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Bienne

«J’aime les tout petits bonheurs»

Alain Morisod et les Sweet People se produiront au Palais des Congrès le 11 décembre lors d’un concert de Noël. L’occasion pour le Genevois de revenir sur sa carrière et son succès auprès du public romand.

Alain Morisod a perdu son père à l’âge de 9 ans. Il dit ne pas en avoir souffert grâce à son «incroyable maman» qui a tout mis en œuvre pour qu’il ait une enfance heureuse et joyeuse. C’est elle qui l’a incité à faire du piano. Keystone

Marjorie Spart

Lorsque l’information est arrivée, elle laissait présager la fin d’une histoire. En annonçant sa venue à Bienne, Alain Morisod évoquait dans un communiqué une «tournée d’adieu». La fin de l’aventure du Genevois et de ses Sweet People aurait-elle sonné? Le musicien populaire préféré des Romands se serait-il lassé de la scène? «Pas du tout!», réfute-t-il avec véhémence.

Pour achever de nous convaincre, il n’a pas hésité à faire le déplacement à Bienne, plusieurs semaines avant son concert, pour évoquer sa carrière, ses succès et sa passion toujours intacte pour ses activités sur scène. Pourquoi parler alors d’une tournée d’adieu?

«En fait, les concerts de Noël que nous donnerons au mois de décembre seront les derniers dans notre formation actuelle. Notre musicien Jean-Jacques Egli a en effet décidé de nous quitter. Mais nous poursuivrons nos activités musicales! Pour cela, nous devrons simplement nous réorganiser», explique Alain Morisod.

Un hyperactif
Sa flamme musicale, son goût pour les planches, son intarissable envie de partager avec le public, comme il le dit, lui permettent d’avancer sereinement dans le sillon du succès qu’il s’est creusé dans le paysage romand au fil de ses 45 ans de carrière. Et d’avoir mille projets en tête. «J’ai besoin d’avoir des projets pour pouvoir avancer. Ceux-ci doivent être concrets, accessibles et réalisables rapidement. Je suis plutôt bon dans l’urgence», sourit-il.

Et ce touche-à-tout déborde d’activités en cette période de l’Avent. Le 26 novembre, il sortira un nouvel album intitulé «La route m’a donné rendez-vous». Il prépare également une plaquette de ses tournées, mais surtout, il sillonnera la Suisse romande pour une série de concerts de Noël. Il fera escale au Palais des Congrès de Bienne le 11 décembre.

Un rendez-vous dont il se réjouit particulièrement: «J’adore la période des Fêtes. Lors de ces concerts, je peux introduire des musiques de Noël fédératrices que les gens ont envie d’entendre», confie l’artiste qui martèle qu’il adore faire plaisir aux autres.

Liens avec ses fans
Pour lui, les Fêtes sont synonymes d’ouverture, de convivialité et de partage. D’ailleurs, le pianiste adore ces instants de connivence qu’il instaure sur scène avec le public. Se dévoiler un peu, une démarche qui fait grimper en flèche son capital sympathie auprès du public. Et celui-ci, suite aux anecdotes personnelles qu’il raconte, n’hésite pas à le couvrir de cadeaux.

«Un jour, j’ai évoqué ma collection de santons représentant le roi Melchior. Depuis ce jour, on m’en offre très souvent», confie-t-il, les yeux pétillants. Il qualifie ces cadeaux et cette chaleur d’autant de petits bonheurs «qui valent bien davantage que le grand bonheur. Je fonds devant ceux qui ont de telles attentions à mon égard.»

Voilà pourquoi il apprécie tellement les rencontres avec le public qu’il réalise après ses spectacles. Le musicien passe entre 30 et 60 minutes auprès de ses fans pour dédicacer des albums, mais aussi juste pour le plaisir de la rencontre. Ainsi, il a tissé certains liens avec des fans de longue date qu’il aime revoir année après année. «Avec certains, nous sommes même devenus plus proches: on se téléphone de temps en temps ou on s’écrit des cartes postales», glisse-t-il.

Un vrai gentil
Comment l’homme de 67 ans, aux 52 albums, aux 20 millions de disques vendus, aux 4000 concerts et aux 110 «Coups de cœurs» sur la RTS est-il resté si abordable et n’a pas pris la grosse tête comme nombre d’autres artistes? «Souvent, c’est l’entourage des artistes qui leur font croire qu’ils ont changé. Moi, j’estime que je suis ‹normal›, ce qui est une qualité. C’est aussi ce qui plaît aux gens.»

Et Alain Morisod de philosopher: «Après notre mort, on ne laisse qu’une impression à la postérité. Alors, j’espère laisser derrière moi une bonne impression.»

Lorsque l’on se trouve en face du pianiste, on a l’impression de rencontrer un «vrai gentil». Un qualificatif qui le fait sourire, car il reflète bien son personnage, même s’il précise être un gentil «qui n’aime pas se faire emmerder». Il avoue même que lorsqu’il est énervé, «ce qui arrive une fois par année environ», il crie très fort.

«Mais je ne m’aime vraiment pas dans cet état-là. Alors, il ne dure pas.» Ce qui a le  don de le faire sortir de ses gonds? «La connerie, la prétention mais surtout l’incompétence m’agacent au plus haut point.» Toutefois, il nuance ses propos en assurant être très malléable, car il déteste les conflits.

Alain Morisod est enthousiaste et positif. «Cela fait 67 ans que je me marre! Et j’ai la chance d’avoir du succès et de pouvoir vivre de ma passion», déclare-t-il. Comblé, il ne cherche pas forcément à atteindre de nouveaux sommets.

Mais il dit avoir encore des attentes. Par exemple? «Pouvoir percer en France. Jusqu’à maintenant, le pays m’est relativement fermé. Je fais des concerts surtout en Alsace. Alors si j’obtenais une reconnaissance en France, ce serait un peu la cerise sur le gâteau pour ma carrière. Voilà un rêve que je caresse encore. Ce serait un aboutissement vraiment sympa.»

Si le musicien est très connu en Suisse, il possède une longue et belle carrière au Québec, où il se produit régulièrement depuis les années 70. Il a d’ailleurs vendu plus de 3,5 millions d’albums dans la Belle province. Et il a mis sur pied une tournée au Canada au printemps prochain.

L’homme ne s’arrête jamais.

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