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Tramlabulle

«La BD est un art à part entière»

La 20e édition du festival a tenu toutes ses promesses, avec quelque 6000 visiteurs

Tramlabulle a connu une très bonne affluence, malgré une météo presque trop clémente. Photos: David Kessi

Pierre-Alain Brenzikofer

Foi de président Cédric Humair, la 20e édition de Tramlabulle a connu un succès éclatant. Malgré ce soleil tout aussi éclatant qui a brillé tout le week-end. Ainsi, près de 6000 convives ont arpenté les couloirs du CIP. Hauts faits d’armes? La présence de Marcelino Truong, qui a littéralement cartonné avec ses deux albums autobiographiques évoquant son enfance au Sud Vietnam et dans le Swinging London (voir notre édition de samedi). La rencontre entre les deux dessinateurs de Vigousse, Barrigue et Pitch Comment, et une bonne quarantaine de réfugiés hébergés à Tramelan s’est également révélée riche en émotions. Une fois de plus, enfin, on a pu constater que les vieux de la vieille Cox et Bédu attirent toujours autant les aficionados, malgré une présence quasi annuelle à Tramelan.

Barrigue lors de la rencontre avec les réfugiés de Tramelan.

«Les auteurs, en tout cas, nous ont fait part de leur vive satisfaction. Même remarque pour les nombreux spectacles et animations qui ont tous fait le plein. Ce qui a permis d’éviter les bouchons aux dédicaces et d’assurer un flux plus régulier», précise le président. Une fois encore, de nombreux invités se sont déjà recommandés pour la 21e édition.

Cédric Humair, par ailleurs, a ressenti une ambiance particulière tout au long de cette édition anniversaire, notamment de la part des nombreux dessinateurs qui tenaient absolument à être associés à la célébration.

«Face aux réfugiés, Barrigue et Pitch Comment ont eu un succès fou, souligne notre interlocuteur. Au départ, leurs invités se demandaient un peu ce qui les attendait. Mais dès qu’ils ont découvert les premières caricatures, ils ont compris où les deux compères voulaient en venir. On a même vu certains réfugiés se munir de papier et d’un crayon pour se mettre à leur tour à caricaturer Barrigue.»

Les auteurs apprécient le contact avec les lecteurs, et comme toujours, les séances de dédicaces ont été très prisées.

Milly entre dans la danse
Ancienne mairesse de Tramelan et membre du comité de Tramlabulle, Milly Bregnard n’a pas hésité, pour sa part, à effectuer quelques pas de danse en compagnie de ces jeunes Syriens vendredi soir.

«La conférence de Marcelino Truong le jeudi restera comme l’un des événements majeurs de cette 20e édition, insiste le président. Tant les auteurs que les visiteurs ont tenu à converser avec lui, mais surtout à acquérir ses livres. Ils étaient nombreux à regretter son absence hier, mais c’était l’anniversaire de sa femme.»

Cédric Humair et son équipe ne sont par ailleurs pas peu fiers d’avoir reçu le Prix culturel de Tramelan. Le président y voit non seulement une reconnaissance pour le festival, mais aussi la preuve que la BD est désormais bel et bien considérée comme un art, et pas simplement comme un amusement pour les enfants: «On a pu le constater avec Marcelino Truong et avec d’autres, la bande dessinée peut aussi aborder des sujets sérieux, graves et rigoureux qui concernent les adultes.»

Les fidèles Belges, auteurs de l’affiche de la 20e édition de Tramlabulle: Jean-Pol, Kox et, derrière, Bédu.

Preuve supplémentaire que Tramlabulle bénéficie d’une reconnaissance peu commune des auteurs, dix dessinateurs qui avaient réalisé une des 20 affiches étaient présents ce week-end: «Oui, ces gens qui s’étaient beaucoup investis pour nous dans le passé tenaient absolument à être présents cette année.»

Tramlabulle, on ne le répétera jamais assez, s’efforce toujours de proposer au public un mélange de nouveaux venus et d’habitués fidèles. Ces derniers, malgré une grande notoriété, n’hésitent jamais à revenir. Corollaire, Cédric Humair et sa troupe ont dû répondre par la négative à plusieurs auteurs, ainsi qu’à quelques animations: «Le CIP était utilisé ce week-end au maximum de ces capacités. Et il n’est évidemment pas question d’aller voir ailleurs.»

Côté ventes d’albums, les chiffres de vendredi et samedi étaient supérieurs à ceux de l’année dernière, qui était déjà une excellente cuvée.

Les animations pour les enfants ont connu un succès énorme. Ici Zébrano, sculpteur sur ballons.

Dans ce contexte, il est évident que la 21e édition est déjà sur les rails, qui se tiendra du 22 au 24 septembre. «Nous avons plein d’idées et plein d’envies, confirme le président. Et nous avons déjà été approchés par de nombreux auteurs. Cette année, dans la sélection, nous avons un peu privilégié les habitués, avec lesquels nous souhaitions fêter cet anniversaire. L’an prochain, nous miserons un peu plus sur les nouveautés. Mais nous nous efforcerons comme toujours d’avoir un bon mélange.»

A ce stade du récit, notre interlocuteur tient à remercier ce public familial, qui constitue l’ossature du festival: «La gratuité nous permet d’attirer des gens qui ne s’intéressent pas forcément à la BD. Les auteurs apprécient également cette situation, qui se solde pour eux par de nouveaux lecteurs. Ce qui n’est pas le cas des manifestations payantes, où les spécialistes forment la majorité des convives.»

Susciter la passion auprès d’un maximum d’enfants et de parents, telle est la vocation de Tramlabulle.

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