux à Cerlier, et Sebastian Schoop, charpentier à Bienne. Pour attirer du monde sur nos rives durant les mois d’hiver, ils ont en effet imaginé d’y installer des radeaux-saunas, un projet-pilote unique en Suisse.
Ils sont persuadés qu’il existe un marché pour ce genre d’activités. «Avec ses vignes et la chaîne du Jura pour décor, le Seeland s’y prête parfaitement, même en hiver», estime Helena Nidecker.

Une idée suédoise
«En Suède, les saunas sur radeau existent depuis longtemps», raconte Helena Nidecker, qui possède la double nationalité et séjourne souvent dans le Nord. «Là-bas, les gens adorent se tenir au chaud, admirer le paysage, puis se plonger directement dans les eaux froides du lac. C’est une expérience unique, une manière de communier avec la nature», poursuit-elle.

Six à huit personnes peuvent se tenir dans un tel sauna flottant. Le radeau mesure six mètres sur quatre, et le sauna lui-même 2,5 mètres sur quatre. Helena Nidecker et Sebastian Schoop mettent un point d’honneur à utiliser du bois de la région. En janvier, ils ont d’ores et déjà acheté des mélèzes et des pins de Jolimont, qu’ils ont tronçonnés et préparés directement sur place. Le bois doit sécher une année avant d’être utilisé pour la construction des radeaux.

Trois radeaux sur deux lacs
Il est prévu d’installer deux radeaux sur le lac de Bienne et un sur le lac de Neuchâtel. Les emplacements ne sont pas encore définis. Les eaux lacustres faisant partie du territoire cantonal, l’utilisation de leur surface requiert une autorisation du canton. Pour la planification, en revanche, ce sont les communes qui sont souveraines. «C’est un processus long et décourageant, j’ai failli tout abandonner», reconnaît Helena Nidecker.

Sur le lac de Bienne, trois sites potentiels ont été retenus: le débarcadère de Cerlier, le port de petite batellerie de Nidau et la plage de Bienne. «A Neuchâtel, les gérants du restaurant Bains des Dames sont d’ores et déjà partants, et l’endroit a de bonnes chances d’obtenir l’autorisation, car il dispose déjà d’une concession pour le ski nautique», explique-t-elle. «A Nidau, on clarifie encore ce qui est du ressort communal et cantonal, mais si nous trouvons des gérants, plus rien ne devrait entraver l’installation d’un radeau-sauna à Nidau», poursuit-elle. A Cerlier, la situation est différente. Jadis, pour des projets de construction dans la zone des rives, la commune ne devait pas soumettre au canton son plan d’affectation des eaux. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Cerlier a donc intégré le futur radeau-sauna dans le nouveau plan de zone que la commune défendra auprès des autorités cantonales. Là aussi, Helena Nidecker a déjà trouvé des personnes pour gérer le sauna en hiver. Durant l’été, l’installation sans sauna pourrait servir de simple radeau de baignade.

Un atout pour la région
Le projet d’Helena Nidecker s’inscrit parfaitement dans la Nouvelle politique régionale (NPR) pour le Seeland et trouve  un écho très favorable auprès de la Direction cantonale de l’économie publique, qui se dit prête à le soutenir financièrement.
De son côté, l’association Tourisme Bienne Seeland cherche depuis 2014 des projets de privés et d’entreprises qui répondent aux critères de la NPR. Helena Nidecker, qui siégeait alors au Conseil municipal de Cerlier, avait eu vent de ces opportunités. Et comme l’idée de ses saunas flottants lui trottait dans la tête depuis un bon bout de temps, elle a tenté sa chance et soumis son projet à la commune. Le radeau-sauna répond à tous les critères: il apporte directement ou indirectement une plus-value à la région, il accorde une place importante au tourisme et il est à la fois novateur et durable.

Du coup la Beco lui a apporté une aide de 180 000 fr., un geste auquel même les principaux intéressés ne s’attendaient pas. Helena Nidecker et Sebastian Schoop n’entendent pas forcément faire de l’argent avec ce projet de sauna sur radeau. «Nous les mettons gratuitement à la disposition de ceux qui les gèrent», commentent-ils. Un cadeau de leur part qui, ajouté à celui de la Beco, devrait motiver les futurs exploitants.

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