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Bienne: consommation

En l’absence de capitaine, le foodsharing a coulé à Bienne

Lancé l’année passée, le projet de partage de nourriture n’a jamais été concrétisé

Les frigos publics n’ont jamais été installés dans les rues de Bienne. Keystone

(est-mg) Le projet de foodsharing à Bienne partait d’un bon principe: éviter le gaspillage de nourriture en offrant à autrui celle que l’on ne consomme pas au lieu de la jeter. Il était prévu d’installer des réfrigérateurs, dans lesquels les gens pourraient soit se servir, soit déposer leur superflu.

En mai 2015, un groupe de sept bénévoles s’était formé sous le nom de Foodsharing Bienne et avait annoncé le démarrage imminent de ce programme. Bienne serait l’un des maillons du réseau foodsharing européen, qui met à disposition non seulement des réfrigérateurs, mais aussi une plateforme en ligne, sur laquelle chacun peut offrir des denrées alimentaires.

Histoire d’un fiasco

Comme la communauté foodsharing avait rencontré un franc succès en Allemagne, on avait logiquement pensé qu’il en irait de même à Bienne. L’année passée, la page Facebook de Foodsharing Bienne semblait confirmer cette tendance, avec ses plus de 1000 likes et une myriade de bénévoles potentiels. Le foodsharing semblait promis à un bel avenir. Mais une année plus tard, le constat est sans appel: le projet n’a jamais été réalisé.

Sur Facebook, Foodsharing Bienne ne donne quasiment plus signe de vie. Les frigos n’ont jamais été installés et l’équipe qui s’était constituée autour de Patrick Pulver, l’initiateur du projet, s’est dissoute. Il y a quelques semaines, un internaute a demandé si Foodsharing Bienne existait encore, et il a obtenu cette réponse laconique: «Plus vraiment».

Tout a commencé avec la maladie de Patrick Pulver, qui a retardé les débuts du projet. Puis il est devenu papa, s’est retiré du projet, et celui-ci a été abandonné. La seule personne encore active est Gabi Gäumann, qui administre la page Facebook. «Ce serait bien si cette idée pouvait quand même se concrétiser. Je donnerais volontiers un coup de main, mais toute seule je ne peux pas faire grand-chose», explique-t-elle par écrit.

Une réponse qui ne manque pas de surprendre, car sur Facebook plusieurs personnes proposent leur aide. Un groupe qui se fait appeler «Les bénévoles du foodsharing Bienne» compterait même neuf membres.

Recherche repreneur

Qu’en pense Gabi Gäumann? En quelques lignes, elle répond qu’actuellement elle n’est pas au mieux, qu’elle n’est plus en mesure de poursuivre ce projet et qu’en fait, si quelqu’un s’y intéresse, il peut s’annoncer sur Facebook, auquel cas «elle lui confierait directement l’administration et il pourrait poursuivre l’aventure comme bon lui semble». Il ressort donc de cette réponse que ce ne sont pas les bénévoles qui manquent, mais des personnes susceptibles d’assumer la mise en place.

La ville de Berne est d’ailleurs la preuve que ce modèle de réfrigérateurs publics et de plateforme en ligne peut marcher. «Ici, le foodsharing se développe lentement, mais sûrement. C’est très bien ainsi, nous ne souhaitons pas nous coller trop de choses sur le dos», déclare Janine Jungo, déléguée de Foodsharing Berne. Ils sont à peu près 60«foodsavers» à participer. La nourriture provient entre autres de sept entreprises actives dans l’alimentation.

A Berne, le foodsharing a profité de la présence de «Bern isst Bern», un projet qui existait avant lui et qui installait déjà des frigos publics que les deux mouvements utilisent aujourd’hui conjointement. Foodsharing Berne n’a pas de problème pour trouver des bénévoles, qui se recrutent grâce au bouche-à-oreille.

Selon Janine Jungo, les denrées trouvent rapidement preneurs. Une année après son introduction à Bâle, Zurich, Lucerne et Zoug, le mouvement foodsharing a trouvé son public. Il n’y a guère qu’à Bienne où le mouvement doit d’abord être sauvé de lui-même.

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