Double échec et nouvelles divergences

Didier Nieto

C’est un double non clair qui est sorti des urnes hier. Les Biennois ont largement rejeté les deux variantes du Budget 2016 proposées par le Conseil municipal. La première – 59,5% de non – prévoyait un déficit de 2,9mios avec une augmentation d’impôts d’un dixième (à 1,63). La seconde – 73,1% de non – tablait sur un bénéfice de 250000fr. grâce à une hausse d’impôts supplémentaire (à 1,68). En contrepartie, elle réintroduisait des subventions pour la ludothèque, la Colonie des cygnes et les camps de ski (40000fr. chacun). Dans la question subsidiaire censée départager les deux scénarii en cas de double oui, les Biennois ont privilégié le premier: 67,4% contre 32,6% des voix pour le second.

Les deux autres objets soumis au vote ce week-end ont été acceptés sans encombre par la population (voir ci-dessous). Le taux de participation est famélique: 29,9%.

«Pas de surprise»

«Je regrette le refus du budget, mais il ne me surprend pas», a commenté la directrice desFinances Silvia Steidle (PRR). «Une hausse d’impôts a besoin du soutien massif de tous les partis pour convaincre la population, ce qui n’était pas le cas», a-t-elle poursuivi, en pointant du doigt la campagne contre le budget menée par la gauche et le comité «Bienne pour tous».

«Cette opposition et l’augmentation d’impôts ont conduit ensemble à l’échec du budget.»
Conséquence: Bienne commencera 2016 avec un budget d’urgence. Une situation déjà vécue l’année passée suite à l’échec du Budget 2014. «Seules les dépenses indispensables au fonctionnement de la ville seront consenties, hormis celles liées à des contrats ou imposées par la loi», a expliqué Silvia Steidle.
Le Conseil municipal doit donc se pencher sur une deuxième mouture du budget. «Elle devrait se baser sur la variante I. Les résultats du scrutin montrent qu’il faut réfléchir dans ce sens. La variante II doit être abandonnée.»
Une nouvelle votation aura probablement lieu au mois d’avril.

«Il faudra trouver un compromis pour obtenir l’aval du Conseil de ville et de la population. La difficulté sera de gagner le soutien de la gauche sans perdre celui de la droite.» La libérale-radicale a d’ores et déjà invité «les gagnants à faire un pas en avant et les perdants à accepter la main qui leur sera tendue».

Interprétations différentes

La mission du Conseil municipal s’annonce ardue. Les différents partis politiques ont interprété l’issue du scrutin de manière très différente hier. Au centre et à droite, la déception était grande.

«Le Budget 2016 était un bon compromis dans lequel les mesures d’économies et la hausse d’impôts étaient équilibrées», a réagi Dennis Briechle, président des Vert’libéraux. Le PVL, le FDP, le PRR, le PBD, le PPB, le PDC et l’UDF avaient mené ensemble une campagne en faveur des deux variantes. Dans un communiqué commun, ils constatent que «de nombreux Biennois ne sont pas prêts à payer plus d’impôts».

«La question subsidiaire montre bien que cela pose problème», a ajouté Daniel Suter (PRR). Par conséquent, l’alliance des partis demande que la nouvelle mouture du budget comprenne une variante sans hausse d’impôts.

Elle ne rejette cependant pas les arguments de la gauche dans l’échec du budget. «Il n’est pas exclu de reconsidérer ses exigences concernant notamment les subventions aux institutions. Mais il faudra de vraies bonnes raisons. Et il s’agira de discuter au cas par cas, et non sous la forme d’un bloc à prendre ou à laisser comme lors du débat au parlement», a relevé Peter Bohnenblust (FDP)

Pour l’UDC, qui avait appelé à accepter uniquement la variante1, il n’est plus question non plus de défendre une hausse d’impôts. «Il est maintenant évident qu’elle n’a aucune chance de passer. Il faut d’abord s’atteler à réduire les dépenses pour assainir les finances», a lâché la conseillère de ville Sandra Schneider.

«Signe clair et net»

A gauche, le discours était évidemment tout autre. Parlementaire écologiste et fer de lance du mouvement «Bienne pour tous», Fritz Freuler ne cachait pas sa joie. «Ce refus est un signe clair et net contre la politique d’austérité. Nous maintiendrons la pression pour rétablir les subventions aux institutions et les prestations à la population. Mais il faudra négocier avec les partis de droite afin de trouver un compromis.»

Pour la gauche, une hausse de la quotité d’impôt d’un dixième au minimum doit être maintenue dans la deuxième mouture. «C’est le point central du programme d’assainissement», a relevé Fritz Freuler.

«Il est tout à fait possible de faire accepter une hausse d’impôt. Le passé l’a prouvé. La population est prête à payer plus, mais seulement si elle ne reçoit pas moins en même temps», a défendu pour sa part Franz-Dominik Imhof, co-président du Parti socialiste.

Implantation de Mikron et rénovation du home Cristal largement approuvées

Mikron  Les Biennois ont plébiscité l’implantation de l’entreprise Mikron Agie Charmilles SA aux Champs-de-Boujean. Ils ont massivement approuvé (90,1%) l’octroi en droit de superficie d’une parcelle de 28500m2 située à la rue Elise-Wyllard à l’entreprise. La filiale de Georg Fischer Machining solutions compte y regrouper ses activités – réparties entre Nidau, Ipsach et Luterbach (SO) – dans le secteur du fraisage et des machines laser entre autres.

Quelque 460 places de travail – dont une centaine nouvellement créées – seront proposées. «Un résultat très important pour le développement économique de Bienne», a commenté le maire Erich Fehr. Pour la Ville, cette opération représente des gains comptables de près de 5,3mios de francs.

Mikron prévoit de construire un nouveau bâtiment sur la parcelle. Elle a désormais deux ans pour demander un permis de construire et 18 mois supplémentaires pour démarrer le projet.

Le projet provisoire du bâtiment que Mikron Agie Charmilles SA prévoit de construire aux Champs-de-Boujean. LDD
 
Home Cristal Les ayants droit ont également accepté à une très large majorité (91,5%) de modifier partiellement le plan d’alignement de la zone où se situe le home Cristal (chemin de Cerlier).

Ce changement autorise la construction d’un nouveau bâtiment de quatre étages qui remplacera l’EMS actuel. Ce dernier, érigé en 1970, ne répond plus aux normes.

Le nouvel immeuble pourra accueillir 72 résidents (contre 43 actuellement). Il comprendra aussi 24 appartements pour seniors et un restaurant public avec une salle commune.

Les travaux, devisés à 35 millions de francs, seront partiellement financés par la fondation Logements pour personnes âgées (Flopa), affiliées à la Ville. La reconstruction devrait être achevée d’ici mi-2018.